L’évolution économique de la Suède

La Suède est une démonstration éloquente que le libéralisme est créateur de richesse

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L’évolution économique de la Suède

Publié le 24 janvier 2011
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Les gauchistes du Québec et d’ailleurs font souvent référence à la Suède comment étant le système quasi-idéal. Selon eux, la Suède prouve qu’il est possible de figurer parmi les pays les plus riches du monde tout en ayant des impôts élevés, un gros gouvernement et un marché du travail hyper-règlementé. Est-ce une preuve que libéralisme n’est pas nécessaire à la création de richesse ?

La Suède se classe 14e (sur 182 pays) pour ce qui est du PIB par habitant selon la Banque mondiale (2010). Il s’agit donc incontestablement d’un pays riche. Elle ne l’a cependant pas toujours été. Au début du XIXe siècle, elle figurait parmi les pays les plus pauvres.

Entre 1850 et 1970, la Suède a connu un extraordinaire rattrapage économique. Son expansion économique a culminé en 1970, alors que le pays était le quatrième plus riche du monde. Il bénéficiait alors d’une solide protection des droits de propriété, d’une règlementation peu contraignante et de faibles impôts (similaires à ceux des États-Unis). Au début des années 1950, les dépenses du gouvernement en pourcentage du PIB étaient très basses, à environ 20 %, inférieures au niveau observé aux États-Unis.

Dans les années 1970, les choses ont commencé à se renverser alors que l’État-providence a pris de l’expansion en Suède. Le gouvernement a donné des subventions aux entreprises en difficulté. La règlementation du marché du travail fut aussi augmentée. Les syndicats se sont renforcés, les licenciements sont devenus dispendieux, certains chômeurs ont pu obtenir des indemnités allant jusqu’à 80 % de leur salaire. L’absentéisme est aussi devenu un grave problème, étant donné la règlementation trop généreuse envers les employés. Les impôts furent augmentés significativement. La compétitivité des entreprises suédoises s’est grandement détériorée, nuisant aux exportations. La devise suédoise fut dévaluée à plusieurs reprises dans le but de stimuler les exportations. Les dépenses du gouvernement ont atteint 60 % du PIB.

Quelle a été l’impact économique de cette croissance de l’État ?

En 1990, la Suède avait chuté au 9e rang de l’OCDE et en 1997, au 15e rang pour ce qui est du PIB par habitant. En 1993, le déficit budgétaire du gouvernement était de 13 % du PIB et la dette de 71 % du PIB (« The Swedish Model », Washington Times, 18 août 2009). Le taux de chômage s’est aussi mis à augmenter pour atteindre des niveaux dangereusement élevés. Les entreprises privées n’ont créé aucun emploi entre 1970 et 1990 (elles en ont plutôt perdu), alors que la fonction publique fut la source de toute la création d’emploi nette. Selon The Economist (« The Swedish Model », Admire the best, forget the rest », The Economist, 7 septembre 2006), une seule des 50 plus grandes entreprises suédoises a été créée après 1970 (les Ericsson, Volvo, Ikea et Electrolux ont toutes été créées avant 1950), ce qui démontre le manque de dynamisme de l’économie suédoise.

En fait, la Suède a connu une importante crise financière qui a culminé en 1993. Des changements règlementaires mis en place à partir de 1985 ont permis aux banques d’opérer avec de plus bas ratios de liquidité, leur permettant donc d’effectuer davantage de prêts et de créer davantage de monnaie. Ces changements ont généré une période de boom économique accompagnée d’une forte augmentation de l’endettement. Dans la deuxième moitié des années 1980, l’inflation avait été relativement élevée et les prix des actifs (bourse et immobilier) avaient augmenté en moyenne de +125 %, conséquences normales de la création de monnaie. (« The Swedish Banking Crisis : Roots and Consequences », Peter Englund, Oxford Review of Economic Policy, vol. 15 no 3, 1999). Le taux d’épargne a alors fortement diminué pour devenir négatif.

Au début des années 1990, la bulle a commencé à se dégonfler. L’inflation avait fait grandement diminué la compétitivité des entreprises exportatrices, puisque la Suède opérait alors un régime de taux de change fixe. La devise est donc devenue surévaluée puisque l’inflation élevée aurait dû faire baisser la valeur de la devise. Cette situation n’est pas passée inaperçue des spéculateurs internationaux, qui se sont mis à parier contre la krona. Pour protéger la valeur de la devise, la Riksbank devait augmenter son taux directeur (jusqu’à 500 %) pour inciter les investisseurs à acheter des titres suédois et empruntant des devises étrangères sur les marchés pour ensuite les utiliser pour acheter des kronas. Les taux d’intérêt élevés, la baisse des exportations et le dégonflement de la bulle inflationniste ont plongé l’économie en récession. En septembre 1992, le gouvernement a mis en place une garantie assurant la solvabilité du système bancaire. En novembre 1992, la Suède a dû abandonner son système de taux de change fixe et la krona s’est dévaluée de -20 %.

Devant cette détérioration de sa performance économique, des réformes ont été entreprises dans les années 1990. Le gouvernement s’est mis à privatiser des entreprises d’État, à libéraliser les marchés du crédit et des capitaux et à abaisser les impôts. Entre 1990 et 1991, le taux d’imposition des entreprises est passé de 53 % à 30 %. Le taux d’imposition des particuliers a aussi été abaissé.

Des réformes des systèmes scolaires et de santé ont été mises en place, faisant plus de place à l’entreprise privée ainsi qu’à la concurrence. L’intervention gouvernementale dans l’économie a régressé. Les dépenses en services sociaux ont aussi été réduites. Le nombre de fonctionnaires a été réduit de 38 %.

Les entreprises d’électricité, de télécommunications, de vente d’alcool et de transports en commun de même que les postes ont été confiés au privé. De plus, les gens ont désormais la possibilité de se retirer du système de pension ou d’assurance-chômage pour aller vers des fournisseurs privés. Du côté de la fonction publique, la rémunération les employés de l’État s’effectue selon la performance et non plus uniquement selon le principe d’ancienneté. Le déficit fut éliminé et le ratio dette/PIB réduit de moitié.

Ce renversement de tendance a permis de stopper la chute de la Suède, qui au cours de la dernière décennie a été l’un des pays européens affichant la meilleure croissance économique. D’ailleurs, au cours de la dernière récession, le gouvernement a réduit les impôts et a refusé de sauver le constructeur automobile Saab de la faillite, démontrant sa nouvelle attitude plus libérale.

 

Conclusion

Selon l’Institut Frazer, en 2008, la Suède s’est classée au 37e rang (sur 141 pays) concernant le niveau de liberté économique. Elle figure donc presque dans le premier quartile à cet égard ; il s’agit donc d’un pays bénéficiant d’une liberté économique élevée malgré les impôts relativement élevés et le marché du travail inflexible qui y sévissent.

La Suède possède un bon système légal, une bonne protection des droits de propriété et une monnaie relativement stable (depuis 1993). Ces grâce à ces éléments que la Suède est un pays riche, mais aussi grâce à son héritage libéral du début du XXe siècle. Au cours de cette période faste, des entrepreneurs dynamiques ont bâti le capital productif qui permet encore aujourd’hui à l’économie suédoise de créer de la richesse. Il est intéressant d’observer que lorsqu’elle a voulu dilapider ce capital pour le redistribuer, de graves problèmes économiques sont apparus, la forçant à rebrousser chemin.

À cet égard, la Suède est une démonstration éloquente que le libéralisme est créateur de richesse. En fait, la Suède montre la voie aux pays qui sont présentement en difficultés tels que les PIIGS : privatisations, réduction de la bureaucratie publique, diminution des impôts, diminution de l’interventionnisme économique y compris durant les récessions, plus grande place des fournisseurs privés dans la santé et l’éducation.

Donc, si certains voudraient que le Québec suive le modèle suédois, ils devraient réaliser que ce modèle vogue vers le libéralisme, et non vers l’étatisme.

Lire aussi : La Suède après le modèle suédois

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  • Votre article est un raccourci d’idées générales qui n’explique rien!! Vous ne détaillez pas les richesses des ressources naturelles… ni même les avantages sociaux dont bénéficient les suédois! Ils sont à mille lieux des systèmes libéraux qui ont causé la crise économique, dont tout le monde paye pour renflouer les banques. Comment privatiser les profits et nationaliser les pertes!!

  • « Ils sont à mille lieux des systèmes libéraux qui ont causé la crise économique, dont tout le monde paye pour renflouer les banques. »

    @sweden
    soyez logique, un système où « tout le monde paye pour renflouer les banques » n’est PAS un système libéral. Ironie de l’histoire, juste avant l’effondrement du marché bancaire, « l’ultra-libéral » Sarkozy avait exigé des banques d’accorder plus de prêts aux particuliers pour faciliter l’accès à la propriété, sinon, il ferait intervenir une loi ! Effondrement qui avait justement été causé l’inflation des crédits immobiliers douteux (les subprimes) encouragés par l’Etat même aux USA.
    Si vous croyez que c’est ça le libéralisme, c’est qu’on peut vous faire croire à n’importe quoi.

  • Et du coup, ne pourrait-on pas justifier la relance keynesienne par la sagesse libérale ?

    En clair, un pays qui a une gestion économique saine et ne s’endette pas se retrouverait en mesure de pratiquer à titre exceptionnel (crise économique) une relance keynesienne, comme ça a été le cas un peu partout. Et ce, sans s’endetter outre-mesure, sans risquer de problème, les seuls inconvénients pouvant être compensés ensuite par le retour à la normale.

    Ceci, en très grande différence de la situation de nos pays qui ont pratiqué uen telle politique alors que déjà surendettés, ils n’en avaient pas les moyens.

    La récompense du brave, en quelque sorte. 😛

  • C’est bien beau dans la théorie sauf qu’en pratique :

    A/ Les dépenses du gouvernement dans une véritable récession / dépression retardent les ajustements structurels qui permettent à l’économie de repartir sur des bases saines (faillites, reconversion des emplois bullaires : la crise se prolonge au final).

    B/ Ce serait possible si les gouvernements étaient à l’équilibre, sauf que demander une telle chose à un gouvernement revient à demander à un Saint Bernard de mettre des merguez de côté pour l’hiver : ça ne fonctionne pas comme ça malheureusement.

  • sweden,

    Mon message arrive en retard.

    Néanmoins, veuillez lire ceci :
    http://discardedlies.com/entry/?14684_swedens_eno
    Leur bonheur tellement vanté est un mythe. Leur taux de chômage si faible cache en réalité une grande misère. Les walfare programs masquent le fait que le chômage est facilement trois fois plus élevé que ce que l’on nous présente.

    les Suédois ne vantent pas l’interventionnisme étatique. C’est tout l’inverse. La tendance serait de privatiser les services publics, tout le contraire de la France. Mais en gardant cependant une idée qui leur est chère, l’accessibilité. Toutefois, ce qui diffère du modèle socialo-communiste français, c’est l’idée même de concurrence, chose quasi absente en France. L’état a un rôle, mais plutôt celui de catalyseur. Le système suédois n’admet pas le centralisme étatique, tout l’inverse, encore une fois de la France.
    http://www.timbro.se/bokhandel/pdf/9175665891.pdf
    Il y a un passage intéressant intitulé « THE WELFARE STATE CRISIS » page 63. Je vous recommande de le lire. Il en dit long…

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