Deux grandes failles se sont réouvertes depuis ce week-end. L’une en Europe, l’autre aux États-Unis. De l’autre côté de l’Océan, la dette vient d’être placée sous surveillance négative par S&P, une très grosse agence déjà largement critiquée pour son indulgence coupable à l’égard de ses grands clients. Le gouvernement américain est à la fois client ET régulateur, c’est deux fois plus motivant, pour une agence, de ne pas trop le brutaliser.
État incontinent
Hélas, il ne pouvait en être autrement avec le franchissement par la dette américaine du plafond légal de $14.300 milliards – grâce à des négociations aussi acrobatiques que dérisoires de dernière minute avec l’opposition. D’autant plus que la probabilité de déficits considérables dans les années à venir reste élevée – $1.600 milliards en 2011 – à cause des dépenses militaires et des budgets Medicare et Medicaid hors de contrôle. Autant dire que l’incontinence de la Fed et du gouvernement commencent à chatouiller les Américains… et leurs créanciers.
Si vous devez couper la queue de votre chien, faites-le en une fois plutôt que par tranches
On peut rigoler en Europe, mais ça ne va guère mieux chez nous. C’est même plus grave. La Grèce a beau jurer qu’elle s’est désintoxiquée et qu’elle a repris le chemin de la vertu, la vue de ses déficits actuels prouve le contraire. Ce pays est toujours très largement déficitaire avec un État ultradépensier avec l’argent qu’il n’a pas, et des réformes trop modestes pour libérer la croissance et faire de la Grèce un tigre de la Méditéranée. Pour l’instant, le pays est classé 88e par son indice de « liberté économique » (après l’Ouganda, la Croatie ou le Kazakhstan). De moins en moins de monde a envie d’alimenter sa dépendance, à l’égard des déficits surtout si la garantie virtuelle des États européens devient moins virtuelle… et moins certaine pour ses €340 milliards de dette publique dont elle ne peut espérer que rembourser que la moitié dans les 20 prochaines années si elle fait vite les bons choix économiques. Résultat, de hauts responsables allemands ont évoqué ce week-end un plan de renégociation de la dette grecque : allongement considérable (et forcé) de la dette grecque, baisse éventuelle du coupon, peut-être du principal à rembourser au final. Une telle opération devrait être suffisamment radicale pour que la douleur soit vive mais ponctuelle.
Mais après la dette grecque, nous aurons à renégocier la dette irlandaise, puis portugaise. Les banques européennes devront à nouveau encaisser le choc, sûrement avec l’aide d’une BCE complaisante aux dépens des citoyens européens qui voient déjà l’inflation revenir dans leur assiette. L’Espagne va à nouveau trembler. Si elle tombe comme les 3 autres avant elle, ce sera rapidement au tour de la France de devoir faire les comptes. La vie à crédit, la « gratuité » généralisée et le modèle social que le monde nous envie ont un prix. Avec un déficit public de 7% du PIB, soit 55% du budget de l’État, et une dette représentant 80% du PIB, soit 600% du budget de l’État, la note promet d’être salée.
« soit 55% du budget de l’État »
C’est cela qui est important, pas que ça représente tant de % du PIB.
Pour un euro encaissé, l’Etat en dépense 2, en pure perte d’ailleurs.