Si on faisait confiance aux entrepreneurs ?

Xavier Fontanet, président d’Essilor, veut réconcilier les Français avec l’entreprise et l’économie de marché

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Si on faisait confiance aux entrepreneurs ?

Publié le 27 janvier 2011
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Dans le numéro de Challenges du 9 au 15 décembre 2010, un article était consacré au classement 2010 des patrons performants. Xavier Fontanet figurait à la première place de ce classement réalisé selon des critères de croissance des sociétés, de rentabilité et de parcours boursier. Xavier Fontanet, 62 ans, est président d’Essilor, leader mondial de l’optique ophtalmique. Depuis peu, il s’est donné une nouvelle mission : réconcilier les Français avec l’entreprise et l’économie de marché ! Il n’hésite plus à prendre le contre-pied d’une presse grand public, qui diffuse la haine du patronat, du capital et de la propriété. Il multiplie désormais les conférences et a publié en octobre dernier un livre aux éditions des Belles Lettres, intitulé Si on faisait confiance aux entrepreneurs. L’entreprise française et la mondialisation  (Manitoba/Les Belles Lettres, 2010, 247 p. Avec la collaboration de Laurent Acharian).

Publié en pleine crise financière, le livre de Xavier Fontanet rompt avec le pessimisme ambiant et se propose de redonner aux Français le goût de l’entreprenariat. La méfiance des français ne se borne malheureusement pas à l’entreprise, elle s’étend à l’économie de marché tout entière laquelle leur a été présentée de façon complètement déformée. L’économie de marché, le profit, la concurrence sont toujours mal vus par la majorité de nos concitoyens qui ont tendance à tout attendre de l’État. De ce fait, il est toujours aussi difficile aux entrepreneurs d’expliquer en quoi la bonne marche des entreprises est un bienfait pour chacun de nous. Xavier Fontanet s’est donné comme mission d’expliquer la réalité de cette économie de marché.

L’économie de marché

Pour commencer, Xavier Fontanet n’a pas peur de l’affirmer, le choix de l’économie de marché n’est pas neutre. C’est un choix philosophique : choisir de vivre dans un monde fondé sur la liberté et l’initiative et accepter de ne pas vivre dans un cocon mais en interdépendance. C’est aussi avoir l’humilité de se soumettre à la concurrence, expression même de la liberté en économie et plus sûr garant de l’égalité. Au siècle des Lumières, les Français en ont été les inspirateurs de l’idée d’une société fondée sur la liberté. Le monde entier nous le reconnaît. Et le grand mérite de ce livre c’est qu’il puise sa substance, non seulement dans l’expérience vécue du business international mais aussi chez de grands auteurs comme Frédéric Bastiat ou Friedrich Hayek (on y trouvera deux textes de Bastiat en annexe et un chapitre sur la catallaxie). De fait, leurs analyses se rejoignent pour affirmer que le marché repose 1° sur l’échange et la coopération et 2° sur la confiance et la responsabilité.

1° La base du marché, ce n’est pas la production (comme Marx et les anglo-saxons ont tenté de l’expliquer), mais l’échange, et l’échange de services ! L’échange, c’est d’abord la rencontre de deux libertés. Chacun exerce son jugement et trouve son avantage à la transaction. Ainsi les intérêts du vendeur et de l’acheteur convergent dans une relation d’intérêt général.

2° L’échange est aussi le moment ou s’exerce une confiance réciproque. Cela va plus loin, notamment en termes de management : la confiance permet la créativité et il n’y a pas de performance sans une estime des autres comme de soi-même. De même, la réussite nourrit la confiance, créant ainsi un cercle vertueux. Mais la confiance ne se décrète pas, elle repose sur un savoir-faire organisationnel. Le livre de Xavier Fontanet est aussi un petit manuel du bon manager.

La quête de sens

Une entreprise qui a réussi à croitre et à devenir profitable, c’est une entreprise qui a d’abord su donner du sens à son activité.

Xavier Fontanet raconte l’histoire des casseurs de cailloux. Elle se passe au Moyen-Âge pendant la construction de la cathédrale de Chartres. Il est demandé à des ouvriers ce qu’ils font. Ils donnent trois types de réponse :

– « Je casse des cailloux », dit le premier.
– « Je taille des pierres », dit le deuxième.
– « Je construis la cathédrale », explique le troisième.

Dans le premier cas, l’ouvrier est automate ; dans le deuxième, il devient artiste ; dans le troisième, c’est un artiste qui participe à une œuvre qui le dépasse. Son histoire s’inscrit dans l’histoire, il passe à la postérité.

La quête de sens figure au cœur des préoccupations des nouvelles générations. Cependant beaucoup d’employeurs font probablement un contresens sur cette demande que les DRH entendent de plus en plus. Les nouvelles générations veulent se sentir en effet utiles, au service d’autrui, mais leur demande est plus fondamentale selon Xavier Fontanet : le sens ne doit pas se situer seulement en dehors du travail, il doit être au cœur de chaque fonction.

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  • On peut faire confiance aux entrepreneurs pour beaucoup de choses : inventer, innover, risquer, créer, développer.

    Mais il y a des domaines où il ne faut surtout pas leur faire confiance : entretenir la concurrence, par exemple.

    Fontanet est un immense industriel qui il oublie complètement que la plupart des grands groupes corporate à masse critique n’aiment pas la concurrence et feront toujours tout pour la combattre, car c’est plus facile et plus rentable que d’innover.

    La prolifération des grands oligopoles est à mon sens une catastrophe planétaire, et les entrepreneurs se retrouvent soit victimes (les plus petits) soit complices (les plus gros) de cette prolifération, quand ils n’en sont pas acteurs principaux par leur puissance de lobbying contre la concurrence.

    C’est une réalité dure à admettre quand on est un aussi grand patron et bon manager que lui, mais non, l’entrepreneur n’est pas l’alpha et l’omega de la sphère économique, qui est beaucoup plus complexe.

    Je crains que ce livre soit un recueil de croyances issues d’un industriel de talent qui considère que tout le monde possède à lafois lesdits talents et son éthique, ou du moins devrait les avoir. J’aurais peine à imaginer un tel livre écrit par un patron de major de l’énergie ou d’une grande banque par exemple…

    Encore un Xième livre dont l’idée de base est « mais ce serait tellement plus simple si tout le monde était moi », en somme.

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