Je commence tout de suite en mentionnant ceci : je ne suis pas contre le recyclage ! Au contraire, le recyclage est une très bonne chose, car il peut permettre de transformer un bien sans valeur en une ressource utilisable et donc de créer de la richesse.
Le recyclage n’a pas été inventé par Greenpeace, ni par l’EPA, ni par le ministère du Développement durable du Québec. Cette activité existe depuis la nuit des temps. Vous n’avez qu’à observer le Colisée de Rome ; ses murs troués rappelant qu’une fois l’édifice délaissé par les Romains, les gens ont retiré les tiges de cuivre formant sa structure pour les utiliser à d’autres fins. Dans la même veine, les morceaux brisés du Colosse de Rhodes ont aussi été recyclés pour faire des outils et des armes.
Ceci étant dit, ce n’est pas parce qu’on recycle que l’on crée nécessairement de la richesse. Comment savoir si le recyclage en vaut la peine ? Le meilleur indice demeure le profit. Si la valeur de la ressource recyclée excède le coût engendré pour la recycler et permet de rentabiliser le capital investi à cet effet, le recyclage de cette ressource crée de la richesse, autrement il en détruit. Si vous gaspillez davantage de ressources en recyclant un produit qu’en utilisant un nouveau produit (incluant les coûts de disposition du vieux produit), le recyclage n’en vaut pas la peine – tant d’un point de vue économique qu’environnemental.
Malheureusement, nos gouvernements fortement influencés par les groupes de pression environnementalistes et par l’industrie du recyclage, ne voient pas les choses de cet œil. Des sommes faramineuses sont gaspillées pour subventionner du recyclage qui n’en vaut pas la peine. Le budget du ministère du Développement durable est de 250 millions de dollars, celui de Recyc-Québec est de 31 millions et les municipalités québécoises dépensent 125 millions par année pour la collecte des matières recyclables. C’est que le recyclage des ordures ménagères (papier, bouteilles de plastiques, conserves, etc.) n’est pas rentable sans l’aide de l’État.
Aux États-Unis, la collecte municipale des matières recyclables a véritablement débuté en 1989, lorsque l’administrateur de l’EPA, J. Winston Porter, a sonné l’alarme du fait que le nombre de dépotoirs avait chuté. Celui-ci prévoyait donc une catastrophe à venir et prescrivait le recyclage « forcé » comme solution à ce problème. Ce que M. Porter n’a pas réalisé est que la taille moyenne des sites d’enfouissement avait fortement augmenté, en raison de nouvelles règlementation de l’EPA et suite à de la consolidation dans l’industrie, aboutissant à l’augmentation de la capacité totale d’enfouissement malgré la réduction du nombre de sites. Le constat alarmiste de M. Porter n’était donc pas justifié… mais porté par les groupes environnementalistes et l’industrie du recyclage (représentée par le lobby de l’Institute of Scrap Recycling Industries ou ISRI, 1400 entreprises membres, fondée en 1913), il a tout de même déclenché une révolution coûteuse et inutile.
Le premier argument justifiant le recyclage est relié à un potentiel manque d’espace d’enfouissement, ce qui est saugrenu. Un dépotoir de 255 pieds de profondeur (comme celui de Fresh Kills à New York) de 100 miles-carrés serait suffisant pour engouffrer les déchets des États-Unis pour 100 ans ! Une fois remplis ces dépotoirs sont ensuite recouverts de terre. On y installe ensuite soit un parc, une forêt, un terrain de golf ou même des résidences (par exemple le Club de Golf Métropolitain dans l’Est de Montréal). Le méthane dégagé par la décomposition est récupéré et utilisé comme source d’énergie. De plus, les nouveaux dépotoirs protègent efficacement les nappes phréatiques ; le risque de contamination de l’eau a été pratiquement éliminé.
Le second argument est relié à la conservation des ressources : si nous ne recyclons pas, nous allons manquer de ressources naturelles.
Au niveau des métaux, cette forme de recyclage est probablement la plus viable et a toujours existé, même avant le constat erroné de J. Winston Porter ! En fait, même si les municipalités ne faisaient pas la collecte des matières recyclables et même sans subventions au recyclage, une bonne partie du métal de valeur n’aboutirait pas dans les dépotoirs.
En ce qui concerne le papier, l’argument de la conservation des ressources est ridicule. Premièrement, la fabrication du papier recyclé génère davantage de pollution que la fabrication de papier primaire. Il faut d’abord réaliser la collecte avec des camions polluants, puis le processus de recyclage implique beaucoup d’eau, de produits chimiques toxiques et d’énergie. Si ce papier avait été enfoui, il se serait décomposé en moins de 12 mois et aurait permis de générer du gaz naturel utile. Deuxièmement, le recyclage du papier ne permet pas de « sauver des arbres ». Une bonne partie des arbres utilisés pour la fabrication de papier sont cultivés (87 % aux États-Unis) ; il ne s’agit pas de forêt vierge coupée à blanc et laissée ainsi. Est-ce que vous vous empêcheriez de manger des patates dans le but de sauver cette ressource de l’extinction ? Non, les patates sont cultivées puis replantées, tout comme les arbres. Le bois est une ressource renouvelable… comme les patates ! Il est sidérant de constater que si l’Humanité décidait de consommer moins de papier et de bois, la quantité d’arbres sur la Terre se mettrait à diminuer, puisque les cultivateurs d’arbres en planteraient moins !
Le recyclage du plastique n’est définitivement pas souhaitable. Premièrement, l’activité n’est pas rentable ; c’est-à-dire qu’on gaspille davantage de ressources à recycler le plastique qu’à utiliser du nouveau plastique, et le produit fini est de bien moins bonne qualité. Deuxièmement, tout comme pour le papier, le recyclage a un impact environnemental non-négligeable (les gens doivent souvent rincer leurs contenant à l’eau chaude avant de les mettre au recyclage, ce qui gaspille de l’eau et de l’énergie ; ensuite il y a l’énergie nécessaire à la collecte, puis le processus de recyclage en lui-même). Troisièmement, le plastique est fabriqué notamment à partir du pétrole, ce dont nous ne manquons pas (et ne manquerons jamais) et qui sera éventuellement substitué lorsque le prix sera suffisamment élevé.
Le dernier argument en faveur du recyclage concerne l’impact sur les changements climatiques des émissions polluantes. Premièrement, tel que souvent discuté sur ce blog, il faudra d’abord démontrer que le jeu en vaut la chandelle (c’est-à-dire que les sommes impliquées dans la subvention du recyclage sont justifiées par un impact significatif sur le climat). Je doute fort que ce soit le cas. Deuxièmement, la réduction des émissions polluantes permise par le recyclage n’est pas si élevée si on considère le processus dans son intégralité, incluant le rinçage et la collecte.
Certains avanceront que le recyclage crée des emplois. Cet argument de type keynésien est évidemment faux. Si votre municipalité augmente vos taxes foncières pour financer l’expansion de son programme de recyclage et que pour payer ces taxes, vous décidez d’aller moins au restaurant, cela va peut-être créer des emplois dans l’industrie du recyclage, mais créera du chômage dans l’industrie de la restauration, et au final votre satisfaction en sera réduite. Il y a donc une perte de richesse économique, et non un gain comme veulent le laisser entendre les défenseurs du recyclage obligatoire.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que le recyclage est une activité potentiellement bénéfique pour l’économie. Ceci étant dit, il n’y a aucune raison de subventionner cette activité (ni aucune autre activité d’ailleurs), ni de forcer les citoyens à payer pour un service de collecte des matières recyclables. L’absence de subventions et de programmes gouvernementaux ne signifierait pas qu’il n’y aurait plus de recyclage. Les exemples de recyclage effectués librement et non-subventionnés abondent.
Déposez un vieil appareil électroménager au bord de la rue à la veille de la collecte des ordures et vous verrez qu’il ne restera pas là longtemps ! Des individus indépendants (et non-subventionnés) arpentent les rues à la veille de la collecte des ordures pour ramasser tout morceau de métal pouvant être récupérable ; une activité très rentable. D’autres scrutent les dépotoirs pour y récupérer d’éventuels métaux.
Si vous n’en pouvez plus de votre vieux tacot, apportez-le au ferrailleur le plus près et on vous en donnera quelques centaines de dollars. Les pièces encore utiles seront retirées et revendues séparément, le métal restant sera récupéré avec profit et sans subvention.
Wal-Mart recycle ses emballages en les collectant dans ses magasins et centres de distribution depuis plusieurs années et fait du profit en les vendant au prix du marché.
La vapeur des usines d’électricité au gaz naturel est réutilisée pour le chauffage des bâtiments adjacents. De plus, la plupart des usines d’électricité fonctionnant à la biomasse sont installées près des scieries pour utiliser les copeaux de bois comme carburant.
Une activité qui a besoin d’être subventionnée et/ou imposée par la force pour être rentable est une activité qui détruit de la richesse.
Note : lire en complément Eight Great Myths of Recycling de Daniel K. Benjamin (The Center for Free Market Environmentalism, #PS-28, septembre 2003).
Très instructif, merci.
A noter que le plastique n’est pratiquement plus fabriqué à partir du pétrole mais du gaz. Le polyéthylène qui compose les sacs plastiques est fabriqué à partir de l’éthylène quasi-exclusivement issu du gaz naturel. Or les réserves de gaz ont plus que doublé en 30 ans et sont en train de se multiplier encore plus grâce à la révolution du gaz de schiste qui a déjà causé un « gas glut » et fait tomber précipitamment le prix du gaz aux USA ces dernières années. L’argument de la pénurie imminente de pétrole pour justifier le recyclage des plastiques est donc un gros mensonge, comme tant d’autres arguments des écolos.
Au passage, contrairement aux métaux qui peuvent se recycler à l’infini, le plastique ne se recycle pas, il est juste récupéré et converti. Un câble de cuivre peut se recycler en un autre câble de cuivre, une bouteille d’eau ne sera jamais recyclée en bouteille d’eau sauf à coûts prohibitifs, mais convertie en banc public, glissière de sécurité ou sac poubelle, ce qui veut dire qu’on n’a à aucun moment réduit la quantité de matière première utilisée pour produire le plastique !
Le terme de « recyclage » et son logo accrocheur mais fallacieux relèvent donc de la tromperie sur marchandise et de l’escroquerie en bande organisée.
Étant un professionnel du recyclage, je souscris à la quasi totalité de l’article à une nuance près: certains plastiques sont très rentables à « recycler », les principales « difficultés » consistent à les conditionner correctement afin de réduire au maximum les frais de stockage et de transport et de reconnaitre les « bon » plastiques car d’autres ne se « recyclent » pas du tout (pas rentables).
Je mettrais pas en cause les arguments économiques même si dans certains cas j’ai des doutes, en particulier quand on parle d’activités subventionnée par le gouvernement qui ne rapportent pas à la communauté.
Quand on sait que la forêt québécoise a été donnée aux industries et que ces mêmes industries ont été subventionnées par l’état pour se servir gratuitement… et en cherchant un peu, il doit pas être facile de trouver une activité économique qui n’est pas subventionnée par l’état.
Par contre pour l’argumentation environnementale, y a du laisser-aller qui en fait un artcile très faussé par manque de connaissances et de notions importantes.
Entre autres les notions de cycle de vie: laver les contenants pour le recyclage vs l’eau nécessaire pour faire ce même contenant.
L’enfouissement « pratiquement » éliminé. Terme bien choisi parce que partiquement toute la pollution n’est pas éliminée des dépotoirs. Métaux lourds et autres produits dangereux. Surtout quand on sait que se sont des pneux broyés qui servent de zone d’étanchéification des dépotoirs..
la quantité de plastiques dans la nature: demander aux pêcheurs, ils en attrapent plus que du poisson.
La sylviculture: oui on replante des forets, mais elle sont considérées comme de la culture parce que l’on préconise la monoculture et les espèces qui poussent le plus rapidement au dépend de la biodiversité. Comme dans un champs de mais, essayez de trouver de la vie…
@Bazbaz
« on sait que la forêt québécoise a été donnée aux industries et que ces mêmes industries ont été subventionnées par l’état pour se servir gratuitement »
C’est effectivement un problème de droits de propriété (voir mon article sur l’environnement); mais en quoi est-ce que cela justifie le recyclage forcé?
« en cherchant un peu, il doit pas être facile de trouver une activité économique qui n’est pas subventionnée par l’état. »
Je suis d’accord, et c’est un gros problème que je dénonce régulièrement. Encore là, ça ne justifie pas le recyclage forcé.
« Entre autres les notions de cycle de vie: laver les contenants pour le recyclage vs l’eau nécessaire pour faire ce même contenant. »
Je dis seulement que les défendeurs du recyclage oublient toujours de considérer l’ensemble des facteurs. Ceci en est un exemple. Les 4 litres d’eau chaude utilisés pour rincer un pot de Nutella doivent entrer dans l’équation….trop souvent ce n’est pas le cas!
« toute la pollution n’est pas éliminée des dépotoirs. Métaux lourds et autres produits dangereux. »
Et est-ce que le recyclage forcé permet de limiter ce problème efficacement si on considère l’ensemble des facteurs en jeu?
« la quantité de plastiques dans la nature: demander aux pêcheurs, ils en attrapent plus que du poisson. »
Je suis un adepte de la pêche et je ne sais pas de quoi vous parlez. C’est plutôt anecdotique et non-fondé. Jetter des ordures dans la nature est illégal. Les gens qui font cela ne sont certainement pas des adeptes du recyclage vous en conviendrez… Et c’est vous qui accusez mon article de « laissez-aller »?
« La sylviculture: oui on replante des forets, mais elle sont considérées comme de la culture parce que l’on préconise la monoculture et les espèces qui poussent le plus rapidement au dépend de la biodiversité. »
Dans un bon système légal, chacun peut faire ce qu’il veut de sa propriété, tant qu’il n’interfère pas sur celle des autres.
Si je veux planter des arbres sur mon terrain pour ensuite les couper et produire du papier, puis replanter, c’est mon droit.
Si vous voulez acheter un grand terrain sauvage et le laisser ainsi pour l’écotourisme et le plein-air, c’est votre droit.
En quoi est-ce que l’État aurait l’autorité morale d’exiger que ma propriété respecte des critères de biodiversité?
Le système dans lequel on ne peut disposer de notre propriété légitime comme on l’entend se nomme socialisme. Voulez-vous que l’on décrive la qualité de l’environnement dans les systèmes socialistes? D’ailleurs, pour reprendre votre exemple, je vous rappelle qu’au Québec, la déforestation se produit exclusivement sur les terres du gouvernement…
Bazbaz : « la quantité de plastiques dans la nature: demander aux pêcheurs, ils en attrapent plus que du poisson. »
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Ce hoax pourri et ses multiples variantes (les tortues soit-disant étouffées par les poches plastiques, le vortex plastique du Pacifique prétendument 2x la taille du Texas…) ont déjà été démontés des centaines de fois, cf la toute dernière étude de l’OSU : http://oregonstate.edu/ua/ncs/archives/2011/jan/oceanic-%E2%80%9Cgarbage-patch%E2%80%9D-not-nearly-big-portrayed-media
Mais visiblement, avec les mensonge escrologistes, plus c’est gros, mieux ça passe. Il n’y a aucune limite à l’exagération, surtout quand c’est estampillé « protection de la planète », il en y aura toujours qui va y croire !
Comme dit la formule : « there is a sucker born every minute ».
« Une activité qui a besoin d’être subventionnée et/ou imposée par la force pour être rentable est une activité qui détruit de la richesse. »
Donc un slogan péremptoire peut bien mener à une vérité : les banques actuelles détruisent la richesse, tout comme la privatisation de l’énergie, de la surveillance, des autoroutes…
Que peut y répondre un néo-libéral ? Je ne suivais pas votre site lors de ces événements.