De temps en temps, il se passe un événement qui change le cours de l’histoire. Je suis en train de me demander si une telle chose ne s’est pas produite en Finlande le week-end dernier.
Explication.
Comme je ne cesse de le dire ou de l’écrire depuis des années, l’euro est un Frankenstein financier qui allait nous amener à un désastre européen sans précédent. Nous y sommes.
L’Irlande, la Grèce, le Portugal sont en faillite déclarées, l’Espagne et l’Italie suivent de près, l’Europe est devenue un protectorat allemand et chacun se sent humilié (pays du Sud) ou berné (pays du Nord), surtout quand l’on compare les résultats aux promesses qui étaient faites par les partisans de l’euro il y a 10 ans : si le lecteur veut rire (jaune) un peu, je le renvoie a la pétition signée par tout ce qui comptait dans la nomenclature française en 1997 ou 1998 nous expliquant que l’euro allait assurer la croissance européenne, la convergence des économies, le financement des dépenses sociales, la stabilité des prix, la retraite à 50 ans et bien sûr l’harmonie sexuelle entre partenaires, ainsi que la prolongation de la vie de chacun d’au moins vingt ans (les deux derniers, je ne suis pas si sûr que ca, mais le lecteur me pardonnera ce léger débordement).
En fait, nos systèmes sociaux implosent avec notre croissance, le chômage explose et la faillite de l’État français qui se profile à l’horizon 2013-2014 sera la grande absente de la prochaine campagne présidentielle où chaque candidat s’évertuera à faire des promesses qui n’engageront que ceux qui les croient, selon l’immortelle formule de Jacques Chirac.
Devant cette déconfiture, les génies à l’origine de cette extraordinaire usine à gaz qu’est l’euro, plutôt que demander pardon aux citoyens et de prendre leurs retraites, laissant aux gens compétents la responsabilité de réparer leurs erreurs, se mirent à rajouter frénétiquement des tuyaux à leur immortelle construction tandis que la BCE, entre les mains du principal responsable de ce désastre, monsieur Trichet, s’autorisait à racheter où à escompter à tiroir ouvert des obligations émises par des États que sa brillante construction avait mis en faillite (après tout ce n’est pas son argent).
Bref, nous étions partis pour un système ressemblant à notre sécurité sociale : coûtant la peau des fesses, que seul un petit nombre de fonctionnaires comprend et allant de réformes en réformes sans jamais arriver à l’équilibre. Pour résumer, nous allions tout droit vers le rêve de tout haut fonctionnaire : un système qui ne marche pas et dont on ne peut pas sortir, ce qui leur assure un perpétuel plein emploi.
Jusqu’au vote finlandais de ce week-end.
Les finlandais sont un peuple qui prend sa démocratie au sérieux et qui croit profondément au vieux principe libéral : pas de taxation sans représentations (vote). De ce fait, le gouvernement finlandais ne peut pas subventionner les dépenses des usines à gaz européennes sans passer devant le parlement local (invraisemblable démagogie diront nos technocrates). Et comme nous venons d’avoir des élections où un parti l’a emporté, celui qui précisait que la Finlande ne financerait plus ce genre de dépenses, nous voilà devant un léger problème.
En effet, pour financer les folies de nos technocrates européens, il faut qu’il y ait unanimité de tous les États européens. Le parti des Vrais finlandais a indiqué qu’il honorerait les promesses faites à la Grèce et à l’Irlande, mais que pour le Portugal, il ne fallait pas compter sur lui puisque rien n’avait été signé. Ce qui veut dire que le plan européen de construction de la nouvelle usine à gaz est complètement caduc
L’euro se retrouve face à ses contradictions et notre petite souris finlandaise vient de rugir que « l’empereur n’avait pas d’habit » comme le petit enfant du conte d’Andersen. Les conséquences financières sont simples : il existe des pertes gigantesques dans le système qui pour l’instant n’ont été attribuées à personne, la BCE les portant en silence dans son bilan en attendant la nouvelle usine à gaz
Or, de nouvelles usines à gaz, il n y en aura point. Un krach se produit non pas quand les pertes ont lieu mais quand les marchés réalisent qu’elles ont eu lieu, parfois depuis longtemps. Nous arrivons au moment où ces pertes vont devoir être inscrites aux bilans des uns et des autres et en particulier aux bilans de nos systèmes financiers : banques et compagnies d’assurance, États.
Je réitère ma recommandation de ne RIEN avoir de tout cela.
« Faire des promesses qui n’engageront que ceux qui les croient » est plutôt une formule de Pasqua, qui n’était que le second couteau du Grand Chef Mafieux.
Pour être précis, Pasqua a réutilisé une formule de Queuille, ce dernier étant également l’auteur du fameux : « Aucun problème ne résiste à une absence totale de solution. »
Nos politiques ont une capacité d’imagination sans borne !
Absolument d’accord avec cet article mais je vous trouve trop sévère avec Trichet car en réalité entre la FED et la BCE sous l’ère Trichet, je trouve bien plus de vertus au Président de la BCE qu’aux deux derniers de la FED! Et à y regarder de plus près (lire les « minutes » de la BCE), Trichet n’est pas dupe des conséquences de certaines politiques monétaires. Il a refusé de baisser les taux autant que la FED de 2003 à 2007 et les a remontés, craignant pour l’inflation et une bulle immobilière dans certains pays de l’UE, quand tous les politiques le fustigeaient! Certes, il a ouvert les vannes depuis 2 ans mais bien moins que la FED et a engagé une période de remontée des taux récemment pour éviter une spirale inflationiste, encore une fois sous les feux des critiques.
C’est certain, si on compare n’importe quel banquier central à l’arme de destruction massive de l’hélicoptère Bernanke, même les bombardiers furtifs semblent être des armes plutôt obsolètes pour mettre le monde à feu et à sang.
En quoi cela est-il de la faute de l’euro si la Grèce est mal gérée, si le gouvernement dépense plus qu’il ne gagne, s’endette, etc. ?
L’euro est un bouc-émissaire bien aisé.
En attendant, les entreprises qui commercent directement ou indirectement avec la zone (c’est-à-dire toutes) ne connaissent plus le stress du taux de change, planifient plus facilement, etc.
Autre avantage, on a retiré des mains des gouvernements l’arme de la planche à billets, la tentation de dévaluer n’est plus et au final, le grand gagnant, c’est bien le consommateur/citoyen.
Quelle aurait été l’inflation avec notre franc faiblard ?
Les articles de presse sur l’euro m’ont toujours fait rire : « l’euro est trop fort, il pénalise nos exportations », « l’euro est trop faible, nos importations reviennent trop cher, le pétrole coûte trop cher »…
Jamais contents.