Un livre qui fait jaser, Le remède imaginaire, conclut que l’immigration ne sauvera pas le Québec. Il dresse un constat lucide et documenté. L’immigration a moins d’impact qu’on pense sur la démographie et les finances publiques. Elle ne peut, à elle seule, régler une crise qui émane d’un choc démographique, combiné à des promesses intenables de politiciens. Rien à redire là-dessus.
Sauf qu’avec leur approche trop «comptable», les auteurs minimisent grandement l’apport économique — au sens large — des immigrants.
Comme l’explique Philippe Legrain dans son livre Immigrants : Your Country Needs Them, les sociétés culturellement diverses sont plus productives. Parce qu’elles renferment une plus grande variété de biens, habiletés et idées au service de la production et de la consommation. Pensons aux villes comme New York ou Londres, par exemple.
En réunissant des approches différentes de résolution de problèmes, la diversité stimule la créativité et l’innovation. Or l’innovation est le fondement de la productivité — et de la croissance économique. Tout ça est théorique, difficile à chiffrer, mais bien réel.
Le chercheur Richard Florida, cité dans le livre de Legrain, conclut par exemple — non sans controverse — qu’une population gaie importante, suivie d’une large concentration de « bohèmes » (artistes, écrivains, musiciens, acteurs, etc.) sont les principaux indicateurs du succès d’une métropole en haute technologie. Et que huit des dix grandes villes ayant la plus forte concentration d’immigrants se classent parmi les plus grands centres technologiques aux États-Unis.
Gardons aussi en tête que les immigrants créent de l’emploi quand ils démarrent une entreprise. Et que les restaurants de sushis japonais, les brasseries allemandes ou les chocolateries belges, pour ne nommer que ceux-là, nous seraient inaccessibles sans immigration.
Certains avancent qu’il faudrait mieux sélectionner les immigrants. Peut-être. Mais comme le disait Philippe Legrain au magazine L’actualité, personne ne peut prévoir comment une personne contribuera à la société au cours de sa vie : qui aurait pu prédire que Sergei Brin, réfugié soviétique arrivé aux États-Unis à six ans, fonderait un jour Google ? Un système de points aurait empêché le père de Barack Obama d’entrer aux États-Unis, privant le pays de son futur président.
Cela dit, il faut se poser la question. Aux dernières nouvelles, notre mini baby-boom s’essouffle. Et si l’immigration ne règle pas la crise des finances publiques, on fait quoi pour équilibrer notre budget ? Pour payer les régimes de retraite de tout le monde, pour réparer nos routes et rembourser nos dettes ?
Faudrait peut-être commencer à y penser.
L’ouvrage de Philippe Legrain existe aussi en traduction française:
Philippe Legrain, Immigrants. Un bien nécessaire (2009 Editions Markus Haller)
site: http://www.markushaller.com/livre/id/2/Philippe+Legrain+Immigrants+-+un+bien+n%C3%A9cessaire
Tout à fait d’accord avec cet article. Au-delà même de la notion de « diversité culturelle » il faut aussi prendre en compte les effets de complémentarité : l’intérêt économique d’une immigration libre et non subventionnée réside essentiellement dans le fait qu’elle permet au pays accueillant de disposer d’un éventail plus large de savoir-faire.
Je suis, en revanche, très sceptique quant « systèmes de points ». Il existe un système infiniment plus efficace pour réguler l’immigration : ça s’appelle le marché.
« Un système de points aurait empêché le père de Barack Obama d’entrer aux États-Unis, privant le pays de son futur président. »
Euh…
Pour les retraites c’est donc un joli système pyramidal qui fait la joie des escroc. Qui paieras les retraites des immigrés qui ont payé les notre ? en bref pour maintenir un ratio retraité/travailleurs qui marche en 10 génération la population de la terre ne suffirais plus à la France. Moisi comme argument. Ensuite « l’immigré » n’est pas une quantité fixe et neutre, la culture est importante comme le taux d’immigration qui permet l’assimilation sans heurts important et couteux. D’ailleurs l’article parle de russes, chinois mais que je sache ils ne prient pas dans la rue, ne réclament pas des églises orthodoxe, la séparation des hommes et femme dans les piscines, le port de la coiffe traditionnelle ou l’enseignement de la charia et dépendent très peu des aides de l’état. Taux et culture, c’est là le problème.
lol…c’est clair que l’exemple est mal choisie !