Nouvelle bulle immobilière

Jim Flaherty essaie de dégonfler la bulle immobilière qui sévit à plusieurs endroits au pays

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Nouvelle bulle immobilière

Publié le 19 janvier 2011
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 Petit à petit, Jim Flaherty essaie de dégonfler la bulle immobilière qui sévit à plusieurs endroits au pays. Mais comme un enfant qui aspire l’air d’un ballon gonflé à hélium, la voix de M. Flaherty commence à devenir fluette, à perdre son autorité.

Malgré les avertissements répétés de notre ministre, nous continuons à nous endetter comme jamais — encore plus que les Américains juste avant leur crise. Le prix des maisons continue d’exploser. De Vancouver au Plateau Mont-Royal, en passant par Toronto, où le prix moyen d’une maison vient d’atteindre $500. 000.

Le resserrement des règles entourant le crédit hypothécaire, annoncé lundi par M. Flaherty, représente certes un pas dans la bonne direction. Hypothèques qui passent de 35 à 30 ans maximum, règles plus strictes pour le refinancement hypothécaire — plus difficile d’hypothéquer votre maison pour acheter un camion ou un ski-doo, etc. Le tout effectif à partir du mois de mars.

Un petit pas. Trop tard, mais dans la bonne direction.

Bon pour les banques

Ironiquement, ces mesures auront pour résultat… d’augmenter l’endettement. Du moins à court terme.

« Ça va vitaminer les résultats du premier trimestre », m’a confié un gestionnaire d’une grande banque. « D’une part, les premiers acheteurs vont se faire pousser dans le dos par les agents immobiliers et les constructeurs pour signer avant le mois de mars. De l’autre, tous les gens qui ont des projets (rénovations, consolidation de dettes et autres) vont vite venir frapper à nos portes. »

C’est exactement ce qui s’est passé l’an dernier. Après que Jim Flaherty eut décidé de serrer la vis aux acheteurs de maisons avec des mesures semblables. « On avait connu un de nos plus gros trimestres! »

Le cœur du problème

Le gouvernement annonce aussi qu’il cesse d’assurer les marges de crédit hypothécaires garanties par des propriétés. S’il y a défaut de paiement, la banque va payer. Pas les contribuables. Bonne nouvelle. Même si ces marges de crédit représentent une infime partie de la « business » des banques, c’est la mesure qui me réjouit le plus. Car elle touche au cœur du problème : les prêts garantis par l’État.

En ce moment, plus de la moitié des prêts hypothécaires des banques sont assurés par la SCHL, un organisme gouvernemental. Si l’acheteur cesse de payer sa maison, c’est vous, contribuables, qui allez payer. Pas la banque. En d’autres mots : face la banque gagne, pile vous perdez.

Si on veut réduire le crédit facile — et la fâcheuse habitude des banques à prêter à des ménages qui n’en ont pas les moyens —, il faut réduire les prêts garantis par la SCHL. Et carrément revoir le rôle de cet organisme, qui profite principalement aux banques. C’est la façon logique de responsabiliser les banques. Lorsque c’est votre argent qui est en jeu, vous prenez moins de risques. Mais quand c’est l’argent des autres…

Flaherty vs. Flaherty

Mais tout ça demeure futile si on laisse les taux d’intérêt au plancher, comme la Banque du Canada le fait depuis trois ans. Quand ça ne coûte pas cher d’emprunter, on emprunte. Peu importe les règles qu’on nous impose.

Le gouvernement fédéral, par le biais de la SCHL et de la Banque du Canada, est grandement à blâmer dans cette bulle immobilière et d’endettement. Certains diront qu’on n’avait pas le choix. Qu’il fallait baisser les taux d’intérêt et stimuler la consommation pour éviter la crise.

Peut-être. N’empêche que Jim Flaherty, aujourd’hui, essaie tant bien que mal de corriger les effets secondaires de ses propres politiques

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