Les questions de Monsieur Y (1)
Tout d’abord, Monsieur Y fait un retour sur mes réponses à ses premières questions :
1. D’abord, votre premier argument est qu’une baisse des salaires entraine la fuite des employés vers d’autres entreprises concurrentes. Mais comment garantir cette concurrence ?
Par le libre-marché ! Le seul moyen pour un individu ou une entreprise de se soustraire à la concurrence est d’utiliser le pouvoir interventionniste coercitif de l’État pour se voir attribuer un privilège.
2. Ensuite, même si la concurrence n’est pas garantie, rien n’empêche que ces personnes créent elles-mêmes leur propre entreprise. Bien. Mais comment si elles n’ont ni capital et qu’une « coalition » de grandes entreprises les empêche de s’implanter en leur refusant des prêts par exemple ? Ou bien en ne leur fournissant pas de matières premières ou alors trop cher dans le cas de ressources contrôlées par des monopoles ? De plus, une nouvelle entreprise a souvent du mal à être aussi compétitive que de grands groupes qui peuvent répercuter les cout de R&D sur leurs nombreuses ventes.
Encore une fois, l’intervention de l’État sur l’économie et sur la monnaie crée ces problèmes. Les monopoles sont impossibles sur un véritable libre-marché.
3. L’accroissement exponentiel de la population ne peut que faire tendre le salaire à la baisse pour tous les travaux ne nécessitant pas de compétence. Les personnes ne pouvant pas avoir accès à une formation indépendamment de leur volonté verraient donc leurs salaires diminuer jusqu’à devenir de simples bêtes de somme, et pour celles n’ayant pas de travail ce serait simplement la mort.
Par ailleurs, dans cette course à l’emploi où ces personnes se battraient pour avoir un salaire même minimal, certaines seraient même tentées de ne pas songer à épargner pour leurs retraites. Quelles seraient donc les solutions pour éviter cela ? Ou alors cela n’est que la simple optimisation du système, là où les personnes inutiles sont simplement éliminées ?
Premièrement, la population ne croît pas de façon exponentielle ! Au contraire, le rythme de croissance de la population mondiale ralentit depuis plusieurs décennies. Deuxièmement, un accroissement de l’écart salarial entre les emplois de faible compétence et les emplois de haute compétence ferait augmenter l’incitatif à acquérir des compétences et ramènerait le marché du travail en équilibre. Une politique telle que le salaire minium est très dévastatrice à cet égard en réduisant artificiellement cet écart.
4. Néanmoins, j’aimerais vraiment avoir votre avis sur la question d’un revenu de base ! J’entends bien par là une somme fixe donnée à chaque citoyen pour garantir sa subsistance. Avec celle-ci, chaque individu pourrait librement s’investir dans une formation sans avoir besoin d’un apport externe tels qu’une épargne ou un prêt, s’investir dans des valeurs non-marchandes et aurait le pouvoir de négocier au mieux son salaire, celui-ci ne pouvant pas être simplement alimentaire (comprendre : simplement choisi pour survivre). Les travaux dits pénibles et ne demandant pas de compétences élevées seraient donc bien rémunérés face à un travail simple et facile. Quelle est votre opinion sur ce revenu de base ? Quelles en seraient d’après vous les répercussions ?
Je ne suis pas en accord avec le revenu de base. Il implique de saisir de force la propriété des uns pour la remettre à d’autres, qui obtiennent par le fait même un incitatif à ne rien produire. Est-ce que ce système serait préférable au système actuel, en permettant d’éliminer de la bureaucratie et en réduisant la complexité des nombreux programmes sociaux ? Peut-être. Mais tant qu’à implanter un changement révolutionnaire, je préférerais y aller d’un système libertarien.
5. L’exemple de l’androïde est là pour rappeler que le progrès technique permet de plus en plus de remplacer le travail de l’homme par la machine. Or aujourd’hui, pour vivre il faut de l’argent, pour avoir de l’argent il faut un salaire, pour avoir un salaire il faut un travail ! La productivité ne cessant pas d’augmenter permet de gagner du temps, et ce temps peut être réinvesti soit en temps libre, soit en salaire, soit en encore plus de produit. Je pense que nous tendons vers un monde de plus en plus productiviste et donc consumériste où il devient normal par exemple d’avoir des produits avec une obsolescence programmée toujours dans le but de pouvoir vendre beaucoup de produits/services et chers ! Je n’y vois pas l’optimisation que j’attends aussi d’un monde meilleur. Qu’en pensez-vous ?
Peut être n’avons-nous plus de soucis de production, mais simplement de distribution du temps de travail et des richesses !
Je ne crois pas au mythe des produits à obsolescence programmée, du moins pas sur un libre-marché. Pour vivre il faut de l’argent et pour avoir de l’argent il faut produire quelque chose de désirable pour la société. Personne n’a l’autorité morale nécessaire pour redistribuer la richesse à sa guise. Nous sommes les propriétaires légitimes du fruit de notre labeur et devrions en disposer comme bon nous semble.
Monsieur Y enchaîne ensuite avec de nouvelles questions :
6. Que pensez-vous de la panarchie ?
Dans une panarchie, chacun est libre de joindre le système de son choix. Cependant, ce système est voué à l’échec puisqu’il est évident que les plus productifs joindront un système plus libertarien alors que les dépendants de l’État choisiront un système plus socialiste. Or, comme ils ne produisent rien, les membres du système socialiste ne disposeront d’aucune richesse à redistribuer ; le système s’effondrera donc de lui-même ! La réalité est que les étatistes ont besoin de productifs à qui s’approprier la richesse pour financer leur subsistance.
7. La propriété est un droit inaliénable de l’homme : lorsque je travaille, il est normal que j’ai un droit sur le fruit de ce travail. Néanmoins, la terre (au sens de terrain) n’est fabriquée par personne, c’est un bien de la collectivité autant que l’air et la haute mer. Les premiers titres de propriété sont donc issus d’un vol du bien collectif par des intérêts particuliers. Toute terre vendue aujourd’hui peut donc être considérée comme du recel, les vendeurs s’échangeant depuis des siècles des titres de propriété illégitimes. La propriété reste légitime pour ce qui peut s’acquérir par son travail et qui est renouvelable. Par contre, tout ce qui existe en quantité finie et déterminée et n’est pas créée par le travail doit rester propriété de la collectivité. Que pensez-vous de cette réflexion ?
J’ai déjà traité de cette problématique dans mon article sur le principe du « homestead ». Bien entendu, selon ce principe, beaucoup de titres de propriété actuels seraient considérés illégitimes !
8. Dans un monde meilleur où toute relation entre homme est libre et voulu, le mérite a-t-il sa place autant que la liberté ?
Là où des hommes produisent et s’échangent des services et biens, est-il légitime qu’une partie de la population s’approprie petit à petit le capital par héritage, simplement parce que ces individus restent libres de pouvoir le faire ? Pourquoi un fils d’un homme riche peut-il profiter d’une grande partie des biens et services proposés par le simple fait d’hériter de la fortune de son père ? Un homme ne peut profiter de la richesse créée par l’humanité seulement si celui-ci y participe en retour. Il convient donc que l’héritage est illégitime : cette richesse confisquée doit donc être également répartie entre les hommes qui peuvent en profiter pour l’épargner comme ils le souhaitent, le faire fructifier, l’utiliser pour se former, se cultiver… Chaque individu devra donc œuvrer pour l’humanité si celui-ci souhaite pouvoir profiter du travail des autres. N’est-ce pas une source d’innovation ?
Si nous sommes les propriétaires légitimes du fruit de notre labeur, nous devrions avoir le droit d’en disposer comme bon nous semble à notre mort. Et comme cette richesse a déjà été taxée, il n’y a aucune raison valable pour que celle-ci soit sujette à l’impôt, sinon c’est de la double-taxation. L’extorsion des héritages par l’État pour financer sa bureaucratie gourmande n’a rien à voir avec l’innovation.
J’aime particulièrement la réponse à la sixième question.
« Or, comme ils ne produisent rien, les membres du système socialiste ne disposeront d’aucune richesse à redistribuer ; le système s’effondrera donc de lui-même ! »
C’est l’explication de l’existence des parasites.
Tout à fait d’accord. Jusqu’ici, nous n’avons pas eu d’exemple de marché libre sans monopole (mais peut-être n’étaient ils pas libres)
« L’intervention de l’état crée les problèmes » :
_les néo-libéraux ont appelé à sauver les banques, et donc intervenir, ce qui, je l’affirme avec vous, est une ********.
_l’état reste nécessaire pour garantir la concurrence et le respect des lois, justement. Dès que le système se grippe, vers qui se tourne-t-on ?
En l’occurrence, la théorie est bien belle, mais fausse.
De même, votre discours sur l’héritage relève de l’émotionnel, pas de l’analytique. L’héritage n’a AUCUNE utilité économique : il n’augmente pas l’innovation, et ne motive les gens qu’à thésauriser, ce qui empêche la circulation de la monnaie, pas à innover ou créer de la richesse.
De grands théoriciens socialocommunistes, comme Bill Gates et Warren Buffet, ce sont violemment opposés à toute DIMINUTION des taxes sur l’héritage. Comment l’expliquez-vous ? L’héritage encourage justement le monopole que vous décriez !
mais on s’en fout. L’économie n’est pas l’alpha et l’oméga de la vie, c’est juste un sous-produit de l’activité.
Est-ce qu’on regarde si un quelqu’un est mort ou vivant avant d’encaisser un chèque qu’il a émis (de son vivant, forcément) ?
Un testament n’est rien d’autre qu’une liste de dernières volontés, de dons posthumes, de chèques émis et de règles fixés par le défunt pour la répartition de ses biens. Le respect de la volonté des gens, concernant les biens dont on leur reconnait la propriété, est une base, et ce n’est pas parce qu’ils sont devenus mort entre temps que cette volonté devient nulle ou négligeable.
En plus, en pratique, il y a tout les moyens légaux pour faire vraiment ce qu’on veut (exemple bien connu : le code civil à beau interdire de déshériter, avec l’assurance-vie c’est facile)
Alnurn, de qui avez-vous appris l’économie ? d’Achille Zavatta ?
Le marché régule les excès bien plus efficacement que l’ensemble des tentatives scientistes de régulation, malgré ses propres imperfections. C’est bien parce que l’Etat intervient au-delà de ses prérogatives normales (protection de la vie, de la liberté et de la propriété) que le « système se grippe ».
Il n’existe pas de théorie démontrant que les héritages économiques n’ont aucune valeur. Vous savez ce qu’on dit à propos des héritiers : la première génération innove, la seconde gère et la troisième dilapide ! Laissez donc les héritiers innover, gérer ou dilapider !
Rottenbarde, la concurrence pure et parfaite, c’est une « théorie » néoclassique, juste comme ça.
Une simple « hypothèse d’école ».
Le monopole naturel, la sélection adverse, le salaire d’efficience, le cartel, et toutes ces théories de « sous-équilibre » de marché… sont autant de théories non-confirmées, pourtant rabâchées à longueur de journée par ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent.
En effet, j’ai appris l’économie sur le tas. Il n’empêche que, jusqu’à nouvel ordre, l’économie est une affaire de réflexions et d’arguments, pas une religion : la foi n’est pas suffisante. Si M.H m’apporte un argument valable, je suis preneur.
En effet, il n’existe ni preuve que l’héritage est inutile… ni preuve qu’il est utile.
Bon j’arrête là. Si M.H dispose d’une argumentation (souligné deux fois) je suis preneur.
Les adversaires du marché libre attaquent les théories dites « libérales » avec des théories néoclassiques et keynésiennes, le genre de théories non confirmées par les faits (concurrence parfaite, monopole naturel, sélection adverse, animal spirit, dilemme du prisonnier etc).
Vous voulez un argument sur quoi ? J’ai des documents, mais il y en a trop.
Vous avez posé deux critiques, une sur les banques, une sur la concurrence.
Sur la concurrence, lire ceci :
https://mises.org/journals/rae/pdf/RAE9_2_3.pdf http://globalwater.jhu.edu/index.php/magazine/art… http://www.jcrni.org/extranet/public/cp44.pdf http://mises.org/daily/1950
Sur les banques, vous voulez que je vous dise quoi ?
Que le sauvetage des banques dérive du FDIC, qui n’est ni plus ni moins une composante du Glass Steagall Act qui n’a pas été abolie ?
Que « l’abrogation » (comme on l’appelle) du Glass Steagall Act, par ailleurs, n’est pas liée de près ou de loin à la cause même de la crise des subprimes ?
http://www.aei.org/article/28701
— The repeal of portions of the Glass-Steagall Act in 1999–often cited by people who know nothing about that law–has no relevance whatsoever to the financial crisis, with one major exception: it permitted banks to be affiliated with firms that underwrite securities, and thus allowed Bank of America Corp. to acquire Merrill Lynch & Co. and JPMorgan Chase & Co. to buy Bear Stearns Cos. Both transactions saved the government the costs of a rescue and spared the market substantial additional turmoil.
None of the investment banks that got into financial trouble, specifically Bear Stearns, Merrill Lynch, Lehman Brothers Holdings Inc., Morgan Stanley and Goldman Sachs Group Inc., were affiliated with commercial banks, and none were affected in any way by the repeal of Glass-Steagall.
Vous êtes simplement mal renseigné. Heureusement pour vous, c’est facile à corriger.
Mais s’il s’agit d’une foi aveugle en l’efficience de l’État, c’est plus difficile.
Dans la précipitation, j’ai oublié de vous recommander cet article sur la « propriété intellectuelle », une autre forme de monopole.
http://www.contrepoints.org/2011/02/02/12799-agai…
« Les monopoles sont impossibles sur un véritable libre-marché. »
Il n’y a eu aucun exemple observé, à ce jour, de « véritable libre marché ».
Nous ne disposons pas de point de référence historique, vécu, du monde réel, permettant d’affirmer qu’un « véritable libre marché » empêcherait toute apparition d’un monopole ou d’un oligopole.
Ca ne veut pas dire que cela ne serait pas le cas. Mais cela veut dire qu’il s’agit d’un raisonnement 100% théorique.
« Ca ne veut pas dire que cela ne serait pas le cas. Mais cela veut dire qu’il s’agit d’un raisonnement 100% théorique. »
Tout comme vos arguments anti-marché.
Et même, c’est faux. Il y a bien eu des exemples de marché libre, même s’il ne s’agit que de certains secteurs spécifiques.