Par François Ménager, depuis Shanghai, Chine
Comme je le remarquais récemment, le développement des pays en développement ne suit pas forcément le même chemin que les pays développés. C’est là une chose qui souvent nous étonne, nous heureux développés que nous sommes, qu’il puisse y avoir d’autres façons de faire que les nôtres, surtout quand ce sont des pays arriérés qui nous le montrent. Et d’autant plus quand ces façons ne le cèdent en rien aux nôtres. Voire quand elles les dépassent ou qu’elles détournent des objets que nous avons inventés vers d’autres usages auxquels nous n’avions pas pensé.
Ainsi, tout voyageur de passage à Shanghai, ou plus encore à Pékin, aura remarqué l’étonnante majorité de deux roues à propulsion électrique dans le très vaste et très divers éventail des véhicules de toutes sortes qui circulent sur les routes chinoises.
Ci-dessous, un très modeste échantillon de tricycles shanghaiens qui, sous leur apparence vétuste, dissimulent un moteur électrique
Alors que, pour beaucoup d’entre nous en Europe, la propulsion électrique semble être un vieux rêve futuriste qui ne se réalisera sans doute jamais, à mi-chemin entre le délire du professeur de technologie de collège et le caprice bobo réservé à une élite éduquée, riche, éco-consciente et nécessairement technologiquement supérieurement avancée, quelle n’est pas notre surprise de voir ici à chaque coin de rue, débouler de chaque lilong à Shanghai, comme des hutong pékinois, des familles entières de pauvres (la politique de l’enfant unique aide, c’est vrai, en réduisant la taille de ladite famille) et de moyens-classés juchés sur des scooters, vélos, et autres tricycles électriques ! Les riches eux, comme partout dans le monde, brûlent du pétrole dans des moteurs allemands ou italiens.
Je dis « notre », mais en fait c’est plutôt votre surprise, à vous visiteurs de passage, tant ce spectacle commun est devenu d’une banalité aveuglante pour quiconque a vécu ici plus de deux heures.
Je tiens d’ailleurs à préciser que j’exclus bien sûr de ce propos les honorables habitants de régions à la pointe du progrès, et en tout particulier le département du Loir-et-Cher et son pôle de compétitivité indépendant, qui grâce à de remarquables initiatives purement individuelles et privées (comme toujours, et contrairement à ce que croient les partisans du tout-État-subventionné) mènent petit à petit l’Humanité vers l’âge des autos sans pétrole, sans bruit, et en bref sauvent le monde.
Mais revenons à nos électrons libres chinois. Un problème se pose au propriétaire d’une telle monture à électrons : celui de la recharge. Elle est en effet nécessairement plus fréquente que celle du réservoir d’un véhicule à pétrole, et surtout beaucoup moins rapide. Qu’à cela ne tienne, il n’est de problèmes qui n’aient leurs solutions ! Il existe donc ici un peu partout des
C’est-à-dire des stations de recharge rapide à 1 Yuan, réparties un peu partout dans la ville. Les échoppes qui vendent pêle-mêle pattes de poulet sous vide, tabac, boissons, tongues, journaux et poudre de perlimpinpin proposent ainsi des recharges rapides en électricité. On peut y brancher jusqu’à quatre véhicules à la fois, et une quinzaine de minutes équivaudrait à peu près, selon les témoignages que j’ai recueillis, à la quantité d’avoine nécessaire pour rentrer chez soi. Cela tombe plutôt bien, l’OMS recommandant justement des siestes de courte durée à la fin des repas pour faciliter la digestion d’une part et le repos du cerveau d’autre part, ce que les Chinois ont admirablement bien compris.
Personnellement, comme je suis un ultra-arriéré, ascendant conservateur, je n’ai qu’un modeste vélo à propulsion humaine. Et comme mon esclave est plutôt docile, je n’envisage pas de changer. Je ne sais par conséquent pas ce que valent ces recharges. Mais je promets de me renseigner.
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Sur le web.
J’ai compris ! L’auteur est chrétien : Le monde pour lui est en génération spontanée, il ignore tout du concept d’évolution et de pression de l’environnement…
L’intérêt des chinois pour l’environnement est assez réduit : tant que ce dernier subvient à leur besoin, ils n’en demandent pas plus. En tout cas pas au point de faire du choix d’un véhicule électrique un choix idéologique. Non, le choix est plus bêtement pragmatique : c’est ce qui est le moins cher là bas, le plus pratique, et ce qui répond le mieux à leurs besoins (déplacements courts en ville, jamais loin d’une borne de recharge). Toute ressemblance avec ce qui est dit par ailleurs sur une économie libérale serait bien sûr assez peu fortuit. En tout cas pas de lien avec une quelconque religion (d’ailleurs, si l’auteur pouvait faire passer un petit mot sur la religiosité chinoise, ça pourrait être rigolo 🙂
les chinois ne sont pas si ignorants de l’envirronement que la TV parisienne peut laissé croire : étant serrés sur leurs terre depuis des siècles, ils savent pertinament qu’ils doivent en prendre soins comme la prunelle de leur yeux. quand à l’envirronnement » naturel » seul ayant droit de cité sur TVBOBO , la phylosophie taoiste leur à appris depuis longtemps à le respecter également…
Ce qu’il faut préciser, c’est que les velo-camion (c’est comme que je l’es appelle), sont souvent des pièces de plusieurs marques qui sont soudées ensemble, et d’une solidité incroyable.
J’en ai encore vu un dimanche qui livrais un centre commerciale, la fourche ressemblais un Peugeot 103, le reste était de l’assemblage de divers marques. Il y avait 3 bidons de 20 litres + des caisses + des cartons, je pense environ 150 kg de marchandise, propulse par 2 batteries de voiture, avec lumière et bruitage quand il recule.
Celui qui ni vient pas le voir de ses yeux, ne peux pas comprendre.
Dommage que vous montriez pas les vespas d’expat. Me suis fait voler mon premier vendredi soir.
Beaucoup de gens roulent a l’electrique parce qu’ils n’ont pas vraiment les moyens de faire autrement (au dela de l’achat de la voiture, il faut pouvoir l’entreposer, ce qui a shanghai centre est complique).
Question securite, ces appareils sont le niveau 0. Mais toujours est il que l’absence de millions de normes a la con permettent l’emergence de solutions.
Les lilong depassent rarement le 20km/h. En scooter, je roule a 60 (20 km d’autonomie) et par consequent, je prefere rouler avec les voitures, moins dangereux (tant qu’on tourne pas a gauche).
…
Je parie que les villes où se développe le vélo électrique sont plates.