Pour réduire la corruption, supprimez les subventions !

Il serait judicieux de prévoir une élimination progressive des subventions à la consommation tout en stimulant l’économie grâce à des politiques qui aideraient le maximum de personnes à sortir de la pauvreté.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pour réduire la corruption, supprimez les subventions !

Publié le 19 août 2016
- A +

Par JJ. Omojuwa.
Un article de Libre Afrique

La subvention, sœur jumelle de la corruption
By: Leon RiskinCC BY 2.0

La corruption prospère sur le continent africain peut-être beaucoup plus que partout ailleurs dans le monde. Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, le continent perd plus de 50 milliards de dollars chaque année à cause de la corruption et les flux financiers illicites. Les rapports annuels de l’agence mondiale de notation de la corruption, Transparency International, montrent que l’Afrique est toujours en tête de la liste des pays les plus corrompus au monde.

Interventions malsaines du gouvernement

Le chroniqueur populaire, Bukola Ogunyemi, qui a co-présenté la 3ème Conférence régionale des Students For Liberty en Afrique de l’Est (Nairobi), définissait les subventions comme « des interventions malsaines des gouvernements dans le fonctionnement du marché libre qui créent des opportunités à la corruption ». L’existence de ces subventions finit par nuire à la masse davantage que leur absence. Selon lui, les subventions, telles qu’elles sont conçues et implémentées dans les économies africaines, existent en raison de l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre des solutions novatrices aux problèmes de développement.

Une autre présentation, à la conférence de Nairobi, a porté sur le Nigeria et les escroqueries des subventions au carburant. Cette subvention a été introduite au Nigeria alors que le pays ne pouvait plus répondre aux demandes de pétrole raffiné et a dû commencer à importer. Initialement, le régime de subvention avait été instauré pour six mois, alors que l’objectif était de continuer à accroître la capacité de production totale de quatre raffineries du Nigeria. Cela n’a jamais eu lieu. Et comme le Nigeria grandissait, la demande en carburant augmentait ainsi que les prix des produits importés des raffineries européennes. Ainsi, il s’en est suivi un cycle qui a vu les gouvernements successifs distribuer des subventions de plus en plus élevées pour que le prix du carburant reste abordable pour les populations. Ceci a conduit à une perte de plus de 5 mille milliards de nairas, dont la plus grande partie est due à la corruption dans la chaîne de redistribution, sans pour autant résoudre le problème.

La maladie de la corruption

Les exemples abondent quant à la façon dont la corruption a prouvé être la sœur jumelle des subventions dans d’autres pays africains. Les escroqueries autour des subventions sont nombreuses : les engrais au Malawi, le pain en Égypte, l’agriculture en Tanzanie et dans plusieurs autres pays qui ont préféré une approche cosmétique sous forme de subventions plutôt que de créer un environnement propice au développement des entreprises et à la création de richesse.

Une autre forme de subvention plus silencieuse est le contrôle de change. Pendant 15 mois, le gouvernement nigérian a fixé le taux de change officiel du naira à 197-199 pour 1 dollar, même lorsque le marché indiquait un taux différent. L’explication est que le gouvernement subventionnait le taux de change pour que l’économie apparaisse plus forte sur le papier. Mais, comme c’est le cas avec toutes les subventions, le régime a seulement favorisé les amis du pouvoir qui bénéficient déjà de toutes sortes d’allégements fiscaux et de privilèges. Pendant des mois, dans la vraie vie, le citoyen ordinaire a du faire les opérations de change sur le marché parallèle à un taux de 300-350 nairas par dollar.

Depuis 2016, le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes en faisant des réformes. Ainsi, avec la suppression des subventions au kérosène et à l’essence, et plus récemment celle du change avec le flottement du naira, l’économie du Nigeria se lance progressivement sur un processus de rétablissement des marchés plus libres et plus compétitifs et une répartition plus équitable des richesses.

Les subventions existent certes dans d’autres économies hors Afrique, mais celles-ci sont orientées la plupart du temps vers la production, après avoir mis en place des systèmes et des institutions solides qui encadrent et limitent les abus. Ainsi, l’élimination brutale des subventions n’est peut-être pas la solution idoine à la corruption ancrée dans le système. Il serait sûrement plus judicieux de prévoir une élimination progressive des subventions à la consommation tout en stimulant l’économie grâce à des politiques qui aideraient le maximum de personnes à sortir de la pauvreté.

Il ne faut pas oublier que tous les index de la liberté économique (Fraser Institute, Heritage Fondation) montrent que la liberté économique est le terreau le plus favorable au recul de la pauvreté. Liberté économique et État de droit sont les réels piliers du recul des inégalités et de la création de richesse. C’est la voie qui à n’en point douter pourrait permettre aux différents pays d’Afrique d’entrer dans la mondialisation en en tirant tous les fruits et les opportunités.

Sur le web

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Avril 2021, alors que des procès en laxisme au sujet de la justice française fusent dans l’actualité, le nouveau garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, monte au créneau et exprime sa stupéfaction dans un entretien accordé au journal Le Monde : pour lui, c’est un gros malentendu, un problème de communication entre les magistrats et les Français qui ne font plus, à tort, confiance dans la justice de leur pays.

 

Pour le brave Éric du ministère de la Justice, de même que l’insécurité qui n’est qu’un sentiment peu étayé par la ... Poursuivre la lecture

L’Ukraine mène une deuxième guerre, intérieure celle-ci, contre la corruption.

En janvier 2023, le gouvernement ukrainien a été éclaboussé par des scandales de corruption impliquant le vice-ministre de la Défense et le vice-ministre des Infrastructures. Il se trouve que juste avant la guerre, le président Zelensky avait poussé à un tournant anti-corruption. L’Ukraine elle-même était déjà l’un des pays les plus corrompus du continent. Selon Transparency International, son indice de perception de la corruption pour 2022 était encore de 3... Poursuivre la lecture

Par Bertrand Venard.

L’ONG Transparency International vient de publier son palmarès des pays du monde selon le niveau de corruption perçue en 2022.

L’étude de ce document confirme une fois de plus les liens étroits qui existent entre le degré de corruption d’un pays et le risque que ce pays soit engagé dans une guerre, extérieure ou civile. Dans un cercle vicieux inextricable, un pays plongé dans un conflit voit aussi son niveau de corruption croître.

 

Comment est évaluée la corruption dans un pays ?

Depuis s... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles