Et quand l’Allemagne sortira de l’Euro…

L’Euro semble maudit. Par les marchés ou par les urnes.

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Merkel (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

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Et quand l’Allemagne sortira de l’Euro…

Publié le 16 août 2011
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Et quand l’Allemagne sortira de l’Euro…

Aujourd’hui mardi, le président Sarkozy va recevoir la chancelière Merkel, pour rassurer les marchés et améliorer la gouvernance de l’euro. La réunion n’a pas encore eu lieu, mais mon petit doigt me dit que cette réunion ne va mener à rien de bon : les événements récents montrent qu’on ne peut plus rien attendre d’Angela.

J’en vois certains bondir et d’autres se chagriner : quoi ! L’Allemagne ne serait plus la nation de rigoriste monétaires ? Angela ne serait plus l’incarnation vivante de la bonne gestion, des budgets équilibrés et, pour tout dire, la seule planche de salut de l’Euro ?

Eh bien non.

Cela fait en réalité un moment que ce statut a été perdu et la confirmation remonte même précisément au 9 mai 2010, date à laquelle les États membres de la zone euro et la BCE ont signé un pacte avec le diable Epson Stylus Color+ mode express.

Certes, je comprends la surprise de beaucoup de lecteurs et d’habitués : « Pourtant, on nous a déjà vendu mille fois les vertus allemandes ! Ce peuple a déjà subi les affres de l’hyperinflation et n’accepteront pas de perdre une nouvelle fois la face avec une monnaie ne valant plus rien ! »

En fait, oui et non.

Si l’on parle du peuple, il semble clair qu’effectivement, le souvenir cuisant de la République de Weimar et la spirale d’impression catastrophique de monnaie soit encore vivace dans son esprit. L’abandon du Deutsche Mark pour l’Euro fut une décision politique délicate et les réticences furent nombreuses. On ne dut l’acquiescement des Allemands qu’à l’imposition de règles alors drastiques sur la banque centrale (indépendance, contraintes fortes sur l’inflation, interdictions de monétiser des dettes d’États membres, entre autres).

Mais la crise aura clairement déplacé les curseurs et petit à petit se lève le voile sur la nature réelle de Merkel.

Greece, starring Olivia Newton-Merkel and John Sarkolta

Si, d’un côté, on entendait et on entend toujours que les Allemands n’accepteront jamais ceci ou cela vis-à-vis de l’Euro, dans les faits… l’Allemagne a plié. À chaque fois.

En théorie, l’Allemagne n’aurait jamais utilisé l’argent du contribuable pour sauver une banque en faillite. L’une des premières qui tomba, en Europe, fut HypoBank. Et Merkel la sauva.

En théorie, l’Allemagne aurait dû s’opposer fermement et obstinément à chaque plan de sauvetage grec qui aura, de facto, permis aux banques françaises et allemandes de refiler leurs actifs toxiques à la BCE, érodant massivement la stabilité de la monnaie européenne. Merkel, là aussi, fit semblant de s’opposer et de ronchonner… mais Merkel plia.

En théorie, l’Allemagne aurait dû hurler à l’idée que la BCE puisse racheter les Bons du Trésor des pays en difficulté. Les membres exécutifs de la Bundesbank furent outrés d’une telle solution. Weber était blême lorsqu’il fallut leur annoncer. Mais malgré tout, Merkel signa.

En théorie, lorsqu’il s’agit de trouver un successeur à Jean-Claude Printmore Trichet, le (bon) Français, Weber, l’ex-gouverneur de la banque centrale allemande, aurait dû être nommé. Et compte-tenu de ses positions, il aurait été nettement moins coulant : l’orthodoxie allemande, lui, il connaît. Mais voilà. Super Mario Draghi, lui, était plus sympathique, moins raide, plus… italien. Latin, quoi. La monnaie, ça va, ça vient et quand ça vient, ça va. Ce fut donc Draghi et non Weber. Merkel — après les atermoiements traditionnels de quelques semaines — céda.

Pour rappel, Draghi est un ancien de Goldman Sachs, et l’inflation, les dévaluations, les magouilles et la tuyauterie financière, ça le connaît. Eh bien Angela, malgré ce CV impressionnant, a fini par dire oui.

La conclusion est absolument sans appel : Merkel est une imposture. De l’orthodoxie allemande, elle ne connaît rien ou ne veut rien en entendre. Elle connaît la puissance de son pays et peut dès lors jouer à minauder et faire monter un peu les enchères lorsqu’un « oui » de sa part est attendu.

Mais finalement, elle suit toujours les pire keynésiens.

Beaucoup (moi y compris) avons trop longtemps oublié un fait essentiel : Merkel a brillamment manœuvré pour arriver à la place de chancelière, et n’a jamais été à cours de trahison, d’arrangements politiques plus ou moins hypocrites, de manipulations et tromperies. Parfaitement intégrée du temps de l’Allemagne de l’Est dans les rouages socialistes totalitaires et centralisés, elle a gardé, en réalité, tous les comportements d’une apparatchik.

Du reste, au fur et à mesure que les bases mêmes de l’Euro s’effritent, le peuple allemand se réveille. Les échecs électoraux de plus en plus nombreux et marqués de la chancelière illustrent fort bien la grogne qui monte et la scission entre d’un côté les citoyens qui ne veulent pas payer pour tout le monde, et ne veulent pas de l’Euro à n’importe quel prix, et de l’autre, la chancelière dont la seule excuse sera qu’elle ne voulait pas rendre l’Allemagne responsable de l’explosion de la monnaie unique.

En réalité, cette explosion est maintenant inéluctable et elle interviendra soit par les urnes, soit par le marché.

Par le marché, avec des stress-tests en grandeur réelle alors que les États continuent d’emprunter, leur CDS augmentant et les écarts entre les pays de la zone euro se faisant de plus en plus importants…

Par les urnes parce qu’en 2013, tout indique que Merkel ne sera pas réélue, que le peuple allemand choisira l’orthodoxie et le retour à des bases saines. Et qu’à ce moment, très probablement, l’Allemagne jettera l’éponge.

Que ce soit l’une ou l’autre solution, cette monnaie semble foutue.
—-
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  • 9 mai 2010 (pas 2009), je pense. Effectivement il n’y a pas de « Super-Merkel ».

  • C’est au tour de la France

    Le président Nicolas Sarkozy a-t-il interrompu ses vacances d’été uniquement pour assister à un rebond technique des bourses européennes ? La réalité est que le problème de la dette française constitue maintenant un problème immédiat pour les marchés internationaux, bien plus grave que l’abaissement de la note de la dette américaine. Le dollar n’a pas été affecté par cette décision de Standard and Poor’s, mais l’euro, c’est une autre affaire ! Car la dégradation de la note de la dette française impacterait dramatiquement l’euro. Quand les bourses américaines ont plongé, en début de semaine dernière, de nombreux investisseurs ont afflué vers le Trésor américain, signe que le pessimisme n’était pas au plus bas pour les Etats-Unis. Par contre, les problèmes de liquidités concernant les dettes européennes sont si conséquents maintenant, que l’idée fait son chemin selon laquelle l’Allemagne et la France ne disposent pas de liquidités suffisantes pour renflouer tout le monde au sein de la zone euro. (Cliquer pour lire la suite.)

    A chaque grande réunion européenne, on assure que tous les problèmes sont résolus et que le navire Europe va pouvoir voguer en pleine mer dans la sérénité. Puis une nouvelle dégradation survient et la houle redevient dangereuse.

    Madrid et Rome auront besoin de plus de 700 milliards d’euros pour financer leurs déficits courants et payer la dette venant à échéance en 2012. Les « forces de marchés » reconnaissent ce fait et ont imposé des coûts d’emprunt plus lourd pour les deux pays. En conséquence, les banques espagnoles et italiennes vendent massivement des obligations, rachetées par la BCE. Ces actions de la BCE sont sans issue et ont des conséquences sur les liquidités du marché interbancaire. En outre, la France arrive à un endettement très proche désormais des 90% du PIB, que Carmen Reinhart, de l’Institut Peterson, et Kenneth Rogoff, de Harvard, jugent « dangereux ». « Un niveau qui constitue un sérieux frein à la croissance économique ». D’ailleurs, cette analyse se trouve renforcée par l’annonce d’une croissance anémique pour la France. Finalement, selon la presse américaine, la France est quasiment KO et seule l’Allemagne se trouve présente sur le pont pour essuyer la tempête. Mais voilà le problème : combien même l’Allemagne aurait toute la bonne volonté possible pour éponger les autres pays défaillants de l’Union européenne, elle n’en a pas les moyens. C’est bien pour cette raison que ses représentants ont annoncé que l’Allemagne ne verserait pas un euro supplémentaire dans le FESF. Voilà pourquoi on peut sérieusement douter d’un rebond durable des marchés, car la France est déjà dans la lunette de tir des forces de marché avec lesquelles notre cher président a été si complaisant depuis plusieurs trimestres.

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