Par Matt Naham (*), depuis les États-Unis.
Le Sénateur Rand Paul continue de gagner en popularité face à la candidate démocrate consensuelle Hillary Clinton dans des États américains hésitants comme le Maine, le New Hampshire et le Colorado.
Un sondage livré il y a deux semaines montre sans surprise que Rand Paul battrait Hillary Clinton dans son État d’origine qu’est le Kentucky par un léger écart de 4 points. (48 contre 44%). Un autre sondage réalisé par Bluegrass révèle également que les efforts envers les minorités entrepris par Paul semblent porter leurs fruits vis-à -vis des Afro-Américains dans le Kentucky. Un compte rendu du Lexington Herald Leader atteste que « 29% des Afro-Américains interrogés se disent prêt à soutenir le candidat affilié au mouvement Tea Party. »
À titre de comparaison, John McCain ne capta que 4% des voix de cette minorité en 2008 et Mitt Romney 6% en 2012. Dans son parcours pour occuper un siège de sénateur en 2010, Rand Paul reçut seulement 13% des voix d’électeurs noirs contre le candidat démocrate J. Conway.
Pourquoi ce soudain gain de notoriété en faveur de Paul est-il apparu ? Eliana Johnson du National Review explique : « L’une des principales révélations des sondages a été cette annonce que 29% des Afro-Américains interrogés supporteraient le sénateur du Tea Party… Cette nouvelle suggère que les tentatives du sénateur visant à se faire accepter par les communautés minoritaires – ses discours à l’Université Howard, à la Chambre hispanique de commerce, sa volonté d’éliminer l’application de sanctions minimales obligatoires dans les cas de délinquances toxicomanes, et bien d’autres initiatives – ont eu un impact. »
Rand Paul a demandé l’an dernier à l’Université d’Howard, « Comment le parti qui a élu le premier sénateur noir, le parti qui compte 20 membres du Congrès noir, est-il devenu celui qui a perdu toute crédibilité auprès de cette communauté ? Comment le Parti Républicain, le Parti d’Abraham Lincoln, a-t-il vu la confiance et la foi qu’une race entière lui accordait décliner ? »
Ces questions aboutissent à des réactions mitigées parmi les critiques. Jennifer Rubin du Washington Post – l’une des plus importantes opposantes à Rand Paul – offre une analyse  positive, saluant Paul comme « une force se devant d’être considérée » que « les liberals et conservateurs ignorent à leur propre risque. »
Le présentateur comique Jon Stewart, quant à lui, perçoit les efforts de Rand Paul comme un essai maladroit et hypocrite – « les Républicains ont délaissé les Noirs, et maintenant ils voudraient se réapproprier leur estime. »
Le seul autre Républicain aux ambitions présidentielles et pouvant amasser le même niveau de voix favorables en provenance de la minorité noire est le gouverneur du New Jersey Chris Christie. Dès 2012, Christie bénéficiait de l’approbation de 31% des électeurs noirs dans cet État, popularité qui ne s’est pas flétrie en 2013.
Rand Paul a également exhorté les Républicains à modérer leur discours sur la race, en particulier en visant Obama. « Il y a des moments où certaines personnes emploient un langage inapproprié, et je ne pense pas que ceci soit exclusif à notre mouvement politique » a-t-il confessé avant de continuer : « J’ai récemment repris quelqu’un pour s’être exprimé de la sorte. Je ne dirai pas de qui il s’agit, mais j’affirme par contre qu’on peut être en désaccord avec le président Obama sans l’insulter. » La personne visée était Ted Nugent, qui, et cela fut découvert en février, a appelé le Président actuel un « sous-homme métissé ».
Cette réaction de Paul à la controverse a plu à la NAACP, qui l’a d’ailleurs invité à discourir en son sein.
Tôt ce mois-ci, Paul a proposé aux Républicains d’adoucir leurs propos concernant l’obligation de présenter un papier d’identité pour voter, une mesure vue comme raciste. Il a toutefois modéré par la suite ses propos.
(*) Matt Naham est un rédacteur en chef associé pour Rare.us.
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Sur le web.
Comme je l’ai signalé sur une autre rubrique, le Tea Party (qui était en très nette perte de vitesse et influence) à l’image de tous les partis européens et notamment du FN (sous l’impulsion de Florian Philippot) , amorce un virage social, ce qui, comme l’analyse Jennifer Rubin, en fait désormais un prétendant qu’il convient de ne pas négliger. Aux US, même phénomène qu’en europe, les candidats des partis « traditionnels » ont perdu en crédibilité, étonnant non ?
L’intervention de Rand Paul à l’université d’Howard fut effectivement maladroite, et même de mauvaise foi. Mais justement depuis Rand Paul mène une campagne bien meilleure auprès de la minorité noirs, en mettant en avant des propositions concrètes (contre la guerre contre la drogue par exemple) et en ayant un discours intelligent, sans rien céder sur le fond . Le fait que même la NAACP (ou du moins certains de ses membres) puisse avoir un discours positif sur Paul après ses critiques sur le Civil Right Act est quelque chose de très surprenant.
Evidemment si il était choisi comme candidat républicain il n’y a aucune chance qu’il obtiennent la majorité des votes noirs contre un démocrate quel qu’il soit, mais si vraiment il obtenait 30% du vote noir (plutôt que moins de dix) cela pourrait faire la différence au cours d’une élection serrée. Il ne faut pas oublier que cette fois-ci le candidat démocrate a peu de chance d’être noir lui-même.
Plus important encore : les tea-party ont une image associée à l’extrême droite, ce qui peut faire peur aux électeurs indépendants. Casser cette image ne peut qu’être positif pour Paul, surtout si il arrive à le faire sans nuire à son message de base.
Sauf qu’en Europe, notamment en France, les libertariens sont extrêmement minoritaires.
Le problème pour les républicains n’est pas d’obtenir le vote noir. Ils ne l’auront évidemment jamais.
Le véritable enjeu pour le GOP, qui a couté la victoire à Romney en 2012, et de mobiliser sa base électorale, les blancs de classe moyenne. Pour la première fois en 2012 la participation des blancs fut inférieure à celle des noirs : http://news.yahoo.com/first-black-voter-turnout-rate-passes-whites-115957314.html
Ce n’est pas avec ce genre de sorties que Rand Paul va améliorer l’image du GOP auprès de ces électeurs qui ont le sentiment d’être laissés pour compte, le GOP étant perçu comme un parti pro-riches et pro-minorités ethniques, Rand Paul étant de plus vendu au lobby pro-israélien, ce qui implique une politique étrangère complètement opposée aux intérêts du peuple américain.
 » Rand Paul étant de plus vendu au lobby pro-israélien, ce qui implique une politique étrangère complètement opposée aux intérêts du peuple américain. »
N’importe quoi. De tous les candidats républicains ou démocrates sérieux il est le moins apprécié par le lobby pro-israélien.
Le GOP perçu comme un parti pro-minorités ethniques ? C’est une blague ?
perçu PAR l’ELECTEUR BLANC MOYEN comme un parti pro-minorités ethniques. Pas par les medias mainstream.
Qu’attend le GOP pour proposer le démantelement les politiques racistes anti-blanches aux USA ? je parle de la discrimination positive, qui consiste concrètement à voler de l’argent et des emplois des blancs pour le donner aux noirs et aux hispaniques.
Quand à Rand Paul, il s’est illustré récemment par la proposition de loi « Stand with israel » qui impose un chantage à l’autorité palestinienne. http://www.paul.senate.gov/?p=press_release&id=1145
On aurait pu imaginer qu’il propose une loi pour arrêter toute coopération militaire avec israel si ce pays ne mettait pas un terme à la colonisation de la Palestine. Mais on voit que Rand Paul a bien compris que s’il voulait avoir une chance lors de la prochaine élections il devait se soumettre aux donateurs pro-israéliens comme Sheldon Adelson qui ont le sénat à leurs bottes.
D’abord le GOP s’oppose à la discrimination positive. Mais surtout j’aimerais bien que vous me citiez une seule étude d’opinion qui affirme que la majorité des électeurs blanc voit le parti républicain comme un parti pro-minorité.
Pour le reste il y a zéro chance que Sheldon Adelson et les autres membres du lobby pro-Israélien soutiennent Rand Paul. La loi dont vous parlez est 100% cohérente avec ses positions habituelles : il s’agit de supprimer l’aide américaine à l’autorité palestinienne, sauf à ce que celle-ci respecte des contreparties tout à fait raisonnable. Supprimer l’aide à l’étranger est parfaitement légitime, et a défaut imposer des contreparties à celle-ci n’a rien à voir avec du chantage (les USA n’ont pas l’obligation d’aider le monde entier à ce que je sache). Pourquoi ne pas proposer plutôt une loi supprimant plutôt l’aide à Israël ? Mais justement parce qu’on lui reproche déjà de ne pas être assez pro-israélien ! De là à en conclure qu’il est « vendu », c’est vraiment n’importe quoi.
+1
« […] concernant l’obligation de présenter un papier d’identité pour voter, une mesure vue comme raciste »
LÃ -bas aussi, il y en a qui voient le racisme partout… Envoyons-leur Taubira !
« « les Républicains ont délaissé les Noirs, et maintenant ils voudraient se réapproprier leur estime. » »
Le problème des Noirs, c’est précisément la sollicitude de la gauche.
L’ogre philanthropique les a dévorés.
Comme le démontre Thomas Sowell depuis des décennies, la situation des Noirs progressait fortement, même sous la discrimination, avant que cette calamité s’abatte sur eux.
Au point où on peut objectivement se demander ce qui, de l’esclavage ou de la sollicitude de la gauche, aura causé plus de tort aux Noirs américains.
Accessoirement, le libéral ne peut se retenir d’ajouter que ces deux maux sont aussi étatiques l’un que l’autre, la force bestiale est donc aussi nocive qu’en l’emploie à favoriser qu’à défavoriser.
La seule attitude qui fonctionne est, hélas, la seule que les socialistes n’envisageront jamais: La liberté; le désengagement de l’État; l’absence de contrainte, de coercition et de menace.
Vive Rand Paul !
« « […] concernant l’obligation de présenter un papier d’identité pour voter, une mesure vue comme raciste »
Là -bas aussi, il y en a qui voient le racisme partout… Envoyons-leur Taubira ! »
« Voir le racisme partout » c’est quelque chose de nettement plus répandu aux USA qu’en France : le politiquement correct n’est après tout qu’une mauvaise traduction du politically correct américain.
Néanmoins il faut bien comprendre qu’aux USA il n’y a pas de carte d’identité, et que c’est essentiellement les minorités ethniques qui n’ont pas de pièce d’identité avec photo (puisque la pièce d’identité principale est le permis de conduire). Le fait est que les républicains ont utilisé la question de l’identification pour manipuler le scrutin : en restreignant autant que possible l’attribution de pièce d’identité gratuite (ce qui est une exigence constitutionnelle à partir du moment ou une telle pièce est obligatoire pour voter) où en choisissant sélectivement le type d’ID pouvant être présenté en fonction des habitudes de leurs électorats. Evidemment ce n’est rien face à la grande manipulation du scrutin qu’est le charcutage électoral pratiqué par les deux partis, mais cela soulève néanmoins des objections légitimes.
C’est là le sens du propos de Paul sur « l’adoucissement » des propos des républicain sur le sujet : même si la volonté de s’assurer l’identité des électeurs est fondamentalement juste, il faut éviter d’en faire une mesure anti-minorité en la défendant par des arguments stupides et ne prenant pas en compte les objections quand elles sont justifié. Et ce alors même que les sondages montrent que la majorité de la communauté noir est favorable à l’obligation de présenter une pièce d’identité avec photo lors du scrutin ! Comme quoi ce n’est pas une question de fond, mais de forme.
La stratégie de Paul c’est exactement l’inverse de vos propos qui se sentent obliger d’introduire Taubira dans l’histoire.
« Au point où on peut objectivement se demander ce qui, de l’esclavage ou de la sollicitude de la gauche, aura causé plus de tort aux Noirs américains. »
Comment peut-on dire une énormité pareil. Voila typiquement le genre de discours auquel Rand Paul fait référence comme étant de ceux qui braque inutilement la communauté noire de manière tout à fait compréhensible.
« Comment peut-on dire une énormité pareil.  »
Et il ne s’agit pas de l’esclavage lui-même ou de la discrimination d’État, mais de leurs conséquences sociales mesurables, comparées à celles des politiques de gauche.
Or le constat est implacable et accablant pour ces politiques:
– À à l’issue de la discrimination précédée de l’esclavage, fin des années 40, les Noirs américains étaient plus riches que tout autre peuple hormis les autres étatsuniens, leur taux de chômage était minime (plus faible que celui des Blancs), leurs familles essentiellement intactes (8% de naissances hors mariage), quoique moins que les autres, et sur tous les plans ils progressaient rapidement vers le niveau des autres étatsuniens.
– Après 50 ans de politiques de gauche, sur tous ces plans, les Noirs étatsuniens sont sinistrés (75% de naissances hors mariage, chômage double des autres…) et les écarts se sont creusés !
Une fois de plus on juge des politiques à leurs intentions quels qu’en soient la ravages, et au mépris des lucides qui tels Thomas Sowell les avaient prédits !
Alors quitte à provoquer, il faut tout faire pour attirer l’attention sur cette catastrophe qui, contrairement à l’esclavage, afflige les Noirs étatsuniens à ce jour.
Je vous recommande d’écouter Walter E Williams ou Thomas Sowell (youtube), mes deux principales références sur les sujets de discrimination, qui ont personnellement connu les années 40, puis prévu et dénoncé les ravages des politiques de gauche.
La conférence de Williams démolissant les préjugés de la gauche sur les discriminations sont un must.
1) La fin de la ségrégation dans le Sud c’est plutôt les années 50/60 que les années 40. Jusqu’en 1967 les mariages mixtes étaient interdit dans certains états.
2) En 1950 le revenu médian des blancs étaient quasiment le double de celui des noirs, en 2006 le revenu médian des blancs est de 22% supérieur à celui des noirs* (en sachant que ces revenus ont augmenté en valeur absolue évidemment).
Vous ne savez manifestement pas de quoi vous parlez. A la limite cela n’a pas d’importance, mais sachez seulement que de tout ramener ou comparer à l’esclavage lorsque l’on parle des noirs américains c’est une sorte de point godwin (pratiqué par les deux camps) assez absurde.
*http://en.wikipedia.org/wiki/Personal_income_in_the_United_States#Over_time.2C_by_race_and_sex