Par Bernard Martoïa.
Si les journalistes progressistes raillent toujours le Tea Party pour sa composition ethnique uniformément blanche, les conservateurs viennent de reconnaître ses mérites dans la renaissance du parti républicain.
Dans un éditorial de Peggy Noonan (1) du 22 octobre 2010 : “Tea Party to the rescue : how the GOP was saved from Bush and the establishment”, qui fera certainement date, la rédaction du Wall Street Journal a choisi un titre sans équivoque (GOP est l’acronyme du Grand Old Party fondé en 1854 par des militants anti-esclavagistes).
D’entrée, le ton est donné aux lecteurs :
« le Tea Party n’est pas une menace pour le parti républicain, le Tea Party l’a sauvé.
Sur un plan général, le Tea Party s’est porté à son secours en évacuant son acrimonie, sa douleur et sa graisse, en lui rappelant opportunément la raison de son existence et ses racines. Le Tea Party, avec son énergie et son honnêteté, a restauré le GOP.
Sur un plan pratique, le Tea Party a sauvé le Parti républicain en refusant de se constituer comme une troisième force (2). Il aurait pu. Avec sa large base, le mouvement local autonome a pris la décision, groupe par groupe, de participer aux primaires républicaines et de conquérir des sièges au sein du parti républicain. (Selon le Centre pour l’étude de l’électorat américain, quatre millions de républicains de plus que les démocrates ont voté lors des primaires cette année, le parti républicain ayant le plus haut taux de participation à des élections de ce type depuis 1970.)
Pour cette raison, parce qu’ils n’ont pas cédé aux sirènes de la troisième voie, le 2 novembre ne va pas être une catastrophe pour les Républicains, mais un triomphe (3).
Le Tea Party a fait notamment une chose remarquable que l’establishment républicain était incapable de faire : il s’est débarrassé de l’héritage de Bush fils. Il a rejeté les dépenses de son administration qui ont fait doubler la dette du pays (4).
[…] Le Tea Party n’a ni chef, ni convention, mais il a un thème porteur : non aux déficits et aux régulations, non aux politiciens incapables ! (5) »
Après la déroute du parti républicain aux élections de 2008, les éditorialistes de part et d’autre l’Atlantique écrivaient, sur un ton condescendant, que ce parti n’avait aucun avenir politique. Ils versaient dans l’idolâtrie du messie noir qui venait d’accéder à la Maison Blanche. Cette illusion collective, qu’ils auto-entretenaient allègrement par des exagérations sur les capacités réelles de ce militant des droits sociaux en faveur des minorités, portait le nom d’Obamania. Il ne faisait aucun doute pour les progressistes que leur créature allait révolutionner l’Amérique et qu’il serait réélu triomphalement en 2012 pour parachever son œuvre destructrice.
Deux ans plus tard, force est de constater que le parti républicain est en passe de reconquérir la majorité à la Chambre des Représentants et de réduire l’écart au Sénat sinon de l’emporter tant les sondages sont serrés. Pour un parti que vous aviez hâtivement enterré, avouez, mesdames et messieurs les journalistes du Monde, du Figaro, du New York Times et de bien d’autres journaux progressistes, que cette renaissance du parti républicain vous laisse pantois.
(1) Peggy Noonan est une chroniqueuse conservatrice pour le Wall Street Journal. Elle est l’auteur de huit livres sur la politique américaine. Son premier livre, le best-seller « What I Saw at the Revolution : A Political Life in the Reagan Era », a été publié en 1990. Elle a été assistant spécial du président Ronald Reagan à la Maison Blanche. Avant cela, elle a été professeur adjoint de journalisme à l’Université de New York.
(2) Quand le Tea Party entra brutalement, au printemps 2009, sur la scène politique américaine sans que personne l’invite, je craignis que ce mouvement populaire spontané ne se lance dans l’impasse d’une troisième voie. Le troisième tome de mon livre consacré à Théodore Roosevelt relatait l’échec du Progressive Party dont il avait pris la présidence lors des élections de 1912.
(3) Il n’y a qu’en France où des politiciens comme Villepin, Villiers, Dupont-Aignan, Mélanchon, Chevènement, Besancenot et consorts s’accrochent aux vieilles lunes de la troisième voie. Mais avec le pragmatisme des Américains et l’absence de petits chefs à l’égotisme démesuré comme c’est le cas en France, la faute n’a pas été commise. Par leur discipline et leur sens du devoir, les militants du Tea Party nous éviteront probablement la peine d’un deuxième mandat du socialiste Barrack Hussein Obama. Je doute que cette peine nous sera épargnée en France en 2012…
(4) Les Américains n’ont pas oublié que les représentants de la nation ont leur part de responsabilité dans la grande débâcle financière du 15 septembre 2008.
(5) Les Français savent que la vraie gauche socialiste et la fausse droite républicaine n’apportent aucune solution aux graves périls que la nation doit affronter. Mais ils ne sont pas capables comme les Américains d’imposer de véritables candidats réformateurs dans les rangs de la fausse droite. En France, un tel mouvement vit le jour en décembre 2005 après les émeutes des banlieues. Il s’appelait la révolution bleue mais il ne pouvait prospérer sur un terreau qui reste largement empreint de l’idéologie marxiste.
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