avec Alain Laurent, à propos de l’ouvrage de Wilhelm Röpke. Vous pouvrez écouter ici l’entretien accordé sur Canal Académie, par Alain Laurent. Celui-ci commente la réédition de l’ouvrage de l’économiste allemand William Röpke (1899-1966) : Au-delà de l’offre et de la demande (Les Belles Lettres) dans lequel il développe sa pensée sur l’économie sociale de marché. Cet ouvrage a été chroniqué sur Contrepoints ici.
Encore faut-il comprendre social autrement que comme une troisième voie entre capitalisme et socialisme, ou comme la volonté de faire porter aux marchés une camisole de force, et encore moins comme le soutien aux thèses keynésiennes ou à l’État-providence.
Ce classique de « l’au-delà de l’offre et de la demande » présentée par Patricia Commun se révèle plus que jamais comme l’antithèse de ce que Keynes incarne, c’est-à -dire pour Wilhelm Röpke, « l’inflation chronique, l’interventionnisme dépensier, et l’irresponsabilité ».
Rien à voir non plus avec « l’économie socialiste de marché » apparue dans l’Empire du milieu qui reste à ce jour une énigme. Le modèle que promeut Wilhelm Röpke comme le rappelle le philosophe Alain Laurent renvoie « à un ordre institutionnel protecteur (qui est la marque de l’ordo-libéralisme) mais aussi à un ordre sociétal décentralisé et démassifié et… un ordre éthique fondé sur des valeurs civilisationnelles qui ont fait leur preuve (la propriété privée, la responsabilité individuelle, la loyauté, la préférence pour des petites communautés ouvertes dont les PME allemandes sont un bon exemple, la famille nucléaire), mais certainement pas la cupidité. C’est-à -dire une économie humanisée de libre marché dont le destin « se décide au-delà de l’offre et de la demande » car « le marché et la concurrence sont loin de créer eux-mêmes les conditions dont ils ont besoin… »
Voici une clarification sur un concept d’une brulante actualité.
(1) L’ordo-libéralisme allemand est né dans les années 1930 en réaction au planisme et au libéralisme classique. Aux yeux des ordo-libéraux, le maintien de l’ordre concurrentiel n’est pas naturel et doit constituer un objectif de politique économique parce que le marché est une construction historique qui ne fonctionne que grâce à des règles.
Une autre émission de Canal Académie avec Alain Laurent :
Alain Laurent : Deux livres pour mieux comprendre la société et la finance
Ceci résonne de manière antagoniste à ce qu'écrivait Hayek dans la route de la servitude. L'ordo-libéralisme en question, né en Allemagne en 1930, est en fait le degré final du socialisme accepté par la population juste avant qu'il ne se mue dans le totalitarisme.