On en a très peu entendu parler dans la presse, et encore moins dans la presse francophone. Pourtant, si elle venait à se concrétiser, l’information que nous annoncions dans notre revue d’actualité de ce vendredi 17 juin serait d’une importance économique et géopolitique majeure : les immenses gisements de pétrole de schistes connus depuis quelques années dans le sous sol israélien seraient exploitables à un coût compétitif grâce à une nouvelle technique d’exploitation. Un projet pilote est en envisagé ; s’il est accepté la production pourrait débuter en 2017. A ces énormes réserves de pétrole de schiste qui seraient nouvellement exploitables s’ajoutent d’importantes réserves de gaz naturel récemment découvertes.
Au 1er janvier 2010 les réserves de pétrole prouvées (c.àd. exploitables au prix de marché) présentes dans le sous sol d’Israël étaient évaluées à 2 milliards de barils. Les réserves nouvellement exploitables de façon rentable seraient évaluées à plus de 250 milliards de barils (dans le bassin de Shfela), ce qui est comparable aux volumes des réserves actuelles de pétrole d’Arabie Saoudite (260 milliards de barils). Contrairement au pétrole saoudien qui jaillit spontanément une fois le puits percé (du moins au début de l’exploitation de chaque nappe), ce pétrole israélien est un pétrole de schiste, présent dans du kérogène qu’il faut chauffer à 300°C pour en extraire le pétrole et le gaz.
Selon IEI (Israel Energy Initiatives), la filiale israélienne du groupe télécom US IDT qui cherche à exploiter ces réserves, le coût d’exploitation du pétrole de schiste disponible dans les sols israéliens s’établirait entre 35 et 40 $US par baril grâce à une technique novatrice. Un tel prix serait par exemple inférieur aux coûts d’exploitations en Arctique et comparable aux champs off-shore en eaux profondes au large du Brésil. Ces immenses réserves seraient ainsi compétitives et rentables aux prix observés durant les années récentes sur les marchés internationaux.
IEI vise à l’indépendance énergétique progressive d’Israël. Avec ce projet l’entreprise pourrait fort bien y parvenir. Le projet a déjà attiré l’intérêt d’investisseurs étrangers : en novembre 2010, 11% de Genie Oil & Gas, la division d’IDC parente de IEI, a été acquise pour 11 millions de dollars par le banquier Jacob Rotschild et le président de News Corp. , Rupert Murdoch.
La question de la fiabilité du prix de production annoncé est posée, la technique envisagée étant novatrice. Habituellement le pétrole de schiste est exploité à l’issue d’une récolte solide effectuée en surface , aboutissant à des couts élevés d’au moins 70$ le baril. Pour les sables asphaltiques, autres sources de pétroles lourds, disponibles en grandes quantité notamment au Canada et au Vénézuéla, de nouvelles techniques d’exploitation ont permis de réduire sensiblement les coûts, ainsi le drainage après chauffage par vapeur. En Israël IEI envisage de chauffer durant plusieurs années la roche en profondeur, la chaleur se diffusant lentement à travers la roche, permettant d’extraire à moindre coût le pétrole du kérogène contenu dans de vastes volumes souterrains. Cette technique permettrait de faire l’économie d’un minage de surface qui aurait été trop couteux en industrie et en qualité environnementale. Certains écologistes s’opposent néanmoins à ce projet.
Si le projet est autorisé et si coût de production annoncé de 35 $ le baril venait à être confirmé empiriquement on assisterait à l’émergence d’une nouvelle nation parmi les producteurs majeurs de pétrole, ce qui serait de nature à modifier largement les cartes géostratégiques au Moyen-Orient et dans le monde.
A ces (re)découvertes pétrolières, s’ajoutent d’importantes découvertes gazières au 1er trimestre de l’année 2011 avec les deux importants gisement de gaz naturel en eau profonde nommés Leviathan (dans des eaux territoriales incertaines) et Tamar, pour un total de 0,7 T m3. Ces réserves de gaz permettraient à Israël d’acquérir une indépendance énergétique mais à eux seuls n’en feraient pas une puissance énergétique. A titre de comparaison les réserves de gaz de schiste près de Montpellier sont estimées à 2,4 T m3 et celles des USA sont prouvées à 23 T m3 après avoir récemment plus que doublé. La combustion d’un baril de pétrole permet de produire une énergie comparable à la combustion de 155 m3 de gaz. Les réserves israélienne de gaz de schiste représenteraient donc l’équivalent énergétique de près de 5 milliards de barils de pétrole.
S’ajoute le problème de l’impact sur les prix, de telles nouvelles productions et réserves, qui débloqueraient la rareté créée par l’OPEP, et réciproquement, l’impact d’une possible baisse des prix sur la rentabilité de tels projets. Bref, avec tant et tant d’inconnues, pas facile d’y voir clair, et beaucoup de points d’interrogation. Ajoutons que la crédibilité de cette nouvelle fera un bond quand un vrai pétrolier, avec a cohorte de docteurs en géologie (qui étudient de près ces questions de ressources non conventionnelles), y ajoutera son investissement.
Mise à jour :
« Le mythe du “Pic pétrolier” est donc déboulonné. Fini. Cette légende, dont la dernière version, voulait que depuis 2007, l’humanité avait dépassé le point maximum de production, et que donc depuis quatre ans, nous vivions sur nos réserves, sans en découvrir de nouvelles, que nous nous acheminions vers la fin de l’ère du pétrole en particulier, de l’énergie fossile en général. Eh bien c’est faux. »
( Les gisements pétrolifères dans le sous-sol du bassin parisien dont les quantités d’or noir équivaudraient à une capacité productive de 65 milliards de barils dans la roche. )
http://www.lesmanantsduroi.com/articles2/article711117.php
Oulala, changez vite de sources d’information!!!
« Cette légende, dont la dernière version, voulait que depuis 2007, l’humanité avait dépassé le point maximum de production, » Depuis 2007? L’AIE nous dit que le pic pétrolier s’est passé en 2006…
Point maximum de production? Production maximum de pétrole conventionnel ok
« donc depuis quatre ans, nous vivions sur nos réserves, sans en découvrir de nouvelles, « L’AIE n’a jamais dit qu’on ne découvrait plus de pétrole depuis cette date… Ce qu’on sait par contre c’est que depuis 1980, on consomme plus de pétrole qu’on en trouve et que depuis 1960 la taille des gisements découverts diminue.
J’ai été voir votre fameux (fumeux) site. Ils disent que tout est une question de prix. Il faut être un idiot ou un économiste pour écrire une ânerie pareille. On peut dire que c’est une question de prix pour l’acheter ou pour aller massacrer des populations pour s’accaparer leur pétrole. Mais on a d’abord exploiter les gisements faciles d’accès et demandant peu d’énergie. Il faut de plus en plus d’énergie pour extraire un baril et donc le jour où on devra utiliser plus d’un baril de pétrole pour en obtenir un on arrêtera.
Concernant les réserves je vous conseille de vous renseigner par rapport à ce qu’on appelle les réserves ultimes. 😉
Bonjour – Cette nouvelle est très intéressante en terme géo-politique. Que de lachetés et de compromissions ont été faites dans la crainte de ce que les pays arabes coupent les robinets du pétrole. Un retournement en faveur d’Israël et des démocraties à la table des négociations énergétiques est vivement souhaitable, ces gisements israéliens en seront les intruments – Cordialement.
« Un retournement en faveur d’Israël et des démocraties à la table des négociations énergétiques est vivement souhaitable »
beh oui ! de belles démocraties, tellement belles qu’elles puissent leur force dans les conflits les plus sanguinaires et abjectes qui soient.
il va falloir enlever ses oeillères et commencer à regarder plus loin que le bout de son nez, et surtout arrêter de se croire supérieur car le retour de baton risque de faire très mal !