La sécurité alimentaire est assurée

Les terres cultivables non cultivées sont disponibles en suffisance pour nourrir l’humanité

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La sécurité alimentaire est assurée

Publié le 9 février 2011
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La récente hausse des prix internationaux des produits agricoles a redonné une certaine audience aux analyses de Ricardo et de Malthus sur les relations entre la population humaine, l’activité agricole et la nature. En vertu du principe de population qu’ils postulaient – selon lequel les besoins alimentaires de toute population humaine tendent, du fait de la croissance démographique, à augmenter plus vite que les ressources alimentaires à sa disposition – et de la loi des rendements décroissants, Ricardo et Malthus s’accordaient en effet à prévoir, à long terme, une hausse des prix agricoles et, partant, une augmentation de la rente et du salaire, une baisse du profit, toutes tendances qui, inéluctablement, devraient aboutir à « l’état stationnaire ». Ainsi conçue, l’activité agricole se heurterait aux limites d’une nature avaricieuse qui, par contrecoup, borne l’accumulation du capital, les activités humaines et la population.

Terres cultivées et terres cultivables

À la demande du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, une étude a été réalisée en 2009 par Laurence Roudart, de l’Université Libre de Bruxelles, à partir d’informations rassemblées par Virginie Pinson, sur les disponibilités actuelles et futures en terres cultivables. Le Centre d’Études et de Prospective du Ministère de l’Agriculture a publiée en mai 2010 ce remarquable document qui démontre que, contrairement aux idées reçues, la planète dispose en abondance de terres pour nourrir les milliards d’hommes supplémentaires attendus d’ici la fin du siècle.

Dans son étude, Laurence Roudart envisage trois hypothèses. Dans la première hypothèse, très restrictive, sont considérées comme pouvant être mises en culture les terres « très convenables », « convenables » et « modérément convenables », exceptées celles qui sont recouvertes de forêts et les superficies nécessaires aux infrastructures urbaines et autres. De même, les terres « peu convenables » sont supposées être non cultivées. Dans la deuxième hypothèse, moins restrictive, en plus des précédentes, les terres « peu convenables » sont considérées comme pouvant être mises en culture, à l’exclusion de celles qui sont sous forêt. Dans la troisième hypothèse, moins restrictive encore, en plus des précédentes, toutes les terres cultivables sous forêt sont vues comme pouvant être mises en culture aussi, ce qui correspond au tiers des forêts du monde : les deux tiers de celles-ci resteraient donc debout. Les calculs indiquent que dans la première hypothèse, l’extension de la superficie cultivée mondiale par rapport à l’année 2005 pourrait être d’environ 1.000 millions d’hectares, ce qui reviendrait à la multiplier par 1,7. Selon la deuxième hypothèse, cette superficie pourrait être accrue d’environ 1.450 millions d’hectares, soit une multiplication par presque 2 (toujours sans toucher aux forêts). Selon la troisième hypothèse, elle pourrait augmenter d’à peu près 2.350 millions d’hectares, soit une multiplication par 2,5. Le résultat de la première hypothèse converge avec l’estimation par l’OCDE et la FAO de la superficie « nette » globale encore disponible pour la culture.

En définitive, d’après les résultats de Laurence Roudart et ceux des deux scénarios prospectifs (FAO et Agrimonde 1) qu’elle a pris en compte, les superficies des terres du monde utilisables en culture pluviale sont largement supérieures – en particulier en Amérique du Sud et en Afrique sub-saharienne – aux superficies nécessaires pour assurer des conditions de sécurité alimentaire pour l’ensemble de l’humanité. Le réchauffement climatique, s’il devait se confirmer, entraînerait un accroissement des superficies cultivables du monde. Cette conclusion reste vraie même en adoptant l’hypothèse d’une croissance relativement faible des rendements, selon un scénario de « révolution doublement verte durable » : c’est-à-dire en excluant de la mise en culture toutes les forêts et toutes les zones actuellement protégées et en tenant compte d’hypothétiques effets du réchauffement climatique.

Le seul problème est donc celui des institutions adaptées pour valoriser ce capital. Et, bien entendu, les droits de propriété sous des formes diverses et renouvelées sont au cÅ“ur des solutions. Une étude qui confirme la thèse de Julian Simon dans L’homme notre dernière chance.

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  • Non, la sécurité alimentaire n’est pas assurée. Elle ne le sera que quand chacun sera assuré de pouvoir manger à sa faim, soit en achetant, soit en produisant soi même sa nourriture. Ce n’est pas le cas pour près d’un milliards d’hommes et ce problème n’est pas en voie d’être résolu.

    Tout ce que cette étude prouve est qu’il est potentiellement possible, en termes de ressources, d’arriver à cette sécurité alimentaire. Reste à pouvoir mobiliser cette potentialité de production agricole et à faire que cette production arrive au consommateur (donc qu’il ait les moyens de l’acquérir ou de la produire, en prenant en compte les problèmes de stockage pour faire face aux aléas, etc.). C’est bien que l’on ait d’énormes potentialités de production de grain en Amérique du Sud, mais si à l’autre bout du monde le consommateur est trop pauvre pour l’acheminer et l’acheter cela n’améliore pas la situation de sécurité alimentaire.

    Enfin, pour revenir sur le début de l’article, à long terme, le problème malthusien pourrait se poser. Historiquement, il est déjà arrivé que la densité de population s’équilibre avec la disponibilité agricole, cela pourrait arriver à nouveau. Un doublement de la production agricole (végétale) tel que le permettent les ressources d’après cet article, ça équivaut à bien nourrir 9 milliards de personnes, avec de la viande et des produits laitiers dans le régime, en supposant qu’il n’y ait pas de pertes et de gâchis dans le système. Mais plus ? 12 milliards, 15 milliards ? Il existe donc une limite. D’autre part, le système technique agricole actuel est très dépendant des énergies fossiles. Même si à mon avis on se met le doigt dans l’Å“il en prédisant une raréfaction de celles-ci dans le siècle à venir (on continuera à découvrir pléthore de gaz, charbon, pétrole, uranium ou d’autres dans la croûte terrestre), elles ne sont pas infinies. Dans le même genre, une autre ressource limitée pour la production agricole est le phosphore (indispensable sous forme de phosphate pour les engrais), on en a moins d’un siècle de réserves prouvées, même si cette limite va sûrement reculer, il faudra espérer qu’on sache aller le repêcher dans les océans à un moment donné, puisque les calculs de l’étude sont faits avec des rendements qui sont uniquement atteignables avec des apports en engrais.

    • y a t-il besoin de phosphore pour cultiver des terres ? sur sa ferme du centre du chili, le pionnier du semi-direct, crovetto-lamarca, a demontrer que l’on pouvait recolter 180 qx de mais a l’hectare, sans aucun apport de phosphore: dans ces sols non perturbé par le travail du sol, se sont les mycorhyses ( association plantes – champignons ) qui fournissent le phosphore utilisé par le mais .

  • @ VinceDeg

    Personne ne sait de quoi le futur est fait et par conséquent personne ne pourra jamais être assuré de pouvoir manger à sa faim.

    Il est autant légitime de faire preuve de pessimisme sur ce sujet que de faire preuve d’optimisme.

    C’est pourquoi, l’important au final, c’est que la liberté individuelle de chacun soit respectée, et en particulier dans la planification d’une famille.

  • si, la sécurité alimentaire est bel et bien assurée, actuellement. Il y a seulement une insécurité politique, qui fait que la nourriture de milliards d’hommes dépend actuellement de potentats locaux.
    Certains de ces potentats organisent la pénurie (Soudan, Zimbabwe, Corée du Nord) ; d’autres n’affament pas leur peuple, mais une grande partie de l’alimentation dépend d’eux et le peuple leur mange littéralement dans la main (Egypte, Algérie,…).

    Tant que ce problème politique n’est pas réglé, il est vain de regarder la question de la production. Une fois ce problème réglé, celui de la production disparaitra de lui-même.
    Le premier et seul problème, c’est donc toutes ces intrusions politiques dans l’alimentation. La première solution, c’est de libéraliser.

    Quant au futur à plus long terme… On verra. Mais tant qu’on aura assez d’énergie, on pourra fabriquer des engrais, et l’énergie n’est pas prêt de manquer.

  • @ P

    Il suffirait d’une catastrophe naturelle inattendue de très grande ampleur pour remettre en question cette sécurité alimentaire…

    Sinon je suis d’accord que c’est aujourd’hui principalement des décisions politiques qui affament les populations et que la solution passe par le recul du pouvoir étatique.

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