Les temps sont durs pour CatheÂrine AshÂton, la Haute repréÂsenÂtante à la diploÂmaÂtie euroÂpéenne qui subit un flot de criÂtiques de plus en plus viruÂlent, tant parmi les euroÂdéÂpuÂtés que parmi les chefs d’États euroÂpéens. Un an après sa nomiÂnaÂtion, la BriÂtanÂnique peine touÂjours à convaincre et beauÂcoup lui reprochent son manque d’initiative dans l’élaboration d’une diploÂmaÂtie euroÂpéenne. Du séisme en Haïti à la RévoÂluÂtion de jasÂmin en TuniÂsie, en pasÂsant par la crise israélo-palestinienne ou encore le staÂtut quo en Côte d’Ivoire, force est de constaÂter que la parole de l’Union euroÂpéenne s’est faite disÂcrète. Doux euphéÂmisme que celui-là . Et « Le nouÂveau départ » que constiÂtue la mise en place du SerÂvice euroÂpéen d’action extéÂrieure (SEAS) n’est guère parÂvenu à disÂsiÂper les doutes quant aux capaÂciÂtés de la baronne Ashton.
Si cette derÂnière a accuÂmulé un cerÂtain nombre d’erreurs au début de son manÂdat — dues en parÂtie à son inexÂpéÂrience — il faut lui concéÂder que ses marges de manÅ“uvre étaient réduites. Sans doute parce qu’aucun des États membres n’a réelÂleÂment souÂhaité déléÂguer tout ou parÂtie de sa diploÂmaÂtie aux insÂtiÂtuÂtions euroÂpéennes. De fait, la Haute repréÂsenÂtante a fait ce pour quoi on l’avait nommé : la tapisserie.
Ces balÂbuÂtieÂments diploÂmaÂtiques dépassent le simple cadre des aléas de la construcÂtion euroÂpéenne. Ils témoignent d’un hiaÂtus qui ne dit pas son nom : l’Union n’a touÂjours pas tranÂché entre une construcÂtion pureÂment éconoÂmique et une construcÂtion poliÂtique en vue d’un fédéÂraÂlisme. Point de diploÂmaÂtie sans une armée comÂmune. Et point d’armée comÂmune sans une ambiÂtion poliÂtique forte. Un vide d’autant plus fâcheux qu’un vent de liberté souffle aux portes de l’Europe qui assiste, impuisÂsante et embaÂrasÂsée, au réveil violent des sociéÂtés civiles arabes.
La faillite des États providence
Du point de vue éconoÂmique, la situaÂtion n’est guère plus brillante. Les États providence fatiÂgués sont à bout de souffle et s’engagent lenÂteÂment vers une réducÂtion des défiÂcits publics afin de sorÂtir de la crise de l’euro. « Les États ne peuvent pas faire faillites », se plaisait-on à rapÂpeÂler dans les minisÂtères euroÂpéens encore récemÂment. Les Grecs découvrent, dans la douÂleur, les mirages du tout étatique. D’autres sont sur le point de suivre : en Irlande, en Espagne, ou au PorÂtuÂgal (et en France ?) Les marÂchés ont bon dos et constiÂtuent de bien comÂmodes boucs émisÂsaires. S’ils sont ces horÂribles préÂdaÂteurs que médias et poliÂtiques conspuent à lonÂgueur de triÂbunes, il eut été de bon ton de ne pas les solÂliÂciÂter pour finanÂcer le défiÂcit touÂjours plus abysÂsal de nos sysÂtèmes d’assistance publique. « Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère ! », aurait écrit Molière…
Après les crises grecques puis irlanÂdaises, les États membres ont mis en place un Fonds euroÂpéen de staÂbiÂlité finanÂcière (FESF) pour aider les pays en difÂfiÂculté. Et l’ampleur de la situaÂtion est telle que le monÂtant des fonds nécesÂsaires en cas de faillite d’un État augÂmente de jour en jour. On est déjà bien loin des 110 milÂliards débloÂqués en mai 2010 pour souÂteÂnir la Grèce. Les disÂcusÂsions actuelles portent sur le chiffre de €1.500 milÂliards.
Le réveil des sociéÂtés civiles
Sauf que cette fois, les opiÂnions publiques euroÂpéennes râlent. D’abord parce que les citoyens sont de plus en plus méfiants vis-à -vis d’une construcÂtion qui ne leur a jamais semÂblé aussi loinÂtaine. Ensuite parce qu’ils comÂprennent qu’ils vont devoir régler la facÂture des poliÂtiques publiques disÂpenÂdieuses qui n’a cessé de s’alourdir au gré des proÂmesses élecÂtoÂrales. Déjà , les AlleÂmands en ont assez de payer pour les cigales de l’Europe qui ont allèÂgreÂment piéÂtiné les condiÂtions du traité de Maastricht.
L’Europe des technocrates
Les criÂtiques forÂmuÂlées à l’encontre de la construcÂtion euroÂpéenne sont trop souÂvent balayées d’un revers de la main, taxées de fasÂcistes et de xénoÂphobes. Encore faut-il savoir de quelle construcÂtion on parle. L’Union actuelle tend à transÂféÂrer de plus en plus de pouÂvoirs du poliÂtique aux foncÂtionÂnaires euroÂpéens. Or la seule légiÂtiÂmité qui vaille est celle qui a été accorÂdée par les peuples, souÂveÂrains, dans le cadre d’un sufÂfrage. L’influence de plus en plus forte de la techÂnoÂcraÂtie dans les prises de déciÂsions constiÂtue sans doute l’un des plus grands défis auxÂquels l’Europe aura à faire face dans le futur. Déjà , des lois de plus en plus contraiÂgnantes sont adopÂtées au niveau comÂmuÂnauÂtaire et les crisÂpaÂtions, encore latente, comÂmencent à émerÂger. Il est à craindre des réacÂtions vioÂlentes lorsque les peuples euroÂpéens demanÂdeÂront des comptes à leurs responÂsables poliÂtiques. Â
SymÂbole de ces convulÂsions, la crise poliÂtique en BelÂgique, pays siège de la capiÂtale euroÂpéenne, reflète à elle seule les ambigüiÂtés d’une Union qui ne sait pas choiÂsir le desÂtin qu’elle veut se forÂger. Il serait natuÂrelÂleÂment exaÂgéré d’affirmer que tout va mal. TouÂteÂfois, les préÂmices d’une crise poliÂtique et diploÂmaÂtique majeure sont jetées.
Il est donc urgent de liquiÂder les derÂniers restes des États proÂviÂdence moriÂbonds afin de libéÂrer les forces vives, proÂpices au retour de la croisÂsance en Europe, et de redonÂner les reines de la construcÂtion aux poliÂtiques, seuls dépoÂsiÂtaires de la volonté des peuples. Il fauÂdra égaleÂment claÂriÂfier une fois pour toute si l’Union doit n’être qu’une alliance éconoÂmique ou si elle doit se diriÂger vers un modèle poliÂtique dont les fonÂdaÂtions resÂtent à défiÂnir. Si les EuroÂpéens pourÂront accepÂter un échec, voire un retour en arrière pour mieux reparÂtir, il est peu proÂbable qu’ils acceptent une trahison.
Ce ne sont pas les fonctionnaires européens qui mènent la construction européenne, mais bien les chefs d’Etat et de gouvernement élus au sein du conseil qui inicient toutes les grandes politiques et les euro-députés élus aussi qui nous assomment de normes liberticides. Ca me rassure donc guère plus que les poiticiens soient aux commandes de l’UE.
Et quelle différence faites-vous entre une commission nommée par un conseil de chefs d’état élus et un gouvernement issu d’une majorité parlementaire? Aucune.
A madame Ashton, on ne lui demande rien, à quoi cela sert-il qu’elle se mêle de tout et de rien à travers le monde, et surtout en lieu et place de 27 personnels diplomatiques déjà existants? tout cela coûte bien trop cher, dessert nos intérêts et donne un alibi à tous les interventionnistes.
Vouloir accroître les échanges dans la zone et lever les barrières institutionnelles le plus possible est un objectif noble, mais pourquoi faudrait-il absolument tout harmoniser? L’Europe se cherche mais ne se trouve pas car quand ses citoyens n’ont pas voulu des derniers traités, la caste politique européenne les a ignoré. Vouloir une Europe fédérale et lutter contre ses Etats-providence c’est oublier qu’un Etat-providence est aussi en formation au-dessus de nous.