Sauver la Grèce, ou les banques ?

Qui va payer si la Grèce refuse d’honorer toutes ses dettes ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Grèce : nous ne paierons pas !

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Sauver la Grèce, ou les banques ?

Publié le 30 juin 2011
- A +
Grèce : nous ne paierons pas !
Caricature René Le Honzec

En ce moment, les Grecs fulminent. Ils descendent dans la rue, font du tapage, bloquent des routes. On peut les comprendre. Le gouvernement veut leur serrer la ceinture pour les cinq prochaines années. Baisse de salaire, coupe dans les services publics, hausse des taxes… Le pays au complet est à vendre au plus offrant — ports, aéroports, chemins de fer, sociétés d’État. Tout ça pour rembourser les créanciers du gouvernement.

Mais si on discute abondamment de plans de sauvetage dans les médias, ce n’est pas pour sauver la Grèce. C’est pour sauver les banques qui ont prêté à ce pays. La Banque centrale européenne et le FMI essaient d’acheter du temps. Croulant sous les dettes, la Grèce devra éventuellement faire défaut sur sa dette, ou à tout le moins forcer ses créanciers à recevoir moins que prévu sur l’argent qu’ils lui ont prêté.

Or qui va payer si la Grèce refuse d’honorer toutes ses dettes? Le site Business Insider a fouillé les chiffres de la Banque de règlements internationaux. Voici ce que ça donne :

Les banques américaines détiennent 1,8 milliard $ US de dettes grecques (CNN Money parle plutôt de 7,3 milliards). Les banques italiennes : 2,6 milliards $. Les banques anglaises 3,2 milliards $, les banques françaises 19,8 milliards $, et les banques allemandes : 26,3 milliards $. Les autres banques de la zone euro complètent le tableau, ayant prêté 15,7 milliards $ à la Grèce.

On comprend mieux pourquoi on tient tant à « sauver la Grèce ». Et pourquoi on fait subir au peuple des mesures d’austérité. C’est le système financier qu’on veut sauver. D’autant plus que les banques sont devenues les « pushers » des gouvernements partout dans le monde, ces derniers étant incapables de fonctionner sans s’endetter constamment.

Le côté obscur

Mais il existe aussi d’autres risques, moins visibles. Rappelez-vous ce qui a plongé la planète dans une crise financière il y a déjà trois ans : les produits financiers dérivés. Plusieurs banques, surtout américaines, ont vendu des « assurances » aux banques européennes en cas de défaut de la Grèce. Si le pays fait faillite, ces banques américaines devront payer des milliards à ceux qui ont acheté ces contrats.

Combien? Impossible à dire avec précision. Le monde des produits financiers dérivés est aussi opaque et complexe qu’avant la crise. Selon Fortune, le chiffre tournerait autour de 5 milliards $. Certains parlent de beaucoup plus. Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine, a récemment affirmé que l’exposition des banques américaines aux dettes de gouvernements européens était faible, mais qu’« une faillite désordonnée dans un des pays d’Europe déstabiliserait sans aucun doute les marchés financiers mondiaux ». Et que les impacts aux États-Unis seraient « significatifs ».

Bref, on n’a vraiment rien appris de la dernière crise. Et les contribuables risquent encore une fois de payer pour les erreurs des banquiers et des gouvernements.

La Grèce dans vos REER?

Avec les rendements faméliques qu’on trouve en ce moment pour notre épargne, ça vous dirait une obligation de deux ans à 28 %?

C’est ce que rapportent les obligations du gouvernement grec. Et le financier Charles Dereeper recommande d’en acheter. Son raisonnement, qu’on peut lire sur le site Objectif Eco : comme les politiciens sont copains-copains avec les grandes banques, et qu’ils veulent éviter de voir l’Europe imploser pendant qu’ils sont au pouvoir, ils vont tout faire pour repousser le problème à plus tard (au moins deux ans). Quitte à fouiller plus profond dans les poches des contribuables. Difficile de contredire son raisonnement. Quoique deux ans, c’est long.

Pour sa recommandation de placement, je vous laisse y penser. Un peu trop risqué à mon goût…

—-
Sur le web

 

Voir les commentaires (8)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (8)
  • Les pressions politiques viennent s’ajouter aux réglementations qui obligent les banques européennes à détenir des dettes de pays aux finances douteuses. Tout mettre sur le seul dos des banquiers enlève de la crédibilité au système.

  • Vous ne savez pas à quoi correspond la dette de la Grèce ? Mais c’est pourtant simple :
    – le gouvernement dit « On va récolter 1000 euros par les impôts ; on va donc dépenser 1000. »
    – les Grecs fraudent un peu, la croissance n’est pas au rendez-vous, il y a des surprises, bref, on récolte 600.
    – le gouvernement dit « Bon, on va donc dépenser 1150. Allons chercher les 630 manquants sur le marché. »
    – rapidement, ils trouvent 700 (facile, puisque c’est en euro et que c’est soutenu par, notamment, l’Allemagne)
    – ils claquent donc généreusement 600 récoltés plus 750 trouvés, pour de nouveaux postes de fonctionnaires, de nouvelles protections sociales, de nouvelles piscines pour les députés, de nouvelles augmentations de salaires, de nouveaux postes de fonctionnaires, de nouvelles infrastructure pour les JO, de nouveaux postes de fonctionnaires, et quelques piscines pour les députés.

    Admirez au passage l’utilisation de mathématiques socialistes (1000 = 600 + 750)

    Répétez pendant 20 ou 30 ans. Et voilà le travail.

    Ensuite, il faudra pleurnicher sur les méchants spéculateurs, bien sûr. Et appeler l’Europe à l’aide.

    Notez que ça se passe exactement pareil en France, avec un peu de moins de piscines et un peu plus de protections sociales.

    • L’espoir fait vivre. Mais alors ne regardez pas trop du côté des engagements non provisionnés pour les retraites du public.

      • Engagements de l’ordre de 1000 milliards. Une belle bombe thermonucléaire.

        Sans oublier les dettes de la Sécu reportées sur la CADES, la banque sans argent.

        En France, on maquille donc à mort aussi.

        Plus les dettes des régions et des départements.

    • Si les banques font faillite, comment Villepute, Sarkoproxo ou Hulotmac financeront-ils leurs nouvelles lubies électorales ?

  • en france on est irreprochable : il suffit de lire les rapports de la cour des comptes

    dans les dettes vous pouvez rajouter 100 milliards des HLM, 20 milliards des hopitaux, 159 milliards au fond de stabilisation europeen

    tout va bien puisqu on vous le dit

  • Salut.

    Ne vaudrait il pas mieux laisser « couler » la Grèce et les banques qui se sont trop risquées, plutôt que de remplir le tonneau des danaïdes ? Et ainsi permettre au système de se purger un bon coup, comme cela ne s’est pas fait lors de la crise de 2008 ? D’autant plus, corrigez moi si je me trompe, qu’avec toutes les CDS américaines, les conséquences pour les banques européennes ne seraient peut être pas si lourdes que ça (même si ça se ferait sentir).

    Sachant que, d’après ce que j’avais lu dans un article de Vincent Bénard sur Objectif eco, les comptes des épargnants peuvent être transférés sur une autre banque si l’établissement en question fait faillite.

    • Vous avez raison plutonium. Il faut laisser les banques qui doivent faire faillite couler. Cela permettra d’apurer les comptes et surtout cela évitera de gaspiller des ressources inutilement, ressources qui seraient alors mieux allouées dans le cadre de la restructuration de ces établissements.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les profits exceptionnels réalisés par les banques, en particulier américaines, posent de réelles questions. La voie commode de la taxation leur apporte de fausses réponses.

 

Une économie sous influence

Le vocabulaire employé est un signe parlant de l’inquiétude que suscite outre-Atlantique la concentration du pouvoir financier aux mains d’un nombre très restreint de très gros établissements.

Les huit premiers d’entre eux sont couramment qualifiés par les médias de « seigneurs de Wall Street » mais aussi de « géants... Poursuivre la lecture

Première partie de cette série ici. Seconde partie de cette série ici. Troisième partie de cette série ici.  Quatrième partie de cette série ici. Cinquième partie de cette série ici.

 

Athènes, catalyseur des échanges en Méditerranée

Animées par un puissant désir d'autonomie, les cités grecques repoussent les Perses au début du Ve siècle avant J.-C. à l’issue des guerres médiques (-490 à -479). Déclenchées par la révolte de Milet en Asie mineure, elles se concluent par la victoire sp... Poursuivre la lecture

1
Sauvegarder cet article

Par Philbert Carbon. Un article de l'Iref France

 

L’une des conséquences du brexit est que les entreprises du secteur bancaire britannique ne détiennent plus le « passeport financier » qui leur permettait d’offrir leurs services partout dans l’Union européenne (UE). Si elles veulent continuer d’y opérer, elles doivent s’y installer. Amsterdam, Dublin, Francfort, Luxembourg et Paris se disputent l’implantation des établissements et de leur personnel. Paris semble être la plus attractive. Comment a-t-elle fait ?

Ces d... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles