L’existence du génie humain donne à l’homme une place à part dans la nature. L’homme est le seul être capable, lorsqu’on le laisse faire, de tirer partie de façon créative de la nature au profit de son espèce, tout en la gérant de façon prudentielle et avisée. Plus généralement, comme nous l’apprend une saine philosophie, étant le seul être intelligent, il est aussi le seul et unique être moral, véritablement titulaire de droits (et de devoirs).
Gérard Bramoullé, économiste de son état et professeur à l’Université d’Aix-Marseille, en 1991, poussait un véritable « coup de gueule » contre les positions de l’écologie politique dans son livre La peste verte. Pourtant, ses diatribes sont loin d’être exemptes de qualités démonstratives. En termes simples, elles révèlent certaines absurdités sous-jacentes à diverses notions utilisées par les écologistes, qui, malheureusement, ont envahi le discours politique dans le monde.
Ainsi en est-il de la notion de développement durable, comprise à travers le « droit des générations futures ». Le développement durable supposerait de ne pas consommer les ressources non renouvelables, de façon à ce que les générations futures, qui ont un droit égal aux générations présentes à bénéficier de ces ressources, puissent en disposer. Or, une application stricto sensu de ce droit au fondement du développement durable, implique nécessairement que ces ressources ne seront jamais utilisées. En effet, les générations de demain n’auront pas plus le droit d’utiliser ces ressources que celles d’aujourd’hui, car les utiliser reviendra à violer le droit des générations d’après demain, et ainsi de suite…
Bramoullé brocarde à juste titre les écologistes politiques de ne trouver de salut que dans la réglementation la plus stricte et la plus large. Or, la réglementation serait rationnelle si elle permettait d’atteindre à moindre coût les objectifs que ses défenseurs se proposent d’atteindre. Mais outre le fait que la réglementation répond souvent aux pressions d’intérêts privés inavouables (grosses entreprises, bureaucrates, etc.), elle est loin d’être sans effets pervers. Le premier et le plus grave de ces effets est le suivant : dès qu’une réglementation donnée est respectée par les agents, il n’ont plus d’incitations à recourir à des solutions alternatives plus respectueuses de l’environnement.
Bramoullé démontre plus généralement la supériorité des solutions recourrant aux droits de propriété, sur la plupart des dispositifs politiques comme la réglementation, mais aussi la politique fiscale, les subventions, etc. Les deux arguments présentés ici ne constituent qu’une partie infime de la véritable panoplie argumentative développée par Bramoullé pour répondre aux peurs les plus diverses, diffusées par l’écologie politique (réchauffement de la planète, épuisement des ressources, incapacités du secteur privée à prendre en compte la variable écologique, etc.)
La peste verte culmine par une véritable dénonciation de la tendance totalitaire de l’écologie politique. Ce que ses partisans ne voient pas ou ne veulent pas voir, c’est que l’existence du génie humain donne à l’homme une place à part dans la nature. L’homme est le seul être capable, lorsqu’on le laisse faire, de tirer partie de façon créative de la nature au profit de son espèce, tout en la gérant de façon prudentielle et avisée. Plus généralement, comme nous l’apprend une saine philosophie, étant le seul être intelligent, il est aussi le seul et unique être moral, véritablement titulaire de droits (et de devoirs). Les écologistes politiques, obsédés par la protection d’une nature dont ils font une déesse, finissent par conclure que les animaux, l’écosystème et Gaïa ( !) ont les mêmes droits que l’homme. Dans la lutte des droits de la nature contre l’oppression exercée par son excroissance malade que l’on appelle humanité, la classe saine et éclairée des écologistes politiques a choisi son camp : la nature (sans l’humanité). Elle mettra donc toute la puissance totalitaire de l’État pour réduire les atteintes que les individus font subir à la nature. Ce n’est pas qu’une vue de l’esprit ; les propositions politiques des écologistes en témoignent (limitation arbitraire des naissances, destruction de la propriété privée, etc.)
Dans un autre genre, mais toujours au sujet de l’activisme – écologiste ou autrement « solidaire » –, un roman : O.N.G !, de Iegor Gran. Un bon moment de franche rigolade.
L’histoire nous raconte la confrontation entre deux organisations non gouvernementales Foulée verte et Enfance et vaccin au travers du récit de Julien. Ce dernier est bègue depuis l’âge de dix ans, depuis que son père l’a surpris en train de brûler les testicules d’un chat errant. À la recherche d’un stage, il a dégotté une place à la Foulée Verte, qui défend les pingouins du pôle et la couche d’ozone. Sous la houlette d’Ulis, le chef charismatique au glorieux passé et de la belle Celsa, Julien s’épanouit et s’enflamme pour la cause, prêt à tout pour faire triompher ses idéaux et ceux de ses supérieurs. À tout ? À tout, oui. Car, quand Enfance et vaccin s’installe dans le même immeuble, bousille affiches et vélos, lance des insultes et pactise avec les pires ennemis de la Foulée Verte, c’est la guerre.
Beaucoup d’humour. Pas de héros dans cette histoire naviguant sur l’océan de l’absurde, de l’ignorance et de l’hypocrisie, mais une tripotée d’individus plus ou moins recommandables qui s’arrachent le monopole de la bonne conscience solidaire, une bouillie intellectuelle à peu près complète à tous les étages flirtant avec l’idéologie vert brun. Et des gardiens du développement durable qui justifient par un soi-disant code d’honneur et un pataquès philosophico-social un peu plus de richesse, un peu plus de pouvoir.
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