Charles Fourier et le phalanstère

Fourier mériterait l’oubli voire le mépris si ses pensées et ses œuvres ne résumaient pas toutes les déviances de l’utopie

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Charles Fourier et le phalanstère

Publié le 7 août 2011
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Un article de l’ALEPS (*)

Les sentiments, bases de la société

Charles Fourier (1772-1837) a inspiré Proudhon, mais Marx l’a méprisé. Marx l’économiste rejettera avec violence les « utopies » des Français, construites en ignorance totale des lois de l’économie. Il est vrai que Fourier part du principe qu’une société ne peut être harmonieuse que si elle rencontre les sentiments des individus. Fourier est un obsédé de la classification, il veut ranger les hommes dans des catégories bien précises comme Buffon a rangé les animaux. Trois passions majeures animent l’être humain. « La composite » le pousse à s’associer, à coopérer. « La cabaliste » l’incline à la dispute, à l’intrigue. « La papillonne » est le désir de changer sans cesse. De ces trois passions majeures se déduisent douze passions secondes, qui conduisent à 144 passions mineures. Il faut donc organiser une société où ces passions pourront s’harmoniser.

Le phalanstère, communauté d’harmonie

Fourier imagine donc une société parfaite, une phalange formée de1620 personnes, dont 810 de caractères différents. Les hommes y travailleront dans la joie, sans effort, les pénuries auront disparu, et des résultats extraordinaires et inattendus pourront survenir : les pôles se réchaufferont, il y aura des anti-lions et des anti-requins, les hommes vivront 144 ans. L’emploi du temps est rigoureusement planifié. Chacun change d’activité au cours de la journée, alternant effort physique et talent artistique. Grâce à ce « bien vivre », à cette Abbaye de Thélème ou à cette Cité Radieuse, on ne manque de rien, donc la règle est celle du partage : production et consommation en commun.

Ce programme est en effet utopique. Il est en même temps totalitaire, englobant tous les aspects de la vie. Comme chez Platon, femmes et enfants sont en commun : « Familles je vous hais ! » lance Fourier bien avant Gide. Mais il va pourtant séduire des centaines de « fouriéristes », Robert Owen, riche industriel anglais, s’exilera aux États-Unis après la faillite de son entreprise et créera des « communautés d’harmonie ». Sous l’impulsion d’Owen ou d’autres visionnaires, plus de 5.000 communautés existeront en Amérique… pour très peu de temps ! Fourier critiquera Owen pour ne pas avoir compris la philosophie de son phalanstère.

Les coopératives de production

Plus réalistes, mais plus éloignés du plan des Phalanstères, plusieurs groupes d’ouvriers se constitueront en « coopératives ouvrières de production » : plus de patron, plus de capitaliste, seulement des coopérateurs, mettant en commun leurs ressources et leur travail. Dans la lunetterie, dans l’horlogerie, dans la chaussure, ces communautés de travail se multiplieront et certaines survivront jusqu’à nos jours, et le statut de SCOOP (Sociétés coopératives ouvrières de production) est reconnu par le droit positif français. Le manque de moyens financiers et les difficultés du partage rendent en général le système peu durable. Une autre expérience assez durable a été celle du « familistère » organisé par Godin dans les fabriques de poêles.

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La société sans commerce et sans classe

Une autre idée force de Fourier a fait son chemin. Il ne doit y avoir aucun intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Dans le Phalanstère, on consomme ce qui est produit. La source des déséquilibres et de la misère dans la société vient du commerce. Fourier a fait cette découverte en épluchant une pomme, qui est vendue 12 sous dans le restaurant où il prend ses repas, alors qu’il l’avait vue à moins d’un sou sur les quais du port. Cette pomme à ses yeux est la plus importante de l’histoire après celle d’Ève, de Pâris et de Newton. Le commerce et le profit sont du vol. Ils naissent de l’existence de la propriété privée (c’est un manuscrit de Fourier que Proudhon a composé dans son imprimerie qui éveillera sa carrière intellectuelle).

Persistance de l’utopie

Fourier mériterait l’oubli voire le mépris si ses pensées et ses œuvres ne résumaient pas toutes les déviances de l’utopie : le constructivisme, désir de créer une société parfaite, le collectivisme, négation de la propriété, le sociologisme qui privilégie le groupe et ignore famille et communautés naturelles, les sciences occultes et le jeu des passions qui font fi de la réalité spirituelle et intellectuelle de l’être humain. Hélas, le fouriérisme hante beaucoup d’esprits et inspire encore beaucoup de discours et d’écrits deux siècles plus tard. Les illuminations de Fourier brillent toujours.

Article repris du site de l’ALEPS, Libres.org, avec l’aimable autorisation de Jacques Garello.

—-
(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le Progrès social, fondée il y a quarante ans sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.

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  • Dans l’histoire de la pensée francaise, on peut remarqué une lourde tendance á l’idéalisme, l’utopisme dans le champs de la morale. Je pense que certains aspects de la pensée sociale du XVIII et XIX ont manqué de matiére intellectuelle intéressante (par example peut de reflection sur l’industrie qui était un phénoméne nouveau). En revanche, Fourier ou Proudhon ont des tendances a prophétisé une morale commune qui est étrangement le reflet des enseignements catholiques de l´époque mais dans un vocabulaire non religieux (de type républicain) qui est en fait un changement de registre rhétorique plutôt que la découverte de faits sociaux réellement digne d ‘intérêt.

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