Atlas Shrugged décrypté
Qui est John Galt ?
Un article de Bernard de Terwangne
L’action est située en 2016. Le film commence par une scène terrifiante de réalisme, telle que nous pourrions fort bien la voir sur nos petits écrans dans cinq ans. Le conflit du Moyen-Orient a coupé l’approvisionnement en pétrole des États-Unis et le seul mode de transport abordable devient le rail dont le réseau est en mauvais état et peu développé.
Dagny Taggart (Taylor Schilling) est la tête pensante de Taggart Transcontinental, la plus grande société de chemin de fer qui subsiste aux USA. Elle est belle mais surtout intelligente et forte. Elle travaille dur pour assurer le succès de son entreprise. Son frère James dirige la société en passant le plus clair de son temps à s’occuper de ses «amis à Washington. »
Rapidement elle rencontre le sidérurgiste Hank Rearden (Grant Bowler), qui impressionne par sa productivité de par son courage, sa force de caractère et ses capacités. Rearden a mis au point un alliage métallique nouveau et très performant. Cet alliage offre des perspectives extraordinaires.
Contre l’avis de l’Institut National des Sciences et malgré l’opposition des syndicats et de l’opinion publique, Hank et Dagny utilisent cet alliage « Rearden Metal » pour la reconstruction de la ligne Taggart Transcontinental dans le Colorado. Ils y font circuler le train le plus rapide du pays.
Forts de ce succès, ils font alliance avec le puissant magnat du pétrole Ellis Wyatt (Graham Beckel), qui a accès à des ressources qui pourraient mener à une nouvelle Renaissance Américaine.
Rearden visite alors avec Dagny une usine abandonnée, dans le Wisconsin à la recherche d’un moteur innovant, fonctionnant à l’électricité statique, qui pourrait révolutionner l’industrie. Ils en cherchent désespérément l’inventeur. Ce faisant ils constatent que peu à peu les scientifiques, les penseurs, les artistes et les personnes les plus productives disparaissent mystérieusement. Même Ellis Wyatt est introuvable.
NB : la description du film ci-plus-haut est inspirée de cet excellent article de Tabitha Hale.
Ainsi se termine le premier des trois volets issu de la grande épopée d’Ayn Rand écrite en 1957, très connue Outre-Atlantique mais à ce jour jamais traduite en français et ignorée chez nous. Ayn Rand qui a passé sa jeunesse en Russie nous explique par se roman sa philosophie objectiviste axée sur la raison. Dans cette philosophie, chaque homme et femme est responsable de son propre destin et ne doit pas compter sur l’aide de l’État pour l’accomplir. James, le très riche héritier de Taggart Transcontinental, est le prototype du bourgeois bohème et du capitaliste de connivence. Il passe plus de temps à faire de petits arrangements avec le ministre Wesley Mouch pour obtenir des aides d’États en échange de réglementations qu’à assurer la pérennité de son entreprise. Il épousera par pitié Cherryl, une jeune fille serveuse dans un restaurant qui, elle, a fait tout ce qu’elle pouvait pour sortir de la pauvreté par son travail. Cherryl se montrera à la hauteur mais James ne supportera pas le bonheur de son épouse qu’elle tire non pas de la situation confortable que lui apporte leur union mais de sa combativité pour s’en sortir seule.
Atlas Shrugged oppose deux conceptions de la vie en mettant ainsi dos à dos des personnages qui, pour les uns, refusent de vivre par ou pour la collectivité et, pour les autres, se complaisent dans la recherche de l’aide de l’État ou cherchent à obtenir des règlementations en ce sens. Dans chacune des deux catégories, le roman met en avant des gens de toutes les classes sociales. Le roman aussi condamne très fermement le capitalisme de connivence et glorifie l’effort et l’accomplissement personnel. Au travers de plusieurs femmes comme Dagny et Cherryl, le roman prend aussi des positions féministes très fortes pour le contexte des années 50 et toujours étonnantes aujourd’hui.
John Galt est un personnage énigmatique de cette histoire. Toujours présent ne fût-ce que par cette question « Who is John Galt ? » qui revient sur toutes les lèvres. Il se dévoile au monde assez tard dans le livre au travers d’un discours télévisé monumental, mais si vous aussi vous ne pouvez vous empêcher de vous battre pour un monde ou chacun se construit plus par ses propres efforts que par l’assistanat, vous devez être un peu John Galt !
Le film a été produit par un consortium « The Strikers » créé pour l’occasion et dont le nom fait référence à la grève des productifs qu’on commence à ressentir à la fin de la première partie. Cette petite maison qui n’a pas le support d’Hollywood travaille sur des budgets très limités et doit d’abord assurer un succès aux États-Unis avant de pouvoir présenter le film dans le reste du monde. On ne peut qu’applaudir leur volontarisme. Ils m’ont confié qu’ils commenceront à s’en préoccuper en juin. A l’automne nous devrions aussi disposer pour la première fois depuis la parution en anglais d’une traduction française du roman. Dans l’attente, participons au buzz pour aider à la réussite du film dès ce 15 avril aux États-Unis et un peu plus tard chez nous.
Groupe Facebook pour la diffusion du film Atlas Shrugged en Europe
Merci pour la diffusion de mon article. Contrepoints lui donnera plus de chance d’être lu que mon blog Librement Belge ou je l’avais initialement posté.
Amicalement,
Bernard de Terwangne