Paul Krugman a tort de demander un nouveau plan de relance

Un plan de relance financé par un immense déficit n’aiderait en rien.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Plan_de_relance_Barack_Obama

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Paul Krugman a tort de demander un nouveau plan de relance

Publié le 27 septembre 2010
- A +

Je ne pouvais laisser ce passer ce billet de Paul Krugman, dans lequel il évoque le sondage réalisé auprès des petites entreprises américaines par la National Federation of Independent Business pour le mois d’août 2010. Krugman fait référence à un article de sa collègue du NY Times, mais il ne s’est même pas donné la peine de consulter le document en question.

Dans son billet, il veut nous faire avaler que les petites entreprises américaines n’embauchent pas car leur plus gros problème est le manque de demande (poor sales), ce qui explique le taux de chômage élevé. Sa conclusion est évidemment qu’il faut que le gouvernement intervienne avec un autre gros plan relance pour stimuler la demande.

Voici le graphique en question :

Après avoir consulté le rapport, j’ai vite constaté, encore une fois, que la thèse de Krugman ne tient pas la route.

Le sondage ne concerne que 874 petites entreprises de 40 employés et moins. Peut-on appliquer les résultats du sondage à l’ensemble de l’économie ? J’en doute, mais comme je ne peux le prouver, donnons-lui le bénéfice du doute.

Le graphique ci-dessus fait référence au « plus gros problème » auquel les entreprises font face. Ce n’est pas la raison principale pour laquelle elles n’embauchent pas, comme l’indique Krugman. Selon moi, il est important de faire la nuance puisque les propriétaires de ces entreprises pensent davantage en termes de profits plutôt qu’en termes de nombre d’employés. Même si les deux sont  liés dans une certaine mesure, il reste que la formulation de Krugman est plutôt fallacieuse, pour ne pas dire malhonnête.

Sur ce graphique, on constate que le pourcentage d’entreprises mentionnant que leur plus gros problème est la faiblesse des ventes est passé d’une moyenne de 12 % à environ 32 %.

Dans le rapport du NFIB, on constate qu’environ 20 % des répondants sont des entreprises œuvrant dans le secteur de la construction. Il est fort plausible qu’elles soient passées d’une situation où la demande est très positive en 2006 à une situation où elle est très faible voire inexistante suite à l’implosion de la bulle immobilière. On peut donc affirmer que l’augmentation de 20 % décrite ci-haut provient essentiellement de l’industrie du bâtiment. La situation décrite par le graphique est donc le résultat d’un problème économique structurel occasionné par la bulle comme l’explique la théorie autrichienne, et non un problème de « demande globale », explication keynésienne.

Cela implique donc que pour ramener le ratio de réponses mentionnant que « la faiblesse de la demande est le plus gros problème » vers sa moyenne historique, le secteur du bâtiment doit reprendre de la vigueur. En quoi un plan de relance pourrait avoir une influence là-dessus ? Il y a déjà des millions de maisons en trop aux États-Unis ; est-il logique de vouloir stimuler une reprise dans la construction résidentielle ?

En revanche, on constate que la règlementation gouvernementale et les taxes/impôts représentent plus de 35 % des réponses ! Le rapport mentionne notamment que les propriétaires d’entreprises sont inquiets des déficits gouvernementaux et des politiques économiques incertaines :

Owners do not trust the economic policies in place or proposed, fear the economic implications of massive deficits and are distressed by global and national developments that make the future more uncertain.

Or, s’il y a quelque chose que le gouvernement peut faire pour améliorer la situation de ces petites entreprises, c’est bien à ce niveau ! Il devrait éliminer l’incertitude liée à ses politiques et réduire le fardeau fiscal et règlementaire des entreprises et des travailleurs. Il devrait aussi maintenir un budget équilibré et si possible réduire sa dette.

Un plan de relance financé par un immense déficit n’aiderait en rien. Il ne ferait que les empirer. On peut donc conclure que Paul Krugman se tire dans le pied en citant ce rapport.

 

Voir les commentaires (10)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (10)
  • Vrai : Krugman est bel et bien un imbécile! On ne compte plus les analyses fallacieuses de ce keynésien rétrograde. Comment a -ton pu lui décerner le prix Nobel à celui-là (comme à Stiglitz)! Je ne comprends pas. Est-ce politique; est-ce que le comité Nobel était alors à l'époque composé d'imbéciles? Je m'interroge.

    • Le comité Nobel n'est pas composé d'imbéciles. Seulement, l'intelligence ne protège pas contre la paresse, la malhonnêteté, la jalousie, la haine, et les biais divers et variés. C'est comme ça que des gens de très haut niveau intellectuel se sont retrouvés dans le parti nazi.

    • Le Nobel récompense des travaux en particulier. Que ses travaux sur le commerce international ait été récompensé n'est en rien une défense de ses positions keynésiennes sur la relance.

      • On peut quand même douter de la qualité de ses travaux… en particulier, au regard des erreurs d’analyse commises par ailleurs par l’auteur. De toute façon, je doute que le comité Nobel ne se fonde réellement que sur un seul article pour attribuer ce prix prestigieux. Je pense que, parfois ou souvent (c’est selon) les motivations sont d’un autre ordre que scientifique pour le prix d’Economie (même si, bien évidemment, on ne peut donner le prix à quelqu’un qui n’a jamais rien produit d’intéressant). Il y a bien une diversité de facteurs influençant l’attribution du Nobel d’Economie, comme le souligne jabial.

  • Le prix Nobel d'économie est un prix éminemment politique. En particulier en Suède il semble naturel de récompenser un économiste "keynésien". Le Nobel d'économie comme celui de littérature n'a à mon sens que celui de signal politique. Il n'a pas de valeur intrinsèque, pas plus qu'une palme d'or à Cannes ne garantit un film de qualité.

  • Je partage l'avis de Lexington : les théories de Krugman sur le commerce international ne sont ni stupides, ni anachroniques. Et ne justifie pas qu'on l'absout de toute erreur sur tout sujet économique.

    Dans un autre style, ce n'est pas parce que Maurice Allais a obtenu le Prix Nobel pour sa théorie des marchés efficients, que ses thèses sur le commerce international ne sont pas critiquables…

  • +1 pour Copeau. C'est bien dommage que l'article et certains commentaires s'abaissent à le traiter d'imbécile, vous diriez surement pas ça si vous aviez étudié un peu ses travaux…

    Ce sont des réactions dignes de communistes =@

  • Il y a une erreur dans votre article.
    " Sur le graphique ci-haut, on constate que le pourcentage d’entreprises mentionnant que leur plus gros problème est la faiblesse des ventes est passé d’une moyenne de 12% à environ 32%, pour une augmentation d’environ 20%."
    L'augmentation n'est pas de 20% mais de 20 points.
    Il s'agit d'une augmentation de 267% !

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Gabriel Attal est à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années, l'économie française est à la peine, ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays vit à crédit. Aussi, la dette extérieure ne cesse pas de croître et atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’être simple, d’autant que, sitôt nommé, il doit faire face à une révolte pa... Poursuivre la lecture

Ce matin, comme chaque jour, j’ai pris le train pour aller travailler. En marchant jusqu’à la gare, j’ai pu voir un graffiti sur un mur : « Travaille, emprunte, consomme, crève », était-il écrit.

Un tag anodin, d’autant que je ne saurais dire depuis combien de temps il était sur ce mur. Loin de toutes les questions de respect du droit de propriété d’autrui, la première réflexion qui m’est venue portait sur l’incroyable contrainte que l’auteur a voulu révéler quant au système capitaliste. « Consomme ».

Ce mot me hantait. Le libér... Poursuivre la lecture

Le « plafond de la dette »

Aux États-Unis, le montant de la dette publique que le gouvernement peut accumuler est plafonné par une limite fixée par le Congrès.

Théoriquement, le but de ce « plafond de la dette » (ou « debt ceiling », en américain) est de s’assurer que le gouvernement n’emprunte pas plus d’argent qu’il ne peut en rembourser.

Ce plafond a été adopté pour la première fois en 1917 pendant la Première Guerre mondiale, et depuis lors, il a été relevé à plusieurs reprises pour tenir compte de l'endettement croissant du... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles