Diagnostic Pauvreté : 5- L’aide internationale aux pays africains

Ce dont les pays africains ont besoin, ce n’est pas de davantage d’aides internationales, mais d’une plus grande liberté économique

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Diagnostic Pauvreté : 5- L’aide internationale aux pays africains

Publié le 4 août 2011
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L’aide internationale aux pays pauvres d’Afrique n’améliorent pas leur sort. Ce dont les pays africains ont besoin est l’instauration d’un cadre institutionnel d’État de droit ainsi que d’une meilleure définition et protection des droits de propriété. Ils ont besoin d’une plus grande liberté économique.

Un article de la série « Diagnostic pauvreté » du blog Le minarchiste
Depuis Montréal, Québec

Diagnostic pauvreté : 1- Le Bangladesh
Diagnostic pauvreté : 2- Le Chili
Diagnostic pauvreté : 3- L’évolution économique de la Suède
Diagnostic Pauvreté : 4- La Libéralisation de la Nouvelle Zélande

Le cirque de U2 est récemment passé par Montréal avec ses deux immenses concerts extérieurs ayant attiré plus de 160 000 personnes. J’étais bien content de ne pas avoir eu à payer un billet à 275 dollars car d’où j’étais, Bono avait l’air d’un Lilliputien ! Je préfère les concerts plus intimes où l’on peut voir plus clairement d’où proviennent les sons que l’on entend et où les sièges sont plus confortables et… immobiles (lorsque les gens sautaient, mon banc oscillait avec une amplitude d’environ 20 centimètres !).

Néanmoins, je réfléchissais sans cesse à tous ces plaidoyers de Bono pour augmenter l’aide aux pays pauvres, lui qui évite de payer la totalité de ses impôts en Irlande grâce à une pirouette fiscale (voir ceci). Bono et ses acolytes sont peut-être bien intentionnés, mais dans la pratique, ils ont tort. Non seulement l’aide internationale aux pays pauvres n’améliorent pas leur sort, elle a même un effet négatif sur le développement de ces pays.

L’aide internationale aux pays du tiers monde a totalisé plus de 600 milliards de dollars en 50 ans. De telles dépenses auraient dû conduire à des améliorations dans le développement mais en réalité elles ont seulement servi à enraciner le système corrompu dont les politiques entravent le développement.

En Afrique, le revenu moyen par personne est d’environ 11 % inférieur à ce qu’il était en 1960. Beaucoup de pays sont sortis de la misère au cours des dernières décennies (les Tigres asiatiques, les pays de l’ancien bloc soviétique, le Chili, etc.), non pas grâce à de l’aide internationale, au FMI et à la Banque mondiale mais bien parce qu’ils ont libéralisé leur économie et réduit le poids de l’État sur la société.

La taille de l’État en Afrique est oppressante et favorise la corruption à tous les niveaux de l’échelle de la fonction publique. Les dirigeants africains ont siphonné près de 150 milliards de dollars par an à leur population. Au cours des dernières décennies, pour chaque dollar donné à l’Afrique en aide, 80 cents ont été volés par des dirigeants corrompus et transférés dans leurs comptes à l’extérieur du pays. L’argent qui reste sert à maintenir le statu quo, à garder la population en laisse et en situation de dépendance. Ces gouvernements sont incité à faire perdurer la misère pour justifier toujours davantage d’aides et donc de revenus pour eux. Il est donc contre-productif de pelleter de l’argent dans ces pays sans changer le système radicalement.

Par exemple, en 2005, 80 % de la dette du Ghana a été annulée par les pays riches auxquels elle était due. Le but était de donner au pays un nouveau départ et une plus grande indépendance pour concentrer les ressources financières sur les priorités de développement plutôt que sur le service de la dette. Au lieu d’en profiter pour remettre son économie sur pied, le Ghana a préféré en profiter pour emprunter 750 millions de dollars sur les marchés financiers internationaux en 2007, qui ont ensuite été dilapidés de part et d’autre de façon à favoriser la réélection du parti au pouvoir. Déterminé à récupérer des votes, le gouvernement a approuvé un déficit de plus de 20 % du PIB du pays, ce qui a remis le pays dans une situation financière précaire.

Dans ces pays sous-développés, les actifs économiques sont souvent conservés par l’État, conduisent à des monopoles, à la stagnation et à encore plus de corruption. Les biens et services offerts par ces entreprises sont souvent trop dispendieux, de mauvaise qualité et en pénurie car leur capital est extorqué par la classe politique plutôt qu’investi dans l’amélioration des infrastructures de production. Les entrepreneurs privés sont découragés face à ces entreprises nationalisées. Il est donc impossible d’y développer une économie dynamique.

Par ailleurs, l’aide accordée à ces pays est administrée par des organisations qui ne sont pas tenues responsables des résultats de leurs actions. Comme toute bureaucratie, elles existent en maximisant la taille de leur budget. Les employés de ces groupes ont donc un certain intérêt à maintenir ces pays dans une situation de dépendance puisque sans elles ces groupes ne serviraient à rien. Chaque échec est accompagné d’une demande d’aide additionnelle, permettant d’assurer la pérennité de ce modèle déficient.

Ensuite, les pays donateurs ne donnent pas par pur altruisme, ils avancent leurs intérêts stratégiques et économiques. L’aide fournie implique souvent que le pays récipiendaire achète en contrepartie au donateur, à un prix généralement plus élevé que le marché. Il est opportuniste pour les pays développés de soutenir ces dirigeants corrompus car cette situation permet aux grandes puissances de plus facilement négocier leur accès aux ressources fabuleuses de l’Afrique plutôt que de devoir faire face à une vraie démocratie qui poserait ses conditions. Autant maintenir au pouvoir un gouvernant amadoué par l’aide et d’approuver la tenue d’élections arrangées de façon à garder bonne conscience. C’est ce qui se produisait dans les pays arabes qui se sont récemment révoltés.

Une autre raison pour laquelle l’aide internationale est vouée à l’échec est qu’elle se base sur la planification centrale. Les organisations qui déploient l’aide croient connaître les besoins locaux et se croient capables de coordonner les multiples projets tout en évaluant les causes des succès et des échecs. L’échec monumental de la planification centrale dans l’histoire de l’humanité devrait leur avoir enseigné que ce système est voué à l’échec et que le marché demeure le meilleur mécanisme d’allocation des ressources.

L’une des différences entre les Tigres asiatiques, le Chili et les pays d’Afrique est que les premiers ont embrassé le commerce international alors que les derniers sont demeurés relativement fermés à la mondialisation, par peur d’y perdre au change en raison de leur faible compétitivité. Ce fut une erreur !

Comme le souligne Emmanuel Martin :

« Arguer que la mondialisation exploite l’Afrique suppose qu’une partie considérable des capitaux internationaux s’y jettent pour profiter du continent. Or, que révèlent les chiffres ? La Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement indique que le stock d’investissements directs étrangers (IDE) dans toute l’Afrique en 2008 équivaut à… 3,42 % des IDE dans le monde : presque moitié moins que la destination France à elle seule ! Si ces chiffres indiquent quelque chose, c’est que l’investissement international ne se dirige pas assez vers l’Afrique. L’Afrique n’est en réalité pas véritablement mondialisée. »

En Afrique sub-saharienne, lancer une entreprise officiellement coûte 100 % du revenu annuel par habitant alors qu’un permis de construire coûte presque 2000 % du revenu par habitant. En Côte d’Ivoire, il faudra attendre près de deux ans pour avoir ce permis. Voilà pourquoi la plupart des gens entreprenants sont forcés d’évoluer sur les marchés informels. Il est donc compréhensible qu’en Afrique la mondialisation ne profite pour l’instant qu’aux riches et aux grandes entreprises car dans un tel système, il n’y a que les grosses entreprises, souvent internationales, qui sont capables de défrayer de tels coûts.

Ceci étant dit, ce problème est largement augmenté par les pays riches qui maintiennent encore aujourd’hui d’importantes barrières protectionnistes, surtout au niveau de l’agriculture, une industrie primordiale en Afrique. Ces subventions, tarifs et quotas font baisser les prix des produits agraires sur les marchés mondiaux et nuisent aux producteurs africains. Selon Oxfam, les subventions aux agriculteurs américains ont mené à plus de 300 millions de dollars en pertes de revenus pour les producteurs sub-sahariens (2001-2002).

 

Conclusion

Comme le mentionne William Easterly :

« La libre-entreprise a été le moyen expérimenté avec succès partout ailleurs pour sortir de la pauvreté et ce serait condescendant de suggérer que cela ne puisse pas marcher en Afrique. »

Ce dont les pays africains ont besoin est l’instauration d’un cadre institutionnel d’État de droit ainsi que d’une meilleure définition et protection des droits de propriété. Ils ont besoin d’entreprises florissantes qui fournissent des emplois et créent de la richesse. Ils ont besoin d’une plus grande liberté économique.

Comme le disait le président de l’Ouganda durant sa rencontre avec le président Bush en 2003 :

« Je ne veux pas d’aide, je veux du commerce. L’aide ne peut pas transformer les sociétés. »

Plutôt que de leur expédier de l’argent sous conditions, nous devrions plutôt abaisser nos barrières protectionnistes et laisser la liberté faire son chemin.

—-
Lectures complémentaires :

Les Programmes d’Ajustements Structurels du FMI et de la Banque Mondiale
Afrique : sortir de la dépendance à l’aide
Afrique : pourquoi la bonne gouvernance compte plus que l’aide
La mondialisation, ennemie de l’Afrique ?
Trade, Not Aid

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