La nature dépeinte par les écologistes est largement idéalisée. La nature, l’état sauvage – que le « bio » prétend prendre comme modèle et critère – montre avant tout, d’un côté, des bêtes malades, mal nourries, mal soignées, où une santé éclatante n’est l’apanage que de quelques exceptions, pendant peu de temps, de l’autre, des plantes rachitiques, médiocres, insuffisantes et souvent impropres à la consommation humaine.
Aujourd’hui, personne n’échappe à la propagande massive destinée à promouvoir le « bio » et le « naturel ». Et on ne se lassera jamais de répéter que « naturel » n’est pas synonyme de « bon ». Après tout, le venin du cobra est parfaitement naturel et tout aussi létal. Mais la mode et le libre marché font que de nombreuses personnes sont disposées à payer deux ou trois fois plus pour des produits « bio » ou « naturel » parce que « la santé et le bien-être n’ont pas de prix ». Les consommateurs qui optent pour un régime alimentaire incluant des produits catalogués « bio » espèrent – en payant plus – améliorer leur santé. Cependant, selon une nouvelle étude, il n’existe actuellement aucune élément solide prouvant la justesse de cette démarche. Les soupçons au sujet de l’« inutilité » alimentaire des produits « bio » ou même, pire, de certains dangers les concernant ne sont pas neufs.
Déjà, en 2005, une étude de l’Université de Berne réalisée sous la conduite du professeur Jürg Blum bousculait l’imagerie d’Épinal qui prête à tout ce qui serait « bio » une qualité supérieure aux produits alimentaires obtenus via l’industrie alimentaire classique. Basées sur une étude en profondeur de la qualité du lait « bio » et de la santé de la vache qui le produit, les conclusions de l’étude publiée dans le journal universitaire UniPress furent ravageuses. Tout d’abord, les vaches « bio » produisent, à cause de la faiblesse de leur alimentation, jusqu’à 12% moins de lait que les autres. Privées des compléments nutritifs, les bêtes manquent de protéines, de minéraux et de vitamines alors que les vaches laitières perdent leurs forces durant les premiers mois de lactation. Ceci n’a certes pas d’effets directs sur la qualité de la production, mais sur le bien-être des animaux. Surtout si l’on tien compte du fait que cet affaiblissement augmente les risques de maladie et les problèmes de fertilité. Le bilan sanitaire du lait « bio » est en revanche plus préoccupant. Parce que les éleveurs « bio » refusent d’utiliser les antibiotiques à titre préventif (notamment pour protéger les animaux sains qui ont côtoyés une bête malade), les pis des vaches sont plus fréquemment infectés. Ces infections, souvent impossibles à reconnaître à l’œil nu, font parfois arriver les germes dans le lait de consommation. Et contrairement à une idée reçue répandue, les restrictions médicamenteuses ne limitent pas le nombre de souches de germes résistantes aux antibiotiques dans le lait « bio ». Le professeur Blum et ses collaborateurs en détectèrent tout autant que dans le lait normal. Un an plus tard, une autre étude menée à la Strathclyde University et publiée dans l’International Journal of Food Sciences and Nutrition indiquait, quant à elle, que le poulet élevé en batterie est bien meilleur, à tous les points de vue, que le poulet « bio ». Mais il est vrai que le premier est nettement moins fashionable.
En France également, Léon Guéguen et Gérard Pascal, chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) ont publié un rapport dans lequel ils mettent en évidence le peu de différences observées entre les produits issus de l’agriculture « bio » et ceux issus de l’agriculture conventionnelle. Les résultats publiés dans Les Cahiers de nutrition et de diététique montrent que les faibles différences observées entre aliments « bio » et ceux de la filière classique n’ont aucune répercussion significative sur la nutrition et la santé. Aucune différence marquante n’a été relevée pour les glucides, les minéraux et les oligo-éléments dans les aliments analysés, et l’affirmation faisant cas de teneurs plus élevées en magnésium dans certains légumes n’a pas été confirmée. Ces chercheurs ont également constaté que les céréales « bio » étaient plus pauvres en protéines. Des teneurs plus élevées en vitamine C et en polyphénols, mais des teneurs plus faibles en caroténoïdes, ont souvent été observées en agriculture biologique, sans effet démontré sur le statut antioxydant sanguin. Cette étude confirme donc le rapport publié en 2003 par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) sur l’évaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique. Celui-ci concluait lui-aussi que les différences de composition chimique avec les aliments issus de l’agriculture conventionnelle étaient faibles et sans signification dans le cadre d’un régime alimentaire global.
Cette année, c’est une étude menée en Grande-Bretagne par des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et publiée par l’American Journal of Clinical Nutrition, qui arrive à des conclusions similaires. Dans cette étude, les chercheurs ont analysé des articles publiés par la littérature scientifique de ces 50 dernières années et n’ont trouvé aucune preuve de ce que les aliments « bio » et conventionnels diffèreraient significativement dans leur contenu nutritionnel. Par ailleurs, le docteur Alan Dangour et ses collègues pointent le nombre réduit et la mauvaise qualité des études censés démontrés les bienfaits des produits alimentaires de la filière « bio ». On découvre ainsi que ces études se concentraient majoritairement sur les effets à court terme de l’alimentation « bio » – essentiellement autour de l’activité des antioxydants dans le corps – au lieu d’étudier les conséquences pour la santé à long terme. Mais même ainsi, la majorité des études sur les antioxydants ne sont pas parvenues à détecter des différences entre les régimes alimentaires « bio » et conventionnel.
Au final, tous ces chercheurs n’ont rien découvert de bien révolutionnaire. Leurs recherches ont plutôt tendance à valider le sens commun et la logique, qui veulent que les contraintes idéologiques qui s’appliquent à la filière « bio » nuisent tant aux animaux qu’à la qualité de leurs produits. Une fois de plus l’idéologie sous-jacente à la production « bio » entre en conflit avec le monde réel. La nature dépeinte par les écologistes est largement idéalisée. La nature, l’état sauvage – que le « bio » prétend prendre comme modèle et critère – montre avant tout, d’un côté, des bêtes malades, mal nourries, mal soignées, où une santé éclatante n’est l’apanage que de quelques exceptions, pendant peu de temps, de l’autre, des plantes rachitiques, médiocres, insuffisantes et souvent impropres à la consommation humaine. Voilà la réalité de l’état de nature hors de la présence de l’homme, qui fait éclater l’absurdité de la filière « bio » au sujet de produits alimentaires qui sont pratiquement tous des créations artificielles de l’homme.
Je suis convaincu de la véracité de ces études, cependant un point me chiffonne: pourquoi n'est il fait aucune mention de pesticides? C'est pourtant le premier et principal argument en faveur du bio.
J'ai vu une émission thématique intéressante hier soir sur Arte dont le thème était la gastronomie au niveau mondial. Dans le débat qui a suivi, animé par Daniel Leconte, le rédacteur en chef de Marianne, Perico Legasse, grand connaisseur en matière de gastronomie, a jeté un froid sur le plateau en répondant à la question de savoir si la nourriture était de plus en plus saine ; il a affirmé que oui, au point de vue bactériologique, la nourriture est toujours plus saine ; mais que les molécules qui ont permis cet assainissement (conservateurs etc…) sont arrivées à un degré d'utilisation tel que le contre-poison devient aujourd'hui plus nocif que le poison, et que les cancers alimentaires sont en plein essor dans les sociétés où la nourriture industrielle est le plus répandue.
Il y a beaucoup d'autres choses qui peuvent être soupçonnées, les glucides raffinées ou le ratio omega 6 / omega 3, par exemple, ainsi que la fraicheur et la diversité de ce qu'on mange.
Il faut bien mourir de quelque chose, les maladies directement liées à la malnutrition (famines) étant en baisse, les autres causes de mortalité augmentent automatiquement, car le taux de mortalité des être vivants est de 100 %
D'accord avec Brennec, beaucoup de personnes qui achètent bio, le font pour eviter les pesticide plus que pour une pseudo meilleure qualité nutritionnelle …
C'est un titre accrocheur ! L'argumentation est moins à la hauteur. Des assertions non prouvées (en quoi les vaches bio seraient-elles plus malades parce qu'elles produisent une quantité normale de lait?!?), des études brandies pour valider un discours clairement orienté et des points sciemment occultés.
A commencer par les pesticides et autres intrants chimiques de synthèse qui polluent durablement les sols, l'air et l'eau (jetez une fois un oeil aux rapports sur la qualité des eaux) et surtout se retrouvent dans notre alimentation (je rejoins Brennec et Fred972). En revanche, manger bio coûte un prix certain, mais c'est le véritable prix de produits agricoles de qualité (encadrés par un cahier des charges précis et contrôlé) dont la production est reconnue la moins impactante sur l'environnement, par l'INRA notamment. Cessons d'argumenter que nous devons nourrir le monde en produisant plus, mais permettons-lui de se nourrir lui-même. Car les systèmes industriels massifs si sécurisants incitent les pays émergents à produire des OGM pour nourrir nos vaches au lieu de nourrir leur population…
De plus, la logique évoquée par l'auteur est fort curieuse puisque l'agriculture biologique est reconnue pour son respect du bien-être animal (au moins les animaux ont-ils le droit de sortir et ne mangent que des végétaux) et que les aliments bio sont bien plus proches des aliments "originels" grâce aux aliments complets, non raffinés,…
Je rappelle enfin à l'auteur de cet article que la nature est ce qui lui permet de respirer, de boire et de manger, donc ce n'est pas si mauvais ou "létal" que le venin de cobra peut le laisser penser. Il s'agit plutôt de respecter le bien commun qu'est l'environnement dans lequel nous vivons, les cycles naturels et préserver ces équilibres fragiles.
Les vaches des élevages bio sont plus souvent et plus rapidement malades parce que l'éleveur ne leur donne pas de médicament en prévention, et une fois qu'elles tombent malades, il ne leur en donne toujours pas. Si elles ne guérissent pas spontanément (et rapidement), elles filent tout droit à l'abattoir.
Concernant le bien-être animal, il n'est pas plus source de préoccupation dans les élevages bio que dans les élevages standards, mais il est vrai que les cahiers des charges du bio imposent une réglementation plus stricte, "améliorant" souvent le "confort" des animaux.
Dans les élevages de poules pondeuses par exemple, les conditions de vie sont bien meilleures dans les élevages bio : elles bénéficient de plus d'espace, elles jouissent d'une vie en extérieur, de la lumière du soleil, d'une nourriture de meilleure qualité, de moins de stress, de meilleures relations avec leurs congénères…
les surfaces bio consacrées aux principales grandes cultures (blé tendre, maïs, triticale et orge) accusent un très net recul entre les campagnes 2008-2009 et 2009-2010 : moins 13% pour le blé, moins 6% pour le maïs et moins 1% pour le triticale. Seule l’orge s’en sort avec une progression de plus 8%. Au total, il y avait pour la campagne 2009-2010 moins de 60.000 hectares de cultures en céréales bio, contre 63.300 ha en 2008/2009, soit une baisse de 4.000 ha (moins 6%).
il ne suffit pas d’avoir des surfaces pour obtenir de bons rendements. Or, pour le blé bio, l’estimation du rendement moyen stagne à 27 q/ha, soit le tiers des 77 q/ha enregistrés en blé conventionnel en 2009.
En trente ans , les rendements moyens en blé bio ont chuté d’au minimum 10 q/ha, voire 20, alors que les rendements en blé conventionnel ont doublé, se situant aujourd’hui entre 65 q/ha et 75 q/ha (71,8 q/ha pour 2005 ; 69,4 q/ha pour 2006 ; 64 q/ha pour 2007 ; 73,2 q/ha pour 2008). ( 77 q/ha pour 2009 ) http://www.agriculture-environnement.fr/spip.php?…
Des teneurs en protéines plus faibles pour les blés bio autour de 10 % .
L’argumentation de cet article tourne essentiellement autour du fait que le bio n’aurait pas de meilleures qualité nutritives que le conventionnel, c’est une bien pauvre argumentation, l’auteur me semble mal informé, il ferait de l’anti-bio primaire, confondant les promoteurs du bio et le bio lui-même que je n’en serais pas étonnée.
Personnellement je mange souvent bio, pour beaucoup raisons qui ne relèvent d’aucune idéologie mais simplement du pur bon sens. Je veux parler de l’usage intensif des pesticides, de l’emploi des OGM, de cette agriculture intensive avec ses grosses machines et ses lobbies puissants et avides, qui aimeraient contrôler notre alimentation, domaine vital s’il en est.
Autre vision erronée et à vrai dire ridicule, l’agriculture bio serait « naturelle », donc aux yeux de l’auteur, les agriculteurs bio n’interviendraient jamais, ne mettraient pas de fertilisants, ne soigneraient pas leurs plantes ou leur animaux, n’utiliseraient pas de méthodes de conservation, bref, ce serait des arriérés adeptes de la cueillette et qui iraient chasser les lapins ou les cochons sauvages, au risque de nous refiler la myxomatose ou le ver solitaire.
Bien au contraire, la culture bio est très coûteuse en temps et réclame beaucoup de soins pour pallier la dureté de la nature qui est autant une mère qu’une marâtre (je ne voudrais pour rien au monde revenir au temps des cavernes), mais le cahier des charges exige l’utilisation de procédés respectueux, c’est toute la différence.
J’ai dans ma famille des cousins qui possèdent une petite ferme qui allait à la faillite s’ils avaient continué à fonctionner dans le système conventionnel avec soumission aux lobbies et vente par l’intermédiaire de la coopérative. Ils se sont reconvertis et repris leur indépendance. Aujourd’hui, ils ne traient leurs vaches qu’une fois par jour, moyennant quoi leur production n’a diminué que de 10%. Ils se fatiguent beaucoup moins et les vaches aussi pour une très modeste diminution de la rentabilité. A ce jour, aucun de leurs fidèles clients locaux n’a été intoxiqué, ils sont soumis à des règles d’hygiène drastiques et ils s’y soumettent volontiers.
J’ai sur le marché un producteur de pommes qui est passé en bio, la conversion a duré 3ans. La seule différence que j’ai vue, c’est que les pommes ne sont pas toujours aussi rondes et lisses qu’avant, mais elles sont très bonnes, plus denses et pas plus chères. Pour la conservation, il a dû investir dans des chambres froides, pourtant génératrices d’effet de serre, preuve que le bio n’est pas aussi sectaire et que des impasses sont acceptées quand on ne peut faire autrement.
Quant aux ayatollah verts, je ne les porte pas dans mon cœur. Un exemple parmi tant d’autres, le projet de Mme Jouaneau d’instaurer un péage à l’entrée de Paris. Pour empêcher les banlieusards de venir en voiture dans la capitale, on aurait pu proposer d’améliorer les transports en commun, mais on préfère taxer encore un peu plus les pauvres bougres ou les contraindre à vivre leur galère journalière. Alors oui les Vert me dégoûtent souvent, mais ça n’a rien à voir avec ma démarche citoyenne écolo et pro-bio. Il y a des hommes politiques qui ne se collent pas l'étiquette écolo et qui le sont dans l'esprit, c'est le cas de Dupont-Aignan.
Et puis, cher auteur de l'article, j'aimerais vous suggérer, plutôt que d’éplucher les articles de tous ces éminents spécialistes, de mettre vos bottes et d'aller voir par vous-même sur le terrain, il n'y a que ça de vrai.
Merci pour ce commentaire. Très bonne remarque sur la circulation à Paris, sujet sur lequel nous vous rejoignons, et que nous avons couvert ici : http://www.contrepoints.org/2010/12/24/9659-paris…
En tout cas rien de meilleur que le steack et l’entrecôte bio du boucher après oui c’est plus cher mais c’ est un choix de consommation. Chacun son avis sur le sujet mais dire que il n ‘y pas de différence entre du haché top budget et du haché du boucher c’ est de la malhonnêteté intellectuelle.