Un article d’Open Europe
Eh voilà , on a vu encore se dérouler un sommet de crise de la zone Euro incurablement décevant – tout au moins du point de vue des marchés.
On aurait pu penser depuis le temps que Sarkozy et Merkel savaient qu’organiser une réunion sans avoir rien d’utile à dire est bien pire que de ne pas se réunir. Hélas, ce n’était pas le cas et les marchés ont chuté suite à la conférence de presse chargée en rhétorique, qui a eu lieu à Paris mardi après-midi. Et comme d’habitude, les marchés réagissent bien plus rapidement que n’importe quel politicien de l’union européenne.
Néanmoins, les conclusions de la réunion n’ont que peu de signification politique, puisqu’elles ne font qu’affirmer les désirs allemands et français de pousser de l’avant un contrôle bien plus centralisé des politiques économiques des pays de la zone Euro (ou, si c’est deux-là peuvent s’entendre, un contrôle Franco-Allemand). Le sommet a préparé la voie pour faire du président du conseil Herman Van Rompuy une marionnette encore plus agitée dans les mains franco-allemandes, en faisant miroiter la suggestion de donner au Belge la présidence du groupe Euro qui se réunit séparément deux fois par ans. Sa signification politique est d’institutionnaliser le groupe Euro, ce qui impacte les non-membres comme le Royaume-Uni par exemple.
La discussion s’est concentrée sur les problèmes de long terme, évitant les problèmes politiques de court terme ou toutes autres idées progressistes – ce qui n’est pas très surprenant. Mais en tenant une réunion, on fait monter l’espoir, rendant la déception pire qu’elle n’aurait dû être.
La discussion s’est articulée autour des points clefs suivant:
— « Non » de la part des deux leaders pour donner libre cours aux Euro-obligations, bien que Sarkozy suggéra que ce pourrait être un jour possible (préservant une légitimité démocratique, Merkel d’ajouter quant à elle, seulement en dernier recours.) Notons que Merkel ne semblait pas les rejeter totalement sur le long terme.
— Refus d’élargir le fonds européen de stabilité financière. Sarkozy suggéra qu’il était assez large et se trouve être l’instrument adéquat pour sauver l’Euro (ce qui est légèrement délirant).
— Accord pour tenir des sommets biannuels de la zone Euro et élire (par les leaders eux-mêmes, n’allez pas penser une seconde que les électeurs soient convoqués) un président de la zone Euro qui siège pour deux ans et demi (avec Herman Van Rompuy comme candidat pour étrenner la position).
— Propositions à venir pour inclure un frein à la dette dans les constitutions des 17 États membres de la zone Euro dès l’été 2012
— Soutien conjoint à un impôt sur les transactions financières, de façon à rendre possible le renflouement de la zone Euro (qui serait énorme), à présenter le mois prochain.
— Création d’une assiette d’imposition des sociétés commune à la France et à l’Allemagne, prenant effet en 2013 – ce qui devient intéressant au vu des exemptions et des confusions autour du taux français d’imposition des sociétés et du gouffre entre les systèmes d’imposition entre la France et l’Allemagne en général. Ainsi, elle sera à moyen terme politiquement très significative.
— Rappel aux pays en défaut de paiement d’enclencher les réformes économiques nécessaires et de répéter leur engagement continu à la défense de l’Euro (jusque-là rien de nouveau).
— Aucun plan de réécriture des traités européens, mais Merkel a fait remarquer que le traité de Lisbonne n’était pas « le dernier traité Européen que nous signerons. »
Si ce sommet se devait de convaincre les marchés, puisque de nos jours ils sont tous destinés à ça, il semblerait qu’ils aient échoué dès le départ – si l’on en juge par le rapide affaissement du marché américain (une chance que les marchés européens étaient clôturés). Mais non, le morceau de choix de ces épisodes successifs concernait la gouvernance économique franco-allemande de la zone Euro : un contrôle encore plus centralisé du système d’imposition et des politiques de dépenses. Sarkozy et Merkel ont déjà passé outre, bien que la France ait été historiquement plus acharnée que l’Allemagne à renforcer une gouvernance économique dans la zone Euro par contraste avec une gouvernance qui s’applique aux 27 États membres.
Nous nous hâtons d’ajouter qu’il serait approprié en ce moment d’avoir une pensée pour la BCE, étant donné l’échec continu de nos leaders à apaiser les marchés (ils les contrarieraient plutôt), ce qui rend le travail de la BCE significativement plus compliqué, en particulier concernant l’achat d’obligations. Il est vraisemblable que les marchés relèvent les taux d’intérêts italien et espagnol au cours des jours à venir, forçant la BCE à acheter plus qu’elle n’en avait l’intention et, ce faisant, la conduisant plus profondément dans les tréfonds d’un bilan opaque, gonflé et risqué jusque dans le giron de la politique fiscale.
Pour résumer: le sommet fut politiquement important mais économiquement hors sujet – particulièrement pour rassurer rapidement les marchés.
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Article originellement publié sur Open Europe blog et titré « Much Ado About Nothing », reproduit avec l’aimable autorisation des auteurs.
Traduction : JATW pour Contrepoints
Ils foutent la gerbe tous..
Taxe sur les transactions financières : un moyen de renflouer des comptes publics désastreux en donnant l’impression aux peuples européens que c’est bien car ce sont les vilains traders et spéculateurs qui sont responsables de cette crise et non les responsables politiques. C’est bien sûr faux et ce sont en outre les clients des banques qui vont la payer cette taxe, c’est à dire nous tous. On va encore l’avoir dans le c… et les leaders politiques vont en ressortir grandis aux yeux d’une majorité de moutons ignorants. Soupir.