Quand vous avez grandi en déchiffrant chaque ligne parue dans les journaux, vous arrivez à trouver au milieu de la rhétorique le grain d’information qui la motive et la pincée de nouveauté qui s’y cache. C’est ainsi que les cubains sont devenus de fins limiers du non-dit, des experts sachant écarter le bavardage et trouver bien au fond les raisons réelles qui le motivent. Le Projet de propositions pour le VIème Congrès du Parti Communiste est un bon exercice pour affiner nos sens, un exemple paradigmatique pour évaluer la pratique du « dire sans dire » qui s’est constituée en discours d’Etat dans ce pays.
Abstraction faite du verbiage, le point positif est que l’on va alléger le budget du secteur public, cette colossale sangsue qui se nourrit de moi, de toi, de nous tous. Donner suite au projet d’entreprise personnelle est également réconfortant mais chaque fois que je demande à quelqu’un s’il va demander une licence il me répond qu’il ne pense pas « mordre à l’hameçon » et commencer par payer des impôts. La méfiance est difficile à combattre et lorsqu’un gouvernement conduit l’économie nationale à sa perte par son volontarisme et ses programmes insensés, il est peu crédible en annonçant qu’il veut la sauver. Il est décevant que pas une ligne ne fasse référence au développement des droits civiques, parmi lesquels l’éradication des limitations migratoires dont souffrent les cubains pour entrer et sortir de leur propre pays. Pas un mot non plus sur la liberté d’association ou d’expression sans lesquelles les autorités continueront à se comporter plus comme des petits chefs que comme les représentants de leur peuple.
Le PCC se réunira en Avril, plusieurs propositions semblables à celles du prospectus seront approuvées et dans un an ou deux nous en serons toujours à nous demander à quoi a servi toute cette encre sur le papier. Qu’est-il advenu de ce programme où l’on envisageait de « perfectionner et d’améliorer » au lieu de « changer ou arrêter ».
Laisser un commentaire
Créer un compte