Comment bousiller mille emplois

Comment les syndicats, en faisant fuir Ryanair, ont bousillé 1000 emplois au lieu de protéger les salariés

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Avion Ryanair (Crédits Paulsimaging, licence Creative Commons)

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Comment bousiller mille emplois

Publié le 14 octobre 2010
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Il existe une méthode vraiment efficace pour bousiller de l’emploi en France, et cette méthode peut de façon fort pratique s’appliquer autant à l’échelle individuelle qu’à l’échelle d’une entreprise ou, mieux encore, qu’à l’échelle du pays.

Et avant de nous pencher sur le kit mains-libres fourni à ceux qui en feront la demande et qui permet de réaliser, chez vous et sans difficulté, un bon bousillage d’emploi des familles, nous allons nous attarder un peu sur un exemple de l’efficacité de la méthode.

Cette méthode est composée de deux temps. Nous verrons si elle nécessite trois mouvements, mais en tout cas, ça commence assez simplement.

Dans un premier temps donc, il faut utiliser le liant naturel de toute préparation dans ce pays, qu’elle fut culinaire ou sociale : la subvention étatique.

Il s’agit d’un (montant) liquide parfois volumineux, qu’on récolte à périodes régulières en utilisant des feuilles délicatement pliées et postées sous pli discret à l’emblème du Trésor National. Ce liquide, aggloméré dans de grandes cuves trouées, va percoler lentement dans les différentes strates de la société, et arroser d’abord ceux qui s’occupent de la récolte (évidemment), puis ceux qui entretiennent les cuves et les petits tuyaux, puis ceux qui réclament le plus fort, pour enfin bénéficier en petites gouttes chiches à ceux qui ne sont pas trop loin des arroseurs.

Ici, je peux introduire mon exemple, qui se situera à Marseille, une ville qui n’abrite pas que des dockers chatouilleux.

Pour qu’une compagnie low-cost daigne s’installer en France, l’État, la région et la municipalité (ce sont différents récoltants/presseurs, du plus gros au plus petit) ont généreusement arrosé le terreau local. Ryanair, la compagnie low-cost en question, a donc largement bénéficié de ces subventions ce qui lui a permis de s’implanter et de créer, directement et indirectement, mille emplois.

À ce point de la méthode infaillible, on est loin du but puisqu’on a créé de l’emploi au lieu d’en bousiller avec un feu d’artifice de pleurs et de grincements de dents.

Heureusement, dans un second temps, on va lâcher les syndicats sur l’affaire. Notez qu’il n’y a jamais besoin de les pousser beaucoup, dès qu’il y a de l’argent, ils sont rapidement attirés. Cela peut prendre plus ou moins de temps selon l’exotisme de la compagnie choisie, mais soyez assurés qu’ils trouveront rapidement quelque chose si on le leur demande gentiment. Ou même si on ne leur demande pas.

Ici, les syndicalistes ont donc jugé malin de se battre pour l’emploi des salariés en  déposant une plainte pour travail dissimulé contre Ryanair qui utilise des contrats de travail en droit irlandais plutôt que français.

L’entreprise s’est donc retrouvée mise en examen fin septembre par le parquet d’Aix-en-Provence.

Et c’est là que la méthode devient fulgurante : les syndicats ont déjà gagné ! Les contrats de travail seront de toute façon rompus. Victoire sur tous les fronts : Ryanair va replier ses petites affaires et se casser complètement du territoire. Bravo et merci FO, CGT et les autres. Évidemment, certains commencent à comprendre que non non, le PDG ne plaisante pas, et que tout ça va bel et bien mal se terminer : Gaudin ronchonne.

Cette affaire est extraordinaire à de multiples niveaux.

Ryanair, aussi des calendriers

A – Le bonheur gluant des subventions

Elle montre comment les élus, trop heureux de « créer de l’emploi« , sont prêts à dépenser sans compter l’argent des autres pour parvenir à leurs fins. Car en fait, les subventions nationales, régionales et locales à Ryanair reviennent, en toute bonne logique, à faire financer l’emploi de quelques uns par toute la nation, la région et la ville. Bien joué, non ?

On me rétorquera : oui mais les subventions dépensées sont largement compensées par les gains sur le territoire. Si tel est le cas, pourquoi subventionner en premier lieu ? Si c’est rentable, il n’y a pas besoin de ces subventions. Et si ce n’est pas rentable, si, au final, le contribuable n’y gagne pas, pourquoi subventionner une activité commerciale d’une boîte privée alors qu’on y perd ? Et si c’est rentable seulement avec les subventions, pourquoi ne pas plutôt tout faire pour que ce soit rentable sans, ce qui évitera la phase B qu’on va voir un peu plus loin ? Mmmh ?

On comprend vite que Gaudin se réjouit des mille emplois créés chez lui, et se fiche bien de savoir que cela revient à en détruire autant ailleurs lorsqu’on a ponctionné la subvention ! Si c’est économiquement idiot, électoralement, c’est rentable. Bravo et merci Gaudin !

B – Le plaisir ambigu d’une sodomie

Une fois les emplois créés, une fois les habitudes prises et le bénéfice local encaissé, tout le monde s’accoutume tranquillement au bon argent qui tombe dans la poche sans trop de souci. On ne réfléchit pas trop à la situation délicate dans laquelle on s’est mis, postérieur dressé et offert à la moindre occasion.

Occasion qui ne tarde pas à venir : comme la bonne santé économique de la région ou de la municipalité est un argument puissant pour l’élu en perpétuelle recherche de soutien citoyen, pas question que ça flanche. Il a absolument tout fait pour se retrouver dans cette position : peu ou prou, il devra céder aux caprices de la compagnie.

Mais le niveau le plus fantastique est atteint lorsqu’on fait intervenir les fins limiers de la protection salariale en France, transformant ainsi une situation dominant/dominé avec des petits coups de fouet – schlaaa, schlaa – et des petits gémissements plus ou moins gutturaux, jusque là encore sous contrôle et qui pourraient vaguement passer un samedi soir sur une chaîne cryptée, en séance moyenâgeuse aux résultats catastrophiques avec fers chauds et plomb fondu vraiment pas Esprit Canal.

On peut en effet se demander ce qui est passé par la tête des Kommissaires Aux Zakissocios pour imaginer que leur dépôt de plainte allait se terminer dans le meilleur des mondes par un alignement sur le droit français d’un PDG fantasque qui connait parfaitement les rouages du droit et de la politique de ce pays et s’en sert donc en conséquence. Et chpan, la fermeture de boutique !

Magnifique illustration d’une situation Perdant-Perdant où tout le monde, absolument tout le monde, va se prendre une avoinée :

  • la société Ryanair va perdre des parts de marchés et probablement un peu d’argent avec les indemnités ou la condamnation qui lui pend au nez (encore qu’avec le droit européen, je ne parierai pas dessus).
  • le maire va certainement perdre des électeurs ou, à tout le moins, des taxes professionnelles et une jolie vitrine de son travail.
  • les salariés vont devoir changer de compagnie, de pays, de job ou pointer au chômage.
  • les syndicalistes marseillais auront bien du mal à prétendre travailler pour protéger l’emploi devant une réussite aussi flamboyante. Avec des syndicalistes comme ceux-là, pas besoin de patrons voyous.

Bravo et merci à tous.
—-
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  • Et combien d’autres emplois perdus grâce à nos syndicats subventionnés, qui ne représentent plus personne hormis les assistés rentiers fonctionnaires et assimilés.
    Nous les payons que le vouliez ou non, ils sont payés par nos impôts et la dette.

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