On prend les mêmes et on recommence. Oh, bien sûr, quelques acteurs ont changé, mais la mise en scène est la même, le texte de la pièce semble lancé sur les mêmes rails, et l’issue n’a pas évolué… Et non, je ne parle pas du remaniement ministériel absolument sans intérêt que fait vibrer une presse encore une fois complètement à côté de l’essentiel.
Ce week-end, Nicolas Sarkozy aura donc occupé la galerie médiatique : après avoir bâclé un G20 en une petite dizaine d’heures et n’avoir impressionné que quelques pellicules photos avec sa présence fugace, il est rapidement rentré, en oubliant Laurence Parisot sur place, pour faire son petit bonneteau ministériel.
On pourrait s’étendre longuement sur le départ de Borloo ou sur la nomination de Juppé, mais l’un comme l’autre, des ténors du piston, globalement incompétents dans autre chose que faire marcher leurs réseaux, n’ont, en fait, rien de bien intéressant ou de bien nouveau à nous faire méditer.
Le premier quitte – à son grand désarroi – le bateau ivre d’un gouvernement désemparé, sans avoir pu décrocher la timbale, et après avoir déclenché une salve de catastrophes taxatoires. Il était temps. On sait déjà que sa remplaçante, dont le nom évoque un groupe de rap rugueux, ne déméritera pas de la fonction et nous prépare certainement, en toute insouciance, une bordée de bêtises fiscales de la même veine que son prédécesseur.
Le second arrive tout frétillant qu’on ait oublié qu’il a un casier judiciaire déjà copieux, et un pantalon sur les chevilles toujours pas remonté depuis décembre 1995. Les actuels syndicalistes doivent vraiment regretter qu’il n’ait pas été aux manettes de la « réforme » des retraites : ils auraient eu un boulevard devant eux et elle serait depuis bien longtemps enterrée…
Si l’on écarte donc de la scène médiatique les pitreries pénibles de Sarkozy et sa clique qui continuent de surjouer Un Gouvernement Qui Agit et les volumineux écrans de fumée opaque qu’ils brassent dans d’amusants moulinets, on découvre que la situation internationale, et notamment européenne, est particulièrement préoccupante.
Mais même préoccupante, elle laisse, là encore, cette impression de déjà-vu particulièrement prégnante : on nous rejoue le drame grec, avec un petit changement musical puisqu’on a remplacé les lyres et les tambourins par des cornemuses irlandaises.
En gros, les écarts entre les taux concédés aux Bons du Trésor Irlandais et ceux des Bons allemands n’en finissent pas de grandir, ce qui place l’Irlande en fâcheuse position : certes, ses dirigeants expliquent que non, ils n’ont pas besoin d’aide, mais de l’autre l’Europe concède qu’elle ne veut surtout pas embarrasser l’état membre avec de l’argent non-sollicité (ce serait ballot d’obliger, comprenez-vous, c’est cadeau, faut pas forcer, hein). Mais bon, finalement, mettez-m’en 45 milliards.
Voilà une confusion totalement propice à apaiser les marchés et simplifier la situation.
Et bien sûr, tout ceci serait trop simple si, en parallèle, le Portugal ne tentait pas lui aussi de jouer une partition rock’n’roll dont le tempo s’harmonise assez mal avec le reste de l’orchestre dont – soyons franc – on se demande franchement si le chef n’est pas trop shooté aux tranquillisants pour être réellement efficace à quoi que ce soit : ni Herman, ni José-Manuel ne semblent en mesure de rassurer le citoyen ou les marchés…
Car pendant ce temps, le patron de la diplomatie de Lisbonne, Luis Amado, estime très calmement que si un gouvernement de coalition n’est pas rapidement formé, le Portugal pourrait avoir à quitter l’Euro. Pif pouf, comme ça. Au moins, on a largement dépassé les questions de tabou ou de langue de bois. Je ne suis pas sûr qu’on y gagne en sérénité.
Oui, tout ceci ressemble décidément beaucoup à une situation qu’on a déjà vécue : des imbéciles gouvernementaux qui font le beau devant d’autres imbéciles de la presse, pendant que les coulisses prennent feu. Mais tout est sous contrôle. Tout se passera bien.
Cette monnaie est foutue.
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