La plus grande fraude de l’histoire ?

Qu’on laisse ces banques faire faillite pour de bon. C’est d’ailleurs ce qu’on aurait dû faire il y a deux ans

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La plus grande fraude de l’histoire ?

Publié le 14 octobre 2010
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Imaginez la scène. Sans emploi depuis des mois, vous devez rendre les clés de votre maison à la banque. Pas un, mais trois représentants de banques différentes cognent à votre porte. Chacun d’eux tient dans ses mains un certificat de propriété pour votre maison. Après vérification, les trois papiers sont… des faux ! Et personne ne sait qui possède votre maison.

On pensait avoir tout vu des banquiers de Wall Street. Mais le « Foreclosuregate » pourrait battre tous les records de fraude financière… et nous replonger tous au cœur d’une nouvelle crise.

De 2004 à 2007, les grandes banques aux États-Unis ont consenti sans retenue des millions de prêts hypothécaires. Même une femme de ménage gagnant $10 l’heure pouvait s’offrir à crédit une baraque de $500.000. Les banques faisaient fortune en regroupant les hypothèques et en les revendant sous forme de produit financier à des investisseurs, comme des régimes de retraite. Or, quand vous échangez des milliers d’hypothèques par jour, ça devient long et coûteux d’aller voir le notaire chaque fois. Les banques ont donc créé leur propre système informatisé (appelé MERS) pour enregistrer les transactions de vente et d’achat.

Aujourd’hui, des millions d’Américains perdent leur emploi, et doivent redonner les clés de leur maison aux banques. Seul problème : les enregistrements MERS contiennent peu de détails et ne valent rien aux yeux de plusieurs juges qui autorisent le processus de saisie d’une hypothèque (foreclosure). Pour récupérer les maisons, les banques doivent présenter un acte notarié. Incapables de retrouver les documents originaux – détruits ou perdus –, ni de reconstituer la chaîne de transmission de la propriété des hypothèques, plusieurs banques auraient décidé de fabriquer de faux papiers. Et les ont fait autoriser par des avocats sans scrupule (l’un d’eux affirme en avoir autorisé 10.000 en un mois). Résultat : fouillis total à la grandeur du pays. Plusieurs banques se trouvent à réclamer la même maison, et des propriétaires se font évincer alors qu’ils ne devraient pas l’être.

Scandaleux ? Attendez, le pire s’en vient. Selon un nombre croissant d’analystes, si les banques ont créé le système MERS (qui, rappelons-le, produit des documents peu détaillés sur l’hypothèque et l’emprunteur), ce n’était pas pour économiser quelques sous. C’était pour revendre en douce à des investisseurs – comme votre régime de retraite – des tonnes d’hypothèques frauduleuses (qui contenaient de fausses informations sur l’emprunteur, ou qui ne respectaient pas certaines conditions de base). Sans documentation suffisante, les acheteurs de ces produits ne pouvaient en vérifier correctement la qualité. On parle ici d’une fraude majeure, à l’échelle du pays.

Si les faits – qui s’accumulent chaque jour – viennent confirmer cette théorie, les grandes banques feront face à une montagne de poursuites judiciaires. Elles perdront aussi leurs droits sur des milliers de maisons. Janet Tavakoli, experte de la finance aux États-Unis, parle d’une facture possible de plus de $700 milliards pour les banques. En d’autres mots : la faillite pour plusieurs d’entre elles.

Les contribuables américains n’accepteront jamais de payer encore une fois pour les banquiers. Surtout pas dans ce contexte. (Les politiciens, qui reçoivent des millions en contributions politiques de Wall Street, c’est une autre histoire…) Une telle incompétence, si couplée d’une intention criminelle, ne mérite qu’une chose : qu’on laisse ces banques faire faillite – de façon ordonnée – pour de bon. C’est d’ailleurs ce qu’on aurait dû faire il y a deux ans.

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  • Où l'on découvre les bienfaits de la dérégulation…

  • Ah bon? Parce que dispenser les banques d'enregistrement administratif (hypothèques), ça n'est pas de la dérégulation?

  • Effectivement, les instituts bancaires sont bien en cause dans cette affaire. Mais il me semble incohérent de déplorer l'immixtion de l'état américain dans le système financier et ne voir comme solution que la faillite des "fautifs". A quelle aulne allez-vous juger des bonnes moeurs économiques sans reconnaitre de règles pour les borner et de dispositifs de contrôle pour les sanctionner?
    Cette affaire est une conséquence logique des mesures prises à partir des 80' pour "libérer" les marchés financiers.

  • Je te signale qu'ils ont été contrôlés, et c'est même pour ça qu'on en parle puisque l'affaire éclate, c'est bien que cela s'est vu.
    D'autre part, quel contrôle additionnel veux-tu rajouter quand on produit des faux? Ces faux ont bien été détecté, certe avec du retard, mais l'important est bien là.

  • Rien à rajouter. A chacun ses responsabilités. La "consanguinité" politico-financière ne fait que trop de dégats. Que l'Etat se contente de ses prérogatives régaliennes -en tout cas: ce qui'il en reste-, et tout ira mieux. Quant à tous ceux qui tire à boulets rouges sur "l'ultra-libéralisme", responsable de tous nos maux, ont-ils conscience à quel point nous sommes en PLEIN DIRIGISME, en France en tout cas, et ceci depuis des lustres -plans quinquénaux, etc.-? L'histoire de la paille et de la poutre, un grand classique…

  • La dérégulation : qui empêche l’Etat de réguler? Le marché, le secteur privé? Qui? Qui l’a empêché de réguler avant 2007? Qui l’en empëche aujourd’hui? Pourquoi attend il la crise pour réguler? Ne peut-il le faire avant? C’est peut-être qu’il ne sait pas mieux faire que les autres, non? La régulation : tout le monde a ce mot à la bouche mais concrètement quand on pose la question de savoir ce qu’il faut faire, on entend des conneries à la pêle! Et en fait de dérégulation, point : le nombre de textes de lois augmente dans tous les secteurs et celui des fonctionnaires pour les faire appliquer, également. Toutes les statistiques dans les principaux pays développés depuis la seconde guerre mondiale montrent que l’influence et le poids de l’ensemble « Etat, administrations et collectivités » n’ont cessé de progresser. La plupart des économies sont des économies mixtes aujourd’hui. Faut-il aller encore plus loin? Si çà continue on va finir par collectiviser (soviétiser) l’économie et la société dans son ensemble! On va faire exactement l’inverse de ce qu’ont fait les ex pays socialo-communistes. On n’aura décidément rien compris.

  • Dans une interview parue le 29/10/2008 dans le quotidien Les Echos, le banquier d’affaires Joseph Parella répond ceci quand on lui fait remarquer que les banques ont financé des populations insolvables:

    « Les banques étaient sous la pression
    énorme des autorités de régulation,
    qui leur demandaient
    d’accorder des crédits aux populations
    les plus pauvres.Les régulateurs
    regardaient par exemple
    la part de crédit distribué aux
    ménages pauvres par les banques
    avant de leur donner l’autorisation
    de racheter d’autres établissements. »

    N’oublions pas que cette course au crédit est une volonté des autorités américaine pour soutenir la croissance. Greenspan a maintenu bas les taux d’intérêt pour soutenir le mouvement, Clinton a assoupli les conditions de prêts hypothécaires. Dans ces conditions, les régulateurs approuvaient l’action des banques, qui suivaient leur politique. Sachant qu’elles allaient dans le sens des politiques, les banques se sont crues tout permis. Le problème n’est pas la régulation. C’est l’interventionnisme. La régulation, c’est le marché.

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