Savez-vous qui est Franz Oppenheimer?

C’est un sociologue et économiste politique allemand, connu pour son ouvrage Der Staat, paru en 1908, dans lequel il développe des théories majeures sur l’origine de l’État

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Franz Oppenheimer

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Savez-vous qui est Franz Oppenheimer?

Publié le 16 juin 2011
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Franz Oppenheimer, né le 30 mars 1864 à Berlin et mort le 30 septembre 1943 à Los Angeles, est un sociologue et économiste politique allemand. Il est connu pour son ouvrage Der Staat, paru en 1908, dans lequel il développe des théories majeures sur l’origine de l’État.

Présentation

Il étudie la médecine à Fribourg en Brisgau et à Berlin. Il pratique ensuite à Berlin entre 1886 et 1895. Il s’intéresse progressivement à l’économie politique et à la sociologie. Il devient à partir de 1895 rédacteur en chef de Die Welt am Morgen.
En 1909, il obtient un doctorat en économie à l’université de Kiel, avec une thèse sur David Ricardo, dont les idées exercèrent une grande influence sur lui. Entre 1909 et 1917, il est Privatdozent (professeur non rémunéré) à l’université de Berlin, puis occupe une chaire entre 1917 et 1919. Cette année, il part à l’université Goethe de Francfort sur le Main, occuper la première chaire de sociologie ouverte dans le pays. Il y dirigera en particulier la thèse de Ludwig Erhard, soutenue en 1925. Il eut aussi l’ordo-libéral Wilhelm Röpke comme élève.

Juif, il part en 1934-1935 enseigner en Palestine. L’année suivante, il est fait membre honoraire de la société américaine de sociologie. En1938, il émigre définitivement, au Japon puis aux États-Unis, s’y installant sur la côte Ouest. Il participe entre autres au lancement de l’American Journal of Economics and Sociology. Il enseigna également à l’université de Kobe.

Pensée

Oppenheimer est un auteur pour qui les défauts qui caractérisent l’économie de marché actuelle résultent essentiellement de l’intervention de l’État. Pour Oppenheimer, c’est une erreur de la part des libéraux de légitimer l’ordre social actuel et de vouloir le défendre, puisque l’État, dans sa forme actuelle, consacre des injustices passées, ayant été utilisées pour asseoir le pouvoir des puissants sur les faibles. Se plaçant dans une logique opposée à celle de Hegel, il ne voit pas dans l’État un accomplissement majeure de la société mais au contraire la survivance des injustices passées. L’État naît des guerres et des conquêtes passées et est construit par les vainqueurs pour asseoir leur domination.

Oppenheimer exerça une influence majeure sur nombre de libéraux allemands et américains, comme Ludwig Erhard, père du miracle économique allemand, Benjamin Tucker, Kevin Carson ou le libertarien Albert Jay Nock. Si ces personnalités ont des idées si éloignées, c’est que l’on peut tirer deux conclusions des idées d’Oppenheimer : soit que l’État est une organisation aux fondements injustes et dont on doit se débarrasser ou qu’on doit limiter (perspective minarchiste ou libertarienne), soit que l’on doit lutter contre ces injustices, y compris par l’utilisation de l’État et la modification des attributs de ce dernier. C’est la voie choisie par Oppenheimer, pour qui les libéraux doivent accepter une phase de transition durant laquelle le pouvoir politique rétablirait une situation juste. En particulier, pour Oppenheimer, c’est la répartition de la propriété foncière qui est injuste, répartition dont est responsable le pouvoir politique. Il convient d’y remédier en luttant contre les excès du pouvoir politique, qui maintient une société de classes. Pour cela, l’État doit être transformé, de moyen de conservation des privilèges et des monopoles à l’adversaire de ces derniers. Ainsi serait possible la transition entre un régime capitaliste non libéral et une vraie économie de marché, dans laquelle l’intérêt général serait atteint par la liberté économique. Il écrit ainsi [1] :

Quand [la société] cesse d’être une organisation fondée sur l’utilité d’une classe, quand elle a éliminé tous les privilèges et les monopoles et qu’elle est devenue une organisation visant à l’intérêt général, les êtres humains, enfin libérés, peuvent réussir. Il n’y a plus de “concurrence hostile” qui jette l’individu à l’assaut d’un rival. Bien plutôt, l’individu est conduit par une “concurrence pacifique” à accomplir des réalisations plus élevées. Dans les circonstances normales, il n’y a plus dans la société de tentations qui ne puissent être tenues en bride par des règles normales. L’ “harmonie de tous les intérêts économiques” fait qu’il n’y a plus de conflits entre intérêts privés et prospérité générale.

La politique économique « sociale » ou « libéralesocialiste » qu’il défend a un rapport ambigu avec les idées socialistes. Certains auteurs parlent, sur ce point, d’une « allure généralement socialisante de sa doctrine » [2], même s’il n’appelle pas du tout à une extension du rôle de l’État pour redistribuer ou collectiviser [3]. Les penseurs libéraux qu’il influença, Ludwig Erhard ou Wilhelm Röpke par exemple se distinguèrent en particulier de ses idées sur la propriété foncière. L’économie sociale de marché promue par les ordolibéraux n’est nullement une économie socialisante mais une réelle économie de marché, intégrée dans un cadre social ou, plus justement, sociétal.

Parmi les moyens permettant d’atteindre ses fins pour un individu, il distingua de façon fameuse deux moyens opposés : les moyens économiques (le travail , etc.), et les moyens politiques, qui consistent à s’approprier le travail d’autrui par le vol.

Citation

 

Alors que la conception de l’État propre au XIXe siècle allemand, systématisée par Hegel, avait abouti à la construction intellectuelle d’un État situé loin au-dessus du règne animal de la société égoïste, et où régnaient la moralité et la raison objectives, [chez Oppenheimer] la hiérarchie des valeurs se trouvent à présent inversée, et la société, sphère de la justice pacifique, se place infiniment plus haut que l’État, dégradé en zone d’immoralité et de violence (Carl Schmitt, La notion de politique, 1932)

Notes et références

  1. Franz Oppenheimer, “Praktische Ökonomik und Volkwirtschafspolitik”, Annalen der Naturphilosophie, 12, 1913, p.22, cité par N. Goldschmidt, p.966
  2. Nils Goldschmidt, “Alfred Müller-Armack et Ludwig Erhard: le libéralisme social de marché”, in Jean Petitot et Philippe Nemo dir., Histoire du libéralisme en Europe, PUF, 2006, p.964
  3. Alain Laurent, Le Libéralisme américain : Chapitre 3 – 1890-1925 : « socialisme libéral » contre libéralisme classique, Contrepoints

Bibliographie

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