Le conseiller économique en chef du gouvernement indien, Kaushik Basu, affirme que pour réduire la corruption il faudrait rendre le paiement de pots de vin légal et maintenir la demande de pots de vin illégale.
Son explication au Wall Street Journal est la suivante :
« Selon la loi actuellement en vigueur en Inde, le corrupteur et le corrompu sont en effet complices dans le crime. Il est dans leur intérêt commun de maintenir cet état de fait caché aux autorités parce que, s’ils sont découverts, ils seront tous les deux punis.
Le raisonnement expliquant ma proposition de révision de la loi est le suivant : une fois le pot de vin versé -le corrupteur ayant recueilli tout ce qu’il a tenté d’acquérir en donnant de l’argent au corrompu – les intérêts du corrompu et du corrupteur deviennent complètement opposés grâce à la nouvelle mouture de la loi.
En effet, si l’affaire est découverte, le corrupteur sera impuni et sera en mesure de recueillir l’argent de la corruption versé précédemment. Le corrompu, lui, perd le butin de la corruption et sera passible d’une peine importante.
Ainsi, il est dans l’intérêt du corrupteur que le corrompu se fasse prendre par les autorités.  Comme le corrompu sait cela, il sera beaucoup moins enclin à prendre le pot de vin en premier lieu. Il est donc probable qu’il y aura une baisse de l’incidence de la corruption dans le pays ».
Basu précise que cette proposition de loi vise la corruption ayant lieu lorsque le corrupteur doit payer pour accéder à un service qu’il est de toute manière en droit de recevoir, comme par exemple lorsqu’il faut corrompre un agent administratif afin d’obtenir un permis d’exploitation auquel l’administré à droit ou afin d’obtenir un remboursement d’impôt.
Malin.
Les bases de la théorie des jeux appliquée. L’intérêt régule tout.
Bof, je ne suis pas convaincu.
Admettons que ma société doive otenir un permis et que le fonctionnaire responsable exige un pot de vin pour traiter mon dossier. Je m’exécute, puis je dénonce cet indélicat et je récupère ma mise. Supayr. Mais plus tard j’ai besoin d’une autre autorisation: ma réputation est faite, même avec un autre vis-à -vis je risque d’avoir les pire difficultés pour l’obtenir, sans plus de possibilité de mettre de l’huile dans les rouages. En revanche, mon concurrent qui a été plus discret, reçoit son permis sans difficulté et je me fais coiffer au poteau… Mon intérêt bien compris est donc de taire ces agissements.
Au final, ça risque de ne pas changer grand-chose, mais au prix d’une amnistie pour la moitié des acteurs. Une fausse bonne idée?