L’esprit de non-compétition est-il si con ?

Comment le journalisme analyse les méta-analyses pour en tirer une soupe pro-socialisme…

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L’esprit de non-compétition est-il si con ?

Publié le 1 juillet 2011
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L’esprit de non-compétition est-il si con ?

C’est vendredi, c’est le premier jour de juillet, alors moquons nous de la presse professionnelle avec des vrais morceaux de journalistes dedans. C’est d’autant plus facile lorsqu’ils parlent sciences, études et méta-analyses, et qu’ils y greffent une bonne dose d’idéologie gauchisante facile. Et cette fois, ce n’est pas Libération, mais c’est Le Figaro, qui rend coup pour coup aux pignouferies habituelles du journal officiel des bobos.

L’article annonce la couleur avec un titre alléchant : « L’esprit de compétition est-il si bon ? »

On est surpris de l’utilisation d’une question, purement rhétorique ici, pour poser le sujet, question qui revient à laisser penser finalement que tout le monde part du principe que l’esprit de compétition, c’est super génial et que la journaliste, finaude, se pose de vraies questions.

Évidemment, pour qui a eu l’occasion d’étudier le pays, même de loin, cette formulation fera pouffer. S’il y a bien eu un esprit de compétition, jadis, en France, il a été longuement et minutieusement amoindri par chacune des nuées de lois qui se sont abattues comme la misère sur le pauvre monde et la vérole sur le bas clergé.

Eh oui ! À force de réclamer une égalité de fait et non de droits, les progressistes de tous crins y sont parvenus, quitte à largement surcompenser une hypothétique faiblesse des malheureux, des veufs, des orphelins, des trop-ceci ou pas-assez-cela par une suractivité étouffante des diverses associations de protection.

Mieux : dans certaines entreprises, on cultive à la fois, en toute hypocrisie, l’art consommé de la compétition la plus sournoise et l’égalitarisme le plus violent ; les sociétés maintenant privées mais qui furent précédemment publiques, dans lesquelles se côtoient des personnels au statut totalement différent (fonctionnaires ou assimilés d’un côté, contractuels de l’autre), mettent facilement en avant un syndicalisme de combat, égalitariste, gluant et pervasif, tout en instillant des différences flagrantes de traitements et, de fait, des sélections bien spécifiques, marquées par une compétition féroce.

L’article, bien évidemment, bondi joyeusement au dessus de ces considérations et dès le chapeau, entraîne le lecteur vers les pentes neigeuses impeccablement damées desquelles il pourra débouler à toute vitesse dans la conclusion déjà entièrement construite en gros coussins mous et douillets : la compétition, c’est mal, c’est dépassé, ça ne devrait pas exister, c’est contre-productif, une nouvelle société est possible.

Mais avant que – pouf – le lecteur puisse s’enfoncer onctueusement dans ce gros matelas mou de gentillesse solidaro-coopérative, l’article établit quelque peu ses avant-poste de pilonnage intensif et déclare ainsi que la compétition, …

…nous y sommes tous soumis dès l’enfance de manière objective, à travers nos activités sportives et à l’école, puis, plus tard et de façon plus insidieuse, dans l’entreprise.

carte sdPour l’école, on pourrait acquiescer… Encore qu’avec maintenant des diplômes distribués en pochettes surprises ou sur cartes SD (32 Mo suffisent, vu la teneur des examens de nos jours) moyennant quelques connaissances informatiques basiques, la qualité générale de la compétition ressemble de plus en plus à celle qu’occupaient nos grands-mères les dimanches après-midi devant leur télé et l’Ecole des Fans, bien plus que les suées mémorables que subirent nos aïeux lorsqu’il fallut se palucher des matières depuis longtemps disparues comme le latin, le grec, et des exercices de mathématiques en terminale dont la teneur ferait probablement pâlir des étudiants en seconde année d’université de nos jours (sans compter leurs énoncés au français irréprochable mais, forcément, quasi-impénétrable aux lecteurs approximatifs que forme actuellement l’EdNat dans son immense médiocrité.)

Mais en revanche, si l’on peut passer sur la vision décalée de l’école, pour l’entreprise, on tique.

Plus insidieuse ? Ah bon ? L’entreprise serait un lieu de compétition insidieuse ?

On se perd en conjectures.

S’agit-il de dire que les jeunes gens, formés à l’école de la non-compétition, se retrouvent jetés dans le bain des requins de l’entreprise privée auquel ils n’ont jamais été formés ? Dans ce cas, l’affirmation péremptoire d’une école de compétition est fausse, nom d’une pipe en bois.

S’agit-il de dire que les jeunes gens, formés à l’école de la compétition, se trouvent démunis de ne pas savoir qu’en entreprise, ils seront constamment jugés (et pas seulement une fois par mois ou par an, comme en cours) ? Diable. Dans ce cas, cela revient à dire que nos élèves ont une mémoire de poisson rouge sous Tranxen : oublier à ce point, après des années de compétition scolaire, que l’entreprise pourrait fonctionner de même n’est pas glorieux pour l’Éducation Nationale. Saprizut à la fin.

Bref : comme on s’en doute, l’article est une enfilade de perles sur le même acabit dont on retiendra qu’il s’agit de présenter le monde moderne comme une espèce de jungle (forcément libérale et méchante, même si ces deux termes ne sont pas explicitement donnés) dont sont absentes les mamelles essentielles de la vie en société auxquelles viennent cependant téter vigoureusement la brochette de spécialistes (psychologues chercheurs aux états de service rutilants) que la frétillante journaliste interviewe.

Mamelles qui sont bien vites énumérées : si la compétition, c’est mal, c’est parce qu’elle est l’antinomie de la générosité, l’altruisme et, in fine, du bien-être. Voilà, c’est dit. Tu compétites, tu es donc égoïste, égocentrique, avare et pour tout dire, tu es forcément mal dans ta peau. Et tu pues aussi un peu, mais ça, on s’en doute puisqu’alors, tu es libéral. Berk.

J’exagère ? Même pas : la coopération (antinomique de la compétition, on vous dit) génère du plaisir, …

«… c’est-à-dire tout autant lors de plaisirs artistiques, musicaux que lorsqu’on est en situation de coopération. Les zones du dégoût sont également activées face à l’injustice, et quand la personne est engagée dans une compétition.»

Voyez, c’est scien-ti-fi-que ! La zone du cerveau ici s’allume (regardez, ici, la petite lumière) lorsqu’on coopère ! Et la zone, là, se déclenche quand on entre en compétition (regardez, c’est tout gluant, berk, quand on appuie ça fait comme un gros bouton purulent qui explose, chplatch) c’est manifeste, c’est vraiment pas tip top. Pouah.

Bon.

Et ceux qui font de la compétition sont, en réalité, dégoûtés de celle-ci. Schumacher, au volant de sa F1, a toujours les yeux humides de honte de lui-même. Federer se déteste. On se rappelle du sentiment de dégoût qui avait tenaillé Les Bleus, en 1998, lorsqu’ils avaient écrasé sans scrupules les Brésiliens. La joie qui se lit sur le visage d’un élève lorsqu’après avoir travaillé, il a réussi un exercice ardu et qu’il en récolte plus de point que son petit camarade, occupé à se curer consciencieusement les narines, est en fait parfaitement passagère. L’élève sait, au fond de lui, qu’il aurait dû coopérer avec son collègue. Il l’aurait aidé à parfaire sa copie, pendant que ce dernier se serait fait un plaisir de lui curer ses narines à son tour.

Voyez.

C’est très simple, finalement.

Le pompon est obtenu dans la dernière ligne droite, celle qui mène normalement à l’arrêt au stand ou droit au mur, selon le cas. Ici, les stands ne sont pas visibles. Le mur semble la bonne option.

«Une méta-analyse rassemblant 164 recherches a constaté les meilleurs résultats obtenus par l’apprentissage coopératif que par l’apprentissage traditionnel sur différents aspects de la vie en classe : augmentation de l’estime de soi, amélioration de la motivation à apprendre, baisse de la délinquance… Les élèves apprécient également plus l’enseignant et le perçoivent comme plus compréhensif et aidant.»

Et il existe d’autres études, et même des méta-analyses qui prouvent que les plantes vertes ont un rôle à jouer dans la créativité et la baisse de l’agressivité (sans déconner). On imagine la classe, pleine de plantes vertes, dans laquelle des élèves passeraient leur temps en échanges de bisous humides. C’est vraiment kromignon tout ça.

Entendons nous bien : il est absolument évident que la compétition ne peut pas être la norme, l’étalon systématique de tout apprentissage. Mais l’a-t-il jamais été ? Dans tous les pays, dans tous les milieux, dans toutes les classes, il y a eu des phases de compétitions et des phases de coopération. Et bizarrement, ça marchait suffisamment bien pour que les mobilités sociales soient bien meilleures qu’actuellement en France. Ça marche très bien ailleurs, et ça marchait fort bien en France au point que les diplômes valaient quelque chose, par exemple. De la même façon, une société se construit autant par la compétition et la sélection que par la coopération et l’esprit d’équipe.

On peut toujours retirer la sélection ou la compétition. C’est facile, cela a déjà été tenté, à plus ou moins grande échelle. On a vu des résultats plus brillants. Quant à retirer la coopération, la charité, l’État s’y emploie en effet fort efficacement, et là encore, on a une assez bonne idée de ce que ça peut donner…

Qu’il faille des recherches, des psychologues et des études grassement payées pour en arriver à cette conclusion est quelque peu troublant, sauf à tenir compte d’un détachement tel du réel qu’une redite des fondamentaux semble indispensable.

Heureusement, la conclusion, grandiose, permet de bien tout remettre à plat : tout ce qu’on a dit, c’est bien joli, mais bon, faut nuancer, tout ça, youpi :

Pas question de tomber dans une nouvelle conception binaire où il y aurait toujours les requins d’un côté et les “bisounours” de l’autre.

Oh. Zut alors.

Un monde nuancé, c’est pas très câlin, ça.

Heureusement, à côté de ces billevesées, on trouve tout plein d’articles d’analyses sur la situation économique catastrophique du pays, la dette qui explose tous les records, et des appels poignants de nos scribouillards à une tenue enfin rigoureuse des comptes publics !

Ah tiens, non.

C’est dommage, vous ne trouvez pas ?
—-
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