Tous smicards !

Le Smic imposé avec brutalité répond seulement au bon plaisir momentané des pouvoirs en place

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Publié le 5 février 2011
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Le Smic est un prix imposé avec la brutalité habituelle des politiques et son évolution répond seulement au bon plaisir momentané des pouvoirs en place. Il fait donc violence aux marchés et, comme à l’habitude, les effets réels se retournent contre les conséquences prétendument recherchées.

De nouveau, le pouvoir a cédé à la mauvaise tentation d’augmenter le Smic, sans toutefois donner un « coup de pouce ». C’est l’occasion d’analyser ce mécanisme qui, malgré des apparences généreuses, a un effet négatif y compris et surtout envers les moins chanceux que prétendument on voulait aider.

Une machine à fabriquer des pauvres

Tous smicards: ce n’est pas éventuellement l’objectif (encore que?), mais c’est le résultat certain de l’extraordinaire machine à fabriquer des pauvres qu’est le Smic.

Cette année encore la machine se remet en route. Au premier janvier, le Smic horaire va passer de 8,86 euros à 9 euros, soit une augmentation de 1,58%. Cet accroissement est permanent depuis longtemps, que ce soit sous les gouvernements de la fausse droite ou ceux de la vraie gauche. Depuis quelques années, il n’y a pas de « coups des pouce », lesquels représentaient une augmentation au-delà du minimum prévu par la loi et dont Villepin avait largement usé. La renonciation au coup de pouce est une sorte d’aveu du pouvoir qui finit par comprendre que le Smic est néfaste sans aller toutefois jusqu’à le supprimer.

L’intensité de l’augmentation dépend ainsi de l’humeur vagabonde et provisoire des politiques et syndicalistes « fraternellement » unis. Au même moment, ces jours-ci, est publiée la statistique du chômage qui reprend son ascension. Suivant l’OCDE, dans les pays qu’il analyse, 5 points de plus de SMIC donnent 1 point de plus de chômage. L’Insee sort régulièrement des évaluations semblables.

Aucun média, et pour cause, n’a mis en relief la coïncidence des deux faits, qui sont pourtant étroitement liés, et nous sommes probablement les seuls à le faire. Voici en quoi ce lien existe.

Un prix arbitraire

Le Smic est un prix imposé avec la brutalité habituelle des politiques et son évolution répond seulement au bon plaisir momentané des pouvoirs en place. Il fait donc violence aux marchés et, comme à l’habitude, les effets réels se retournent contre les conséquences prétendument recherchées. Le chômage, en particulier, est un de ces effets.

Le premier effet mathématique est de détruire des emplois en général peu qualifiés. Les pauvres deviennent plus pauvres. Mettant le prix d’un travail au-dessus de la valeur de ce travail pour l’entreprise, il décourage de recruter et pousse, le cas échéant, au licenciement. L’employeur éventuel cherche d’autres solutions, soit investissement, soit renonciation au projet, soit délocalisation. Certaines industries comme le textile ont été détruites par le Smic. Si le grand commerce ne peut être délocalisé, il investit énormément pour réduire le nombre de caissières.

Le Smic est aussi une voiture-balai qui ramasse progressivement ceux qui se trouvent dans son voisinage. Cela explique l’augmentation régulière du nombre de smicards. En 1981, il y avait 840 000 smicards. En 1988, il s’en comptait 1 500 000, soit 8% des salariés. À présent, on touche les 2 300 000 personnes, soit un cinquième des salariés.

Si l’on ajoute les titulaires de minima sociaux l’on doit arriver à des chiffres effrayants – ce qui mesure la cruauté du socialisme qui inspire tous ces systèmes. L’existence de ces minima sociaux complique et aggrave l’analyse. Dans la pyramide des allocations diverses, celles-ci s’accompagnent d’avantages divers non comptés dans les statistiques. Il en résulte que les titulaires n’ont aucune envie de se bouger pour aller travailler au Smic. Une autre conséquence est que le pouvoir, conscient de la calamité dont il est le seul auteur, imagine sans cesse de nouvelles usines à gaz administratives pour persuader les gens d’aller travailler et ceci dans le nuage habituel de complications.

Voici un exemple de 2002, tout aussi valable aujourd’hui. Un couple marié au chômage avec deux enfants pouvait avec le RMI, l’allocation logement et les allocations familiales, toucher 7 200 francs par mois ou 1097 euros. Si un des conjoints retrouvait un emploi à mi-temps au Smic, le revenu familial était inchangé. S’il travaillait à temps complet, le revenu familial s’accroissait seulement de 600 F, soit 4 F par heure travaillée. Qui peut accepter de travailler pour 4 F ou 0,61 euros l’heure? L’économie tirée vers le bas est alourdie en permanence.

Autre effet négatif : l’écrasement de la hiérarchie des salaires. De proche en proche l’on arrive aux cadres qui malgré leurs mérites et leurs efforts pour améliorer leurs prestations n’en sont pas récompensés suffisamment. Au sommet de la hiérarchie, les personnes les mieux payées ont tendance, si elles en ont l’occasion, à émigrer pour échapper à l’enfer économique et fiscal français. Tout se passe comme si l’économie était tirée vers le bas.

Les justifications

La première explication qui vient à l’esprit, c’est la charité : il y a des gens que l’on ne peut laisser au bord de la route. Le malheur est que cette prétendue charité est mensongère, puisque, comme indiqué plus haut, beaucoup sont poussés justement en dehors de la route.

Le Smic est organisé par la loi : la belle affaire. Ce qu’une loi peut faire, une autre loi peut le défaire grâce en particulier à une communication adaptée. En Juillet 2007, le pouvoir disposait de tous les moyens et devait abroger beaucoup de lois perverses pour « libérer » la France ; au lieu de le faire, il s’est engagé dans une activité législative démentielle noyant toute la partie productive de la nation dans ce torrent destructeur.

Et aussi, bien sûr, est entendue la sempiternelle chanson du pouvoir d’achat; distribuer de l’argent développerait de la demande et créerait des emplois. L’argument est erroné car il s’appuie sur le faux concept du PIB. En plus, avec la mondialisation, une grande partie du pouvoir d’achat distribué va enrichir les travailleurs chinois ou autres travailleurs lointains.

Les intérêts

Il reste évidemment les intérêts. Personne ne l’avouera jamais, mais c’est un fait: politiques et syndicalistes cherchent à justifier leur richesse et leur gloire en s’agitant apparemment pour de prétendues bonnes causes.

Or, ils ont des exemples. Il ne manque pas de pays comme la Suisse, entre autres, où l’absence pratique de Smic a une bonne influence sur la richesse générale avec un chômage modéré et des salaires très élevés.

Toucher au Smic serait, toutefois, toucher à un tabou et la coalition des intérêts en France est assez forte pour empêcher tout abandon du tabou.

Article paru dans Le Québécois Libre n° 285 du 15 janvier 2011, reproduit avec la permission de l’auteur.

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