L’écrasante défaite pour le gouvernement espagnol aux élections régionales du week-end dernier, allant de pair avec la situation qui ne cesse d’empirer en Grèce, a vu les inquiétudes sur l’état de l’économie espagnole montrer de nouveau le bout de leur nez.
Bien que nous soyons généralement beaucoup plus positifs au sujet de l’Espagne que sur certaines autres économies en difficulté de la zone euro, (certaines ont déjà basculé dans le gouffre, donc il n’y a pas besoin d’être un génie), dans notre récent rapport examinant la situation du Portugal, nous avons averti sur le potentiel d’un avis de forte tempête, en cas de combinaison de facteurs économiques défavorables, qui pourrait pousser l’Espagne dans la direction de devoir recourir à un sauvetage.
Malheureusement, il semble qu’une telle tempête pourrait être en train de se former à l’horizon, si les nombreux facteurs qui flottent au dessus de l’économie espagnole se recouvrent ou coïncident.
Premièrement, comme ça a été rapporté la semaine dernière, ces élections pourraient révéler une charrette de nouvelles dettes (le Financial Times a suggéré environ 26,4 milliards €) au fur et à mesure que les nouveaux chefs de gouvernements de régions tentent d’établir exactement les dimensions du problème auquel ils sont confrontés, et de reprocher tous les problèmes qui s’ensuivent aux sortants. Bien que ceci ne soit pas immédiatement dangereux du fait de la taille de l’économie espagnole, cette dette supplémentaire pourrait faire rater au pays son objectif de dette et de déficit pour l’année, une chose qui serait certainement sanctionné par les marchés financiers.
Il y a aussi l’augmentation des troubles politiques, du fait du chômage élevé et de l’austérité, particulièrement chez les jeunes. Si ceci continue de gonfler, le soutien pour le programme de réforme du gouvernement pourrait être en danger malgré les grands progrès déjà accomplis. Là encore, il est probable qu’un relâchement dans les ajustements économiques en cours verrait augmenter le coût de l’emprunt, et comme il est près de 6%, ce n’est pas faire preuve d’une imagination débridée que d’envisager de le voir franchir le seuil des 7% (au-delà duquel la dette est vue comme insoutenable), dans le cas d’un tel scénario de grosse tempête.
Et puis il y a le spectre actuel d’une augmentation des taux de la BCE, ce qui va faire mal à cause des niveaux massifs de dette des ménages, et de la forte proportion d’emprunts hypothécaires à taux variables (ce qui rend les propriétaires de logements hautement vulnérables à des hausses de taux d’intérêts) et aussi un secteur bancaire faible, qui continue à paraître sous capitalisé et reste lourdement exposé à un coup dur dans le secteur immobilier. Ajoutez à cela la contagion potentielle en provenance d’autres parties de la zone euro qui sont toujours en difficultés. Combinez ensuite tous ces facteurs, et il y a une grosse tempête économique qui pourrait être en train de se former sur l’Espagne.
Les plus grosses menaces sur la prospérité à long terme de l’Espagne continuent d’être le secteur bancaire et une augmentation des taux de la BCE, et c’est pourquoi le gouvernement doit accélérer d’un cran le programme de réforme des banques (y compris une augmentation des réserves en capital et un désendettement de tout le secteur) tout en développant une politique pour contrer une augmentation des taux de la BCE. Pousser l’UE à trouver des solutions qui résolvent vraiment la crise de la zone euro au lieu de la prolonger (restructuration de la dette, combinée à des injections de liquidités pour les banques par exemple), ne ferait pas de mal non plus.
En dépit de tout cela, les perspectives pour l’économie espagnole sont raisonnablement bonnes pour le moment, spécialement si on garde à l’esprit comment elle a résisté à la crise portugaise jusqu’ici.
Mais il y a bien trop d’ « inconnues connues » en Espagne et dans toute la zone euro, pour se sentir à l’aise, ce qui suggère qu’une tempête pourrait bien se préparer.
Article traduit du blog OpenEurope avec l’aimable autorisation de son auteur.
« tout en développant une politique pour contrer une augmentation des taux de la BCE » donc un politique de dérégulation, de privatisation massive bref une politique catastrophique qui mène tout les pays européen à la crise..
Les jeunes espagnols l’on bien compris et commence à descendre dans la rue, la gouvernance néolibérale européenne doit s’arrêter les dégats sont déjà catastrophiques socialement et économiquement. BASTA une autre Europe est possible !
Avoir laissé filer le déficit ou bâti une économie virtuelle sur des taux de crédit excessivement bas, c’est libéral? Il serait temps de réaliser que le « modèle » actuel n’est en rien viable, au lieu d’assouvir les fantasmes révolutionnaires de certains.
« la gouvernance néolibérale européenne »
Faut arrêter avec cette très vieille et très pourrie scie-là.
C’est précisément parce que l’Europe est de plus en plus socialiste qu’on est tous dans la merde. Et comme les jeunes espagnols (une petite partie d’entre eux, en réalité) réclament bruyamment … plus de socialisme, on va y avoir droit et vous allez bien la sentir passer, votre « gouvernance néoultralibérale européenne ». Faudra pas venir vous plaindre ensuite.
Ca me rapelle qu’en France et dans les pays du Sud, on se plaint que l’UE est dirigée par des « technocrates nantis libéraux-conservateurs », tandis que dans les pays du Nord c’est plutôt le contraire, selon les Britanniques, on ne parle pas de l’UE mais d’EUSSR (EU + USSR) et celle est dirigé par des « ploutocrates socialo-communistes »
L’idée même d’un gouvernement européen, toujours plus puissant, est étatiste au possible.
J’avais jamais pensé à ça, Vida18, mais c’est bien vrai.
Il est légitime aussi de dénoncer la politique de taux très bas de la BCE au debut des années 2000 pour relancer l’Allemagne, ce qui a provoqué aussi un appel au surendettement en Irlande ou en Espagne.
Rappelons toutefois que les banques qui ont des problèmes en Espagne ne sont que des caisses d’épargne trafiquées par les pouvoirs politiques, et qui ont obéï à des objectifs sociaux d’accès à la propriété avant quelconque objectif économique.