Par Alain Madelin.
Un nouveau label Made in France ou plus exactement Origine France garantie vient d’être dévoilé. Ayant pour ma part toujours roulé dans une voiture française par fierté de nos marques nationales, privilégiant volontiers aussi le Made in Breiz, par attachement à l’identité bretonne, je ne peux que trouver sympathique cette démarche patriotique.
Il serait pourtant abusif de tirer des leçons économiques de cette forme de préférence nationale. Un achat à l’étranger n’est pas une perte d’emploi mais un déplacement d’emploi d’une entreprise française à une autre.
Depuis belle lurette, tous nos produits sont Made in world. Rien n’illustre mieux cette réalité que le petit essai de l’économiste américain Leonard Read, Moi, simple crayon.
Je suis un crayon noir, le crayon de bois ordinaire que connaissent tous ceux qui savent lire et écrire… Moi le crayon, aussi simple que je paraisse, je mérite votre émerveillement et votre respect…
Simple ? Et pourtant pas une seule personne à la surface de cette Terre ne sait comment me fabriquer.
Et d’énumérer tout ce qui entre dans la fabrication d’un crayon.
Le bois de cèdre d’Oregon. Tout le travail des bucherons – du campement qui les loge à leur ravitaillement – les scies et les haches, les camions et les trains qui assurent la coupe et le transport (jusqu’aux machines complexes de la scierie). Comment le graphite d’une mine de Ceylan est produit, transformé puis transporté jusqu’au crayon qui s’ébauche.
Et de décrire aussi le long processus qui permet de fabriquer, à partir des mines de zinc et de cuivre la virole en laiton au bout du crayon qui retient une gomme elle-même produite par l’interaction du chlorure de soufre avec de l’huile de graine de colza provenant d’Indonésie.
Et l’histoire des six couches de laque qui recouvrent le crayon, celle de la marque imprimée…
Ce sont au total des millions d’êtres humains qui participent sans le savoir à la création de ce simple crayon, qui échangent et coordonnent leur savoir et leur savoir-faire dans le cadre d’un système de prix sans qu’une autorité supérieure ne dicte leur conduite.
Ce texte date de 1958.
Depuis, la mondialisation et la mutation de nos économies vers la société de la connaissance n’ont fait bien entendu que renforcer cette interdépendance. Mais notre façon d’appréhender le réel reste encore fortement marquée par un appareil statistique conçu pour mesurer les échanges de biens physiques de la société industrielle. Or, derrière la crainte de la désindustrialisation ou les peurs des délocalisations, la réalité, c’est l’internationalisation de l’économie et l’interpénétration de l’industrie et des services. La frontière entre industrie et services s’estompe. Au lieu de vendre un bien, on vend de plus en plus un service. Les industriels se font commerçants, les commerçants se font industriels.
Une nouvelle catégorie d’entreprises apparait, les « sociétés plateformes » qui conçoivent leurs produits, maîtrisent leurs marques, vendent partout dans le monde et remplacent leur activité de production par une sous-traitance optimisée à l’échelle de la planète.
Apple en est un bon exemple. Prenez un iPhone, comptabilisé 179 dollars dans les statistiques américaines des importations en provenance de Chine. Une récente étude universitaire réalisée au Japon (Yuquig Xing et Neal Detert) a décomposé le processus de fabrication et la chaîne de valeur. Si la 3G, le Bluetooth et les composants audio sont Made in USA, la mémoire flash et l’écran sont produits au Japon, le processeur et ses composants sont coréens, le GPS, la caméra et le Wifi viennent d’Allemagne. L’assemblage final en Chine ne représente que 6,5 dollars soit 1,3 % du prix de vente aux États-Unis !
Ce que l’on voit, c’est un déficit commercial apparent de 1,9 milliard pour les États-Unis avec l’iPhone.
Ce que l’on ne voit pas, c’est la captation de l’essentiel de la valeur créée par les Américains.
Derrière le film catastrophe de la désindustrialisation que la France aime se projeter, la baisse de nos effectifs industriels a deux causes essentielles.
D’une part, l’externalisation des fonctions de service (gardiennage, nettoyage, cantine) autrefois comptabilisées dans les emplois industriels et passées aujourd’hui dans les services.
D’autre part, la hausse de la productivité dans l’industrie : moins d’emplois et moins d’argent sont nécessaires par unité produite. L’influence des délocalisations reste marginale.
D’ailleurs, tous les rapports convergent pour montrer que les délocalisations sont globalement favorables à la croissance économique et à l’emploi. Elles sont favorables à la croissance économique et donc à l’emploi tout comme le progrès technique. Il n’y a pas de différence entre une main-d’œuvre chinoise peu chère et un robot industriel ! L’Allemagne est devenue le premier exportateur de biens de haute technologie devant les États-Unis, à partir des mêmes facteurs de production que la France (même monnaie et même coût du travail).
Il ne faut pas se tromper de combat et prétendre défendre nos emplois face aux pays à main-d’œuvre bon marché, en comprimant les salaires, en subventionnant les emplois peu qualifiés par d’artificielles baisses de charges tout en décourageant le capital et en surfiscalisant les emplois qualifiés. Le mariage réussi du Made in world et du Made in France, c’est celui de la créativité et de l’investissement.
Article initialement publié en mai 2011.
Tres bien vu! Bravo
Si on y regarde de plus prés , on constate que chaque entité nationale est le fief d’une administration qui défend son pré carré (ses taxes) a tout prix!
dés lors, bien qu’il soit impensable de re-concentrer l’industrie autour d’une
idée de nation, tout reviens a une question de taxes chargées d’alimenter la dite administration..
peu importe le parcours entrepris pour la fabrication du crayon , pourvu que vendu en france celui ci serve de support a des taxes.. C’est l’objectif
Les taxes sont un effet et non une cause.
Comme le pouvoir précédait le capitalisme, il y a depuis toujours un lien plus ou moins discret entre les deux. Avoir de l’industrie locale, des usines qui produisent ce qu’il faut pour rester indépendant est (était) un signe de puissance. C’est de moins en moins vrai car avec l’accélération de la mondialisation il y a un nivellement qui s’opère, qui échappe au pouvoir. En gros le capitalisme est planétaire, le pouvoir est divisé. C’est cet écart, qui je crois, favorise la régulation et les taxes. Le rêve patriote de chaque nation ou entité politique est l’autarcie (qui peut se traduire par la création d’un empire).
tout simplement qu’on gagne plus e fric a vendre des produits chinois, qu’a les faire nous meme vu les normes et les prelevements
Les normes et les prélèvement arrivent en second lieu après les avantages comparatifs sinon la France serait au 150eme rang..
Rouler dans une voiture de marque française ne garantit pas qu’elle y soit fabriquée,quel argument malvenu.Et pour un élu c’est plus délicat d’avoir une » BéHème » .
C’est le drame des politiciens français : être obligés de rouler dans des Renault ou des Peugeot… quand les patrons de PME roulent en Mercedes, en BMW ou en Porsche… Ils ont les boules nos élus! Mais en continuant à taxer à tout va, ils vont bien réussir à chasser les créateurs d’emplois et on roulera tous en Dacia.
Il est loin le temps Citroën des DS et les SM.
En Trabant même!
Dacia roumaines ou marocaines ?
Surtout quand le véhicule est payé par la collectivité!
Faisons un rêve rétrospectif:
Séguin président et Madelin premier ministre, soit…..Napoléon III et Morny.
Ne fut ce pas une période glorieuse pour l’économie française?
Le premier que Séguin appréciait était reconnu par la peuple (oublions la vindicte injuste du sieur Hugo) et le second sut favoriser la croissance et le développement de l’économie française afin de la rapprocher de ses voisins d’outre manche et d’outre Rhin.
Depuis Mitterrand les effectifs de fonctionnaires ont explosé chaque élu contrairement à ses promesses de « faire des économies » a embauché ou permis d’embaucher moult et moult parasites, même et surtout si il n’y avait pas de travail à leur donner.
1980 = 2 600 000 fonctionnaires, 2016 = 6 500 000 !
Les impôts sont créés pour alimenter cette masse gigantesque au lieu de rester à disposition des entreprises . . .
De 1980 à 2016, un effectif de fonctionnaires multiplié par 3 et, en même temps un potentiel industriel français divisé par combien?
La seule indusrie française qui propère c’est l’industrie des prélèvements Etatiques…..
Les parasites sont aussi un fléau pour l’Etat, qui perd sur 2 tableaux : salaire + aides. Le problème de l’Etat est de laisser faire jusqu’à se conduire lui-même comme un parasite.
Candide demanderait : comment cela peut être ?
La réponse tient en un mot : clientélisme.
On embauche des fonctionnaires qui votent pour le socialisme.
le made in france… est une chimère qui essaye de répondre à une question sociale et sociétale..
Cependant, j’ai créé une TPE de construction de machines spécialisées, au bout de la Bretagne, à 95 % exportées dans 100 pays .
Acier Inox Allemand +Moteur élec. Français+ Pieces de hautes technologie USA – 5 fois moins chère qu’en France
+Automates japonais ou allemands .. ( merci ‘€ fort )! et malgré les droits de douane. Mais le savoir faire et la marge restent français. Il faut y croire!
Il n’en est pas moins vrai que notre industrie s’est envolée!
Nous sommes malheureusement dans un pays ou la priorité a été -depuis les « Lumières », la culture. Peu à peu les littéraires puis les soixanthuitards puis les bobos citadins ont pris le pouvoir avec un profond mépris pour les choses de la terre et de l’industrie soi-disant destructrice des valeurs humaines.
L’Etat a mis en place surtout à partir des années 80-90 un appareil monstrueux de contrôle et d’assistanat « pour le bien du peuple ». Comme les resources se sont mises à manquer, le même Etat s’est endetté démesurément ce qui aboutit à un appauvrissement progressif dudit peuple.
Entretemps les producteurs de richesses ont disparu et il nous reste maintenant les héritiers des rêveurs déconstructifs qui se retrouvent à la rue, sans avenir et sans réelle envie de reconstruire…
Avec nos 6,5 millions d’agents de l’Etat et nos 5 millions de chômeurs la France est mal partie…
Plus de fabrication de masques, plus de fabrication de gel Hydroalcoolique, bouteille d’oxygène, appareil de réanimation … Pour rester dans le domaine de la santé.
Même si quelques remarques de transfert de catégories sont exacts, cette article contient de grossières âneries, la délocalisation massive est factuelle !
eh oui, le capital lui se délocalise, vite et bien.
Pas de capital, pas d’entreprise, pas d’emploi, pas de création de richesse…
Prétendre que les délocalisations industrielles aurait eu un effet marginale sur l’économie française , c’est du négationnisme , ces choses ont été chiffrées.
Les négationnistes prolifèrent même ici…..
on est pas encore rendu ….
Ah!? C’est donc un dogme auquel on nous somme de croire!!!!
« ces choses ont été chiffrées », par qui?
Pathétique!
« L’influence des délocalisations reste marginale. »
Takkaycroire !
Le tout mondialisation comme le tout local sont tout aussi abscons l’un que l’autre, il faut de tout un peu . . .
Le bon sens populaire ( ou paysan) disait autrefois « qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier ».
En fait pour certains les délocalisations c’est comme le grand remplacement !
Des théories. L’aveugle sent les choses qu’il ne voit pas, le borné qui refuse de voir et aussi généralement sourd.
il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Que des changements de classification dans les emplois fasse diminuer comptablement le nombre des emplois définis comme industriels, certes . Mais ces changements d’écriture ne créent pas de chômeur.
Les millions de chômeurs du aux délocalisations existent bien, mais si il y a d’autres causes qui s’y ajoute.
Il est impensable de lire de telles erreurs ou plutôt mensonges, quand on refuse de prendre en compte le réel.