Le Parisien révèle aujourd’hui l’existence d’un étrange voyage de quatre jours effectué début août en Libye par quatre politiciens : la chiraquienne Margie Sudre, secrétaire d’État chargée de la Francophonie dans le gouvernement Juppé de 1995 à 1997, l’ex-député européen radical de gauche Michel Scarbonchi, l’ancien maire de Montélimar (Drôme) et président du Parti radical valoisien, Thierry Cornillet, et le Britannique John Corrie (conservateur). L’existence de ce voyage de quatre jours n’a été signalée au Ministère des Affaires Étrangères qu’après qu’il ait eu lieu.
La première question qui s’impose consiste à s’interroger sur la nature exacte de ce voyage, tant les histoires de diplomatie parallèle ont émaillé la vie du Quai d’Orsay ces dernières décennies (réseaux Pasqua en Afrique, affaire(s) impliquant le député Didier Julia, etc.). Les différents protagonistes affirment que celui-ci n’était qu’une visite dont le but était de constater les effets de la campagne militaire actuelle menée dans ce pays contre les forces de Muammar Khadafi.
Mais la seconde question encore plus troublante provient de l’implication d’une des filles du dictateur Libyen : c’est à l’invitation de Waatassimou, fondation caritative dirigée par Aïcha Kadhafi (avocate de 34 ans, nommée entre 2004 et février 2011 ambassadrice de bonne volonté de l’ONU), que les trois français et le britannique se sont rendus dans ce pays. On peut s’interroger sur les motivations de cette femme, non seulement parce qu’elle est une pièce essentielle du dispositif paternel de main-mise sur la Libye où elle est en charge de l’action caritative, mais aussi et surtout parce qu’elle semble très portée sur les coups d’éclat politiques.
En effet, en 2006, elle a volontairement insisté pour faire partie de l’équipe d’avocats du dictateur irakien déchu Saddam Hussein, ce qui montre une grande volonté de s’impliquer dans les sujets politiques très sensibles, bien au-delà de son action caritative. En outre, sa fondation Waatassimou s’est illustrée en décernant un prix de bravoure au journaliste Muntadhar al-Zeidi pour avoir lancé sa chaussure sur le président Georges W.Bush en conférence de presse. La fondation avait alors déclaré que ce geste constituait une victoire pour les droits de l’homme. Le lien entre cette affaire et l’objet social de la fondation ne saute pas immédiatement aux yeux.
Une dernière hypothèse à propos de ce voyage consiste à penser qu’il fait partie de la longue liste de voyages de politiciens européens vers des destinations aussi exotiques que peu soucieuses des droits de l’homme, à l’image de celui, désormais culte, d’une délégation de parlementaires belges en Corée du Nord. L’émission de télévision Strip-Tease a fait un reportage sur cette épopée de pieds nickelés, disponible sur les sites de partage de contenus vidéo. Les parlementaires s’y étaient alors ridiculisés, et avaient par la suite affirmé avoir été piégés.
Les questions que vous vous posez sur cette femme nous permettent ils de douter des morts civils réalisés « grace » aux bombardements de l’OTAN? Élevez un peu le niveau cher monsieur !