Hold-up à la hongroise

Le gouvernement hongrois veut mettre la main sur l’argent des épargnants

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Hold-up à la hongroise

Publié le 26 novembre 2010
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Scandalisées par les plans du gouvernement hongrois qui mettent en péril leurs activités, les caisses de retraites privées sont prêtes à saisir si besoin la Cour européenne des droits de l’Homme.

Julianna Bàba, présidente de l’association regroupant les caisses de retraites privées, dénonce des mesures qui sont en contradiction avec pratiquement tous les paragraphes de la Constitution, ainsi qu’avec les valeurs fondamentales de l’Union européenne. Pour cette raison, elle annonce que les caisses de retraites privées vont saisir la Cour constitutionnelle hongroise ainsi que la Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg.

Mercredi, le gouvernement de Viktor Orban a fixé un ultimatum aux trois millions de Hongrois cotisant à une caisse de retraite privée : ils ont jusqu’au 31 janvier pour décider s’ils rejoignent le système public avec le pécule qu’ils ont accumulé jusque là. Actuellement, ils ont la possibilité de verser une partie des cotisations de retraite obligatoires à un organisme privé dans l’espoir de toucher une pension plus importante.

Ces cotisations avaient déjà déjà été redirigées pour 14 mois vers le trésor public, dans le cadre du plan d’austérité, afin d’alléger les finances de l’État. Mais maintenant, l’État hongrois menace de confisquer purement et simplement l’épargne privée de ces Hongrois en lançant un train de mesures qui feront en sorte que ceux qui resteront fidèles aux caisses privées non seulement perdront dans les faits tous leurs droits à la retraite d’État, mais en plus ils devront continuer à verser des cotisations au système public. Un plan d’extorsion sous la menace en bonne et due forme.

Au niveau européen, on s’émeut également de ce coup de force. Selon Amadeu Altafaj-Tardio, porte-parole du Commissaire européen aux affaires économiques et financière Olli Rehn, « les dernières annonces des autorités hongroises sur le système de retraite nous inquiètent. Elles semblent aller vers la suppression totale des caisses de retraites privées obligatoires ». Soucieuse de la viabilité du système de retraite hongrois, la Commission montre sa préoccupation et soupçonne que l’argent accumulés dans les fonds de pension servent simplement à financer les dépenses courantes, comme le laisse supposer le projet de budget 2011. L’épargne accumulée dans les fonds de pension représente un patrimoine de près de 3.000 milliards de forints (€11 milliards) que le gouvernement semble bien vouloir s’approprier. En guise de contre-proposition, la représentante des fonds de pension privés a demandé au gouvernement d’autoriser comme alternative un système de retraite intégralement privé.

Les mesures gouvernementales doivent encore être approuvées à la mi-décembre par le parlement, où le parti de Viktor Orban, le Fidesz, détient une majorité des deux-tiers. L’opposition tire déjà à boulets rouges sur ce projet, qualifié de pur chantage. Le parti socialiste, dans l’opposition, a de son côté annoncé une consultation populaire sur le projet du gouvernement et la mise en place d’un numéro de téléphone gratuit pour fédérer les particuliers voulant porter l’affaire devant la justice.

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