Par Le Minarchiste.
Comme le titre le laisse présager, Capitalisme et liberté, ce livre se veut une défense du capitalisme sous l’angle de la liberté individuelle.
Le premier chapitre démontre à quel point la liberté économique et la liberté politique sont connectées. Friedman reprend ici certains des arguments de Hayek dans La Route de la Servitude. Il y mentionne notamment que le marché est un mécanisme permettant la coopération volontaire sans obligation de conformité.
« Chaque personne peut voter pour la couleur de cravate qu’il veut et l’obtenir ; il ne dépend pas de la couleur de cravate que la majorité désire et n’a pas à s’y soumettre. »
Dans le second chapitre, il aborde le rôle du gouvernement dans une société libre et indique que son rôle doit davantage être celui d’un arbitre plutôt que d’un autocratique paternaliste. Selon lui, l’intervention gouvernementale crée des tensions dans la société puisque la minorité doit se conformer aux décisions des politiciens. Le marché permet de minimiser ces tensions sur le tissu social en rendant la conformité non-nécessaire.
Le troisième chapitre traite du système monétaire. Friedman présente sa solution aux avaries de la manipulation monétaire effectuée par les banques centrales. Il rejette l’étalon-or du revers de la main en invoquant la seule raison valable de le faire : l’intégrité de ce système nécessite que les gouvernements soient disciplinés et évitent d’émettre plus de billets qu’il n’y a d’or sous-jacent, ce qui est effectivement une attente irréaliste. Friedman propose en revanche que la masse monétaire soit augmentée à un rythme annuel situé entre 3 % et 5 %.
Au quatrième chapitre, Friedman s’attarde au commerce international. Il y fait notamment la promotion du libre-échange ainsi que du système des taux de change flottants.
Le cinquième chapitre traite de l’inutilité de la politique fiscale ; il se veut une sorte d’attaque du keynésianisme et des plans de relance.
Le rôle du gouvernement dans l’éducation est abordé au chapitre six. Friedman souhaiterait que les écoles soient privatisées et que les familles obtiennent des bons d’éducation d’une valeur monétaire fixe leur permettant d’inscrire leur enfant à l’école de leur choix. Il justifie cette forme d’aide sociale par ses effets diffus car selon lui l’éducation générale bénéficie à l’ensemble de la société. Il propose aussi que les études universitaires et vocationnelles soient financées par des emprunts remboursés par les salaires futurs de l’étudiant.
Au septième chapitre, Friedman aborde audacieusement la discrimination. Selon lui, ceux qui font preuve de discrimination, par exemple en n’achetant pas un bien produit par une personne de couleur, s’imposent un coût à eux-mêmes puisqu’ils devront soit payer plus cher ou faire face à un choix de biens plus limité.
« Je crois fermement que la couleur de peau d’un homme ou la religion de ses parents ne justifie aucunement de le traiter différemment et qu’un homme doit être jugé pour ce qu’il est et ce qu’il fait et non par ses caractéristiques extérieures […] Mais dans une société basée sur la discussion libre, mon recours le plus approprié est de tenter de persuader ceux qui font preuve de discrimination que leur comportement est mauvais, et non d’user de la force coercitive de l’État pour leur imposer mes vues. »
Le huitième chapitre fait la démonstration que la plupart des véritables monopoles découlent de la coercition étatique.
Il poursuit sur ce même thème au chapitre 9 en décrivant les effets pervers des accréditations, son exemple central étant celui de l’American Médical Association.
Le dixième chapitre traite de la distribution des revenus et de l’inutilité, voire de l’impact négatif sur la société, de ces mécanismes de redistribution. Certains méritent des revenus plus élevés que d’autres simplement parce qu’ils travaillent davantage, ce que l’impôt pénalise. Dans d’autres cas, les revenus plus élevés sont justifiés par un niveau de risque ou d’incertitude plus élevé (par exemple les prospecteurs de pétrole, les acteurs hollywoodiens ou les ingénieurs œuvrant en Irak ou au Nigéria). Pour éviter ces distorsions néfastes, Friedman propose un taux d’imposition fixe.
Dans le même ordre d’idées, le chapitre 11 aborde le sujet du bien-être social et démontre que la plupart de ces mesures ont des effets pervers. Non seulement les objectifs de ces politiques ne sont pas atteints, mais c’est le résultat opposé qui est souvent obtenu : salaire minimum, contrôle des loyers, subventions agricoles, etc.
Au chapitre 12, Friedman propose comme mesure de soulagement de la pauvreté la création d’un taux d’imposition négatif. Lorsque les revenus d’une personne sont au-dessous d’un certain seuil, celle-ci pourrait obtenir une somme équivalente à un certain pourcentage de ce seuil. Ce mécanisme aurait comme avantage de cibler directement la pauvreté, de ne pas discriminer les individus dans le besoin (sexe, race, âge, occupation, niveau d’éducation, statut matrimonial, etc), d’être plus utile et plus flexible, facile à administrer avec un minimum de bureaucratie et, surtout, de minimiser les effets pervers sur le marché.
Le message central du livre est que le problème majeur de l’interventionnisme gouvernemental est qu’il cherche à utiliser la coercition en contraignant les gens à agir contre leur intérêt au bénéfice d’un supposé intérêt collectif, soit en leur imposant ce que les politiciens croient être bon pour eux, soit en prenant aux uns pour donner aux autres. C’est pour ces raisons que les politiques ont souvent l’effet contraire à celui escompté.
Ce livre commence peut-être à dater à certains égards, mais la plupart des thèmes abordés sont encore très pertinents aujourd’hui. Il permet notamment d’obtenir de façon très concise une excellente synthèse des idées de Milton Friedman, un géant du libéralisme.
- Milton Friedman, Capitalisme et liberté, Flammarion.
Article initialement publié en novembre 2010.
Les thèmes et propositions traités dans ce bouquin apparaîtront pour certains dignes d’une utopie communiste, pour d’autres dignes d’une utopie libérale.
Perso ce genre d’utopie, peu importe sa qualification, je prends.