Alors que La Grande Nurserie sort dans une version réactualisée, Mathieu Laine présente ce livre choc qui dénonce l’infantilisation des français.
Pourquoi partez-vous en guerre contre les interdits et le principe de précaution ?
Mathieu Laine : Pour combattre une dérive liberticide. Quand on met bout à bout tous les interdits et les opérations de prévention lancées par l’État, il y a de quoi frémir d’autant qu’on nage en pleine hypocrisie. Regardez ce qui se passe dans les entreprises avec l’interdiction de fumer. Après une période d’application, les salariés se rebellent et fument dans les bureaux. L’État nous prend pour des enfants incapables de gérer nos vies et intervient en permanence pour nous dicter notre bonne conduite. Et pour la meilleure raison du monde : notre bien-être.
Fumer tue, manger gras conduit à l’obésité, rouler vite provoque des accidents…
Tout à fait, mais on nage en plein délire hygiéniste et sécuritaire. À mon sens, les pouvoirs publics n’ont pas à dire aux enfants ce qu’ils doivent manger, c’est le rôle des parents. Vous croyez que nos grands-mères avaient besoin de messages d’un haut comité de santé publique pour savoir ce qu’il fallait mettre dans les assiettes ? Autre exemple, les autocollants sur les bouteilles de vin pour déconseiller aux femmes enceintes de boire. On peut supposer qu’une femme en âge de procréer n’a pas 5 ans d’âge mental et prendra soin de son bébé. Or pour quelques cas de comportements irresponsables, toutes les futures mères sont prises pour des écervelées. On a failli aussi avoir une loi d’interdiction de la fessée qui aurait envoyé devant les tribunaux les trois quarts des parents de ce pays. Et que dire des affiches censurées dans le métro de Monsieur Hulot avec sa pipe ou de Gainsbourg et la fumée de sa cigarette. On pourrait aussi interdire le banquet final des aventures d’Astérix, manger un gros sanglier avec des litres de cervoise, ça fait grossir.
Vous expliquez que l’économie est aussi sous l’influence néfaste de ce principe de précaution ?
Oui. Les 95 millions de doses de vaccin contre la grippe A en sont un exemple criant. Combien d’argent dépensé pour que l’État puisse dire : « On vous a protégés » ? Prenez l’interdiction des OGM qui nous fait rater une révolution technologique alors que les États-Unis domineront le secteur. Tout ça pour protéger de risques qui ne sont pas prouvés. C’est ridicule. Le risque zéro n’existe pas et toute l’évolution de l’humanité est le fruit de prises de risque.
Votre livre traite aussi de la crise et de la finance, vous criez haro sur l’État nounou…
Les États se sont lancés dans une politique de dette à outrance en disant au citoyens : « Dormez tranquille, nous vous protégeons. » Fort bien mais il va falloir rembourser un jour prochain et ce sera à nos enfants de payer pour notre protection. Si la Grèce est au bord du dépôt de bilan c’est bien parce qu’elle s’est endettée massivement pour amortir la crise. Quant aux subprimes, qui sont à l’origine de la crise mondiale, on ne dit pas que c’était un système né d’une loi américaine sociale, de 1977, enjoignant aux établissements de prêter à des populations désavantagées. Ça partait d’une bonne intention mais tout a dérapé, les emprunteurs se sont révélés insolvables, les prix immobiliers ont plongé et la crise a frappé. La dictature des bons sentiments peut conduire aux pires résultats. Que ce soit pour l’alcool, les barres chocolatées ou la crise économique.
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