En répétant toute la journée que le pouvoir politique est « à la botte » du pouvoir financier, les journalistes et les représentants de l’opposition se gargarisent d’une lotion certes sucrée, mais confondante de mauvaise foi (ou chez les plus simples, de sottise). En effet, comment donner des leçons de morale aux marchés le matin, et y faire la manche l’après midi ?
Par Renaud Dozoul.
Quand même à gauche, on cite le général De Gaulle (qui inspire aujourd’hui jusqu’à Arnaud Montebourg) comme modèle de défiance vis-à -vis des « pouvoirs financiers », on oublie un peu vite que le Général-Président pouvait se le permettre pour une raison très simple : zéro déficit.
Un État qui se finance tout seul peut effectivement gourmander les acteurs de la finance, mais comment imaginer faire les gros yeux au marché alors que nous en sommes structurellement dépendants depuis 35 ans ? Comment se sentir libre vis-à -vis de son créancier quand le remboursement des seuls intérêts de la dette est le premier budget de l’État, devant celui de l’éducation ?
Les discours volontaristes en la matière, sont du niveau de l’adolescent qui crie « indépendance ! » à ses parents, en leur demandant de l’argent pour s’acheter ses baskets.
Il faut faire un choix : emprunter la moitié du budget de l’État tous les ans aux conditions qui nous seront offertes et ne pas espérer un centimètre de marge de négociation, ou bien faire un énorme ménage dans la dépense publique, diminuer la taille de l’État de moitié, réduire le déficit à zéro, et retrouver l’indépendance, seule condition de la liberté de ton et d’action face au marché.
Il n’y a pas de troisième voie. Le reste n’est qu’incantation, et déni de réalité. Et comme on le sait depuis 1924, la réalité est décidément très têtue.
Les citoyens payent des taxes et remboursent des prêts. Les entreprises payent des taxes et remboursent des prêts. Les Etats collectent les taxes et rembourse leurs dettes. Tout le monde doit donc rembourser les banques qui dans leur grande bonté accepte de nous faire confiance en créant l’argent (« tape 100 000 dans la case compte courant Robert, cas devrait lui suffire ») qu’ils nous prêtent. Le monde entier est doit donc taffer pour payer les banquiers (gasp), logique!
Je crois que je vais me faire banquier 😉
Sigma, lorsqu’un banquier vous prête, la création monétaire qui s’en suit est le résultat d’un accord entre le banquier et vous-même. Dit autrement, vous êtes responsable de la création monétaire, tout autant que le banquier. Vous devez donc travailler pour détruire la création monétaire qui vous bénéficie directement, non pour payer le banquier.
En revanche, si vous collectivisez la création monétaire (banque centrale qui crée de la monnaie pour financer les lubies étatistes), vous devrez travailler pour détruire la création monétaire qui a été faite sur votre dos. En conséquence, vous perdez votre liberté et la propriété des fruits de votre travail. Vous êtes relégué au rang d’un esclave !
C’est bien pire que ça : c’est l’emprunteur et lui seul qui est responsable de la création monétaire, pas le banquier. Le banquier ne fait que se porter caution, sur ses deniers : il vous a mis de l’argent à disposition en échange d’une créance et cet argent a été mis en circulation dans tout le système économique ; si la créance ne correspond pas, si vous ne remboursez pas, pour que le système reste à l’équilibre c’est le banquier qui paiera.