Dix bonnes raisons de ne pas prendre part au sauvetage du Portugal
1. On ne reverra jamais l’argent
Il devient de plus en plus criant que la Grèce ne va pas tenir ses engagements en matière de remoursement de sa dette. Les prêts internationaux sont toujours organisés de façon à ce que le FMI récupère son argent en premier, et c’est donc l’UE qui va prendre. La dette du Portugal croît plus vite que son PIB, ce qui rend presque inévitable qu’il n’arrivera pas à rembourser.
2. Nous ne pouvons pas nous le permettre
Si on ne prend en compte que les coupes effectuées dans certains budgets soigneusement sélectionnés de l’État, en ignorant les hausses de dépenses dans d’autres domaines, on trouve tout juste 6,2 milliards de livres. La contribution britannique totale à un sauvetage est probablement de 4,2 milliards de livres. Pourquoi les syndicats ne sont-ils donc pas dans la rue pour ça aussi ?
3. C’est illégal
L’accord de départ sur l’adoption de l’euro n’a été atteint que sous la condition d’une clause de non-sauvetage, insérée dans le traité de Maastricht dans la langue la plus claire qu’il est possible pour des avocats. En d’autres termes, de tels prêts n’ont pas seulement une absence totale de base légale, ils sont explicitement prohibés. Comme l’observait Angela Merkel, juste avant de tomber d’accord sur précisément un tel sauvetage : « Nous avons un traité dans lequel il n’existe pas la possibilité de payer pour sauver des États ».
4. C’est antidémocratique
Le gouvernement portugais est tombé le 23 mars, et l’élection nationale n’est pas lieu avant le 5 juin. Entretemps, il n’y a aucun ministre élu pour négocier des emprunts. Les eurocrates, bien sûr, se réjouissent d’un tel vide : ils se sentent beaucoup mieux dans leur peau à traiter avec des officiels qu’avec des politiciens. Les politiciens, après tout, ont la dérangeante habitude de refléter les vues de leur circonscription. Aucun danger ici. Comme un officiel de la Commission l’a observé : « ils faut qu’ils se rappellent que ce n’est pas leur programme, c’est le nôtre ».
5. On n’aide pas un ami endetté en lui poussant de nouveaux prêts sous le nez
Il existe un argument en faveur d’aider le Portugal en restructurant sa dette existante ; il n’en existe aucun qui tienne et qui soit en faveur d’augmenter son passif.
6. Il ne s’agit pas de sauver le Portugal, mais bien de sauver l’euro
L’argent du sauvetage ira aux banquiers et aux détenteurs de bons européens. Les habitants d’un des États les plus pauvres d’Europe occidentale se voient obligés de porter sur leurs épaules le fardeau de soutenir tout le système bancaire européen.
7. Le Portugal ne se remettra pas tant qu’il n’aura pas quitté l’euro
Découpler, dévaluer et, si nécessaire, renoncer à rembourser. Ce n’est que quand le Portugal commencera à ajuster ses taux d’intérêts et ses taux de changes pour les adapter à ses propres besoins, qu’il sera en mesure de se remettre sur le marché au bon prix.
8. La Grèce et l’Irlande sont forcées de contribuer
Il y a deux fonds séparés de l’UE en jeu : un qui n’impose d’obligations qu’aux membres de l’euro ; un qui couvre tous les États de l’Union. L’Irlande et la Grèce peuvent se tenir sur la ligne de touche du premier, du fait qu’ils ont déjà requis de l’assistance, mais ils ne peuvent se soustraire au second. Ils seront forcés d’emprunter des centaines de milliards d’euros pour les envoyer au Portugal. La Grande-Bretagne devrait se faire le champion de l’intérêt de ces pays, ainsi que de tous les États membres de l’UE qui ont gardé leur propre monnaie. Si les membres de l’eurozone souhaitent sauver le Portugal, qu’ils le fassent donc avec leur propre argent.
9. Rejeter cet accord renforcerait la coalition de notre premier ministre
Une dispute un peu creuse se déroule au sujet de savoir si le chancelier de l’échiquier actuel, George Osbourne, a bien acquiescé à la décision de son prédécesseur travailliste, Alistair Darling, de se joindre au fond de sauvetage. Darling dit qu’Osborne était d’accord, et Osborne le nie. Ce que je devine, c’est que cet arrangement leur a été présenté à tous deux comme un fait accompli par nos officiels eurofanatiques de Bruxelles. La façon la plus claire de couper court à cet argument est pour notre chancelier de déclarer : « cet accord a été atteint avec mon prédécesseur après que son parti ait été rejeté aux élections. Je ne considère pas qu’il lie ce gouvernement. J’ai consulté les avocats du Trésor, qui me disent qu’il est de façon patente contraire aux traités européens. Et je répudie donc cet accord. J’ai instruit mon département de soustraire une somme équivalente des contributions britanniques au budget de l’UE, et suis disposé à me battre sur ce point devant les tribunaux ».
10. Le Portugal est notre plus vieux et notre meilleur ami en Europe
Il s’est rangé à nos côtés, querelle après querelle. Nous étions toujours préparés, à travers les siècles, à soutenir nos alliés contre la pression exercée par Madrid et Paris. Si nous ne les soutenons pas maintenant contre la pression de Bruxelles et de Francfort, qui donc le fera ?
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