Viol d’Internet par l’État : la France montre le chemin

Grâce à la LOPPSI (une loi) et à la LICRA (une association « citoyenne »), le gouvernement va enfin pouvoir tirer les marrons du feu d’Internet. Et ça dépote.

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Viol d’Internet par l’État : la France montre le chemin

Publié le 15 décembre 2010
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Avec la fuite diplomatique monumentale des câbles d’ambassades, on a eu droit à un aperçu assez large des actions que peuvent mener les états pour protéger leurs prérogatives. Parallèlement, la distribution de coup de battes dans les rotules des fuitards de Wikileaks a notoirement accru le buzz autour de ces câbles, ce qui démontre en outre que nos gouvernants sont toujours restés coincés dans un mode de gestion de l’information terriblement XXème siècle. Heureusement, la France de Sarkozy montre la voie : l’internet, elle le prend, le retourne dans un parking sombre et pif paf n’en parlons plus !

….Moui, bon, je sais, c’est une présentation un peu caricaturale : en fait, pour certains internautes, notamment des blogueurs zinfluents, l’élite en charge procèdera plus subtilement, mêlant GHB et flatterie dans un délicieux repas élyséen où pourtant, les sujets suffisants pour jeter des boissons au visage ne manqueront pas.

Pour les autres (pas assez influents, ou pas blogueurs), nous devrons nous contenter du petit coin glauque avec ou sans vaseline suivant l’humeur du malfrat.

Et quand c’est le Baron Brice, c’est certainement avec : tout doit glisser mieux qu’une pension de retraité à la Poste, qui a, très manifestement, des petits soucis de trésorerie actuellement, comme d’autres banques, pour gérer les émoluments de la génération papy-boom.

Pour Hortefeux, en effet, pas question de provoquer des vagues ou de faire crier la victime : l’outrage final aura bien lieu, mais il se fera dans le silence terrible de l’indifférence et de l’ignorance. Rarissimes sont en effet les organes de presse à avoir relayé la dernière défloraison sauvage que le ministère de l’Intérieur aura fait subir à l’Internet par le truchement d’un de ses outils perforants et vicieux, la LICRA.

Vous ne le saviez pas, mais ce ministère a pourtant signé un partenariat permettant à la LICRA de surveiller les sites internet pour y traquer le racisme. Décrypté, cela veut donc dire que des missions comme celles d’investigation et de police, au départ de la seule compétence du ministère régalien, ont été en partie déléguées à une association qu’on pourra qualifier sans peine de partisane : au travers de la magnifique plateforme de délation PHAROS, vous pourrez donc faire fermer, outre des sites pédophiles, les sites de personnes incitant à la haine des races (mais pas des classes) ou à l’émeute (sauf quand elle est prolétarienne), et grâce à ce partenariat s’opérera un échange permanent d’information entre la Ligue et le ministère.

En tant que blogueur d’extrême-droite qui adore les nazis pédophiles partouzeurs de gauche, je pourrais donc, si j’étais resté en France, vivre dans la crainte d’une arrivée musclée de la Lipo (LICRA Polizei) mandatée par Brice pour venir me corriger la pensée avec son gros braquemard bien pensant.

J’entends déjà quelques optimistes m’expliquer doctement que l’intervention de la LICRA sur internet, c’est pour notre bien, à nous, internautes idiots et libertaires, qui avons la mauvaise idée de laisser dire ou faire les pires horreurs, comme, par exemple, les fuites diplomatiques qui auront permis de révéler à la face du monde stupéfait que Sarkozy était un petit autoritaire excité. J’entends aussi les remarques sur le mode « Internet, c’est le far west, il faut bien des règles« , alors même que sans ces règles que ces indigents optimistes appellent de leurs vœux humides, le médium en question ne pullule pourtant pas de sites racistes.

Encore une fois, la France montre la voie vers une bonne censure. Pas la censure étatique, visible, grossière et décriée. Je parle de l’efficace, la sournoise, la subtile, l’auto-censure anti-déviances qui affecte ceux qui n’en pensent pas moins mais ne veulent pas se laisser aller, ceux qui pensent clairement de travers mais ne veulent pas que cela se sache, ceux qui n’ont pas les bonnes idées et veulent le faire savoir mais ne le font que par allusions, etc…

Brice, ici, joue sur du velours : qui peut dire, sans passer pour un idéaliste utopique ou un raciste de première bourre, que ce partenariat est de la crotte lyophilisée ? C’est tout l’intérêt de la manoeuvre : la censure, effective, calculée et omniprésente se met en place dans le silence feutré d’une presse déjà acquise à la mesure.

censorship : the worst part of it is (censored)

Et à l’outrage, que Brice pratique donc muni d’outils de plus en plus exotiques (on distingue, sur la petite table devant laquelle il opère ses forfaits, une pince coupante, un chalumeau ainsi qu’un ananas et un trépan pétrolier), on peut aussi ajouter l’insulte pure et simple : non seulement, l’internet français va se retrouver corseté, sous ceinture de chasteté, et progressivement défiguré par les jets acides d’associations lucratives sans but de lutte contre des déviances toujours plus nombreuses, mais en plus, le ministère va se faire du pognon en vendant les informations qu’il récolte dans l’exercice de ses fonctions.

La consternation s’empare ici du lecteur normalement constitué. Une très légère envie de meurtre dans le respect citoyen de la différence mais avec des objets très mal affûtés doit l’envahir doucement, et ne manquera pas de lui picoter un peu les doigts le jour où il devra payer sa carte grise en préfecture.

En effet, la LOPPSI 2 dont on pouvait déjà deviner, en juillet 2009, qu’elle allait tourner à l’horreur sanguinolente, permet à présent à l’Etat de vendre les fichiers personnel de carte grise aux constructeurs automobiles, aux fabricants de plaques d’immatriculation ou aux vendeurs de portes & fenêtres en alu qui appellent à 19H17 tous les soirs de semaine. Moyennant un prix modique, vous allez, joyeux citoyens, avoir l’absolue certitude que vous ne serez pas mis au courant qu’on refourgue vos coordonnées et la marque de votre voiture à n’importe quel clampin qui paye.

Loppsi : sur internet, en France, personne ne vous entend crier

L’état va donc se sucrer une première fois pour vous donner le droit d’utiliser des routes que vous payez avec vos impôts, puis une deuxième fois en revendant les informations collectées lorsque vous venez vous faire voler la première fois.

C’est aussi ça, la société de l’information vue depuis l’Elysée !
—-
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