Santé : l’incurie des modèles britannique et canadien

Enivrés par le pouvoir, les ministres de la Santé persistent à préserver un paradigme voué à l’échec

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Santé : l’incurie des modèles britannique et canadien

Publié le 19 août 2011
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Le système de Santé québécois, comme son modèle britannique, est inefficace. Enivrés par le pouvoir, les ministres de la Santé successifs s’illusionnent sur leur capacité à résoudre les problèmes et persistent à préserver un paradigme voué à l’échec.

Par Nathalie Elgrably-Lévy, depuis Montréal, Québec

L’engorgement des salles d’urgence ne date pas d’hier. Au fil des décennies, les ministres de la Santé qui se sont succédé avaient tous un « plan » pour soulager le système.

En 1990, Marc-Yvan Côté constitue un « groupe tactique d’intervention » pour désencombrer les urgences. En 1998, ce groupe publie un rapport dans lequel il propose des mesures pour que la durée moyenne à l’urgence ne dépasse pas 12 heures et pour qu’aucun séjour de plus de 24 heures ne soit enregistré. En 1999, Pauline Marois annonce son « plan d’action » pour réduire le temps d’attente dans les urgences. En 2005, Philippe Couillard affirme sa volonté de réduire à 12 heures ou moins le séjour moyen dans les urgences et de faire disparaître tout séjour de 48 heures ou plus.

Résultat? On attend aujourd’hui en moyenne plus de 17,5 heures dans une salle d’urgence contre 15,9 heures, en 2006. Quant aux séjours de plus de 48 heures, c’était au tour du ministre Yves Bolduc d’annoncer, cette semaine, son intention de s’y attaquer. Or cette déclaration n’émeut personne.

Aujourd’hui, les Québécois sont las des vœux pieux et des promesses creuses des ministres, et doutent fortement d’avoir un jour le système de santé efficace qu’on leur promet depuis si longtemps. Il suffit de jeter un coup d’œil vers le Royaume-Uni pour comprendre leurs inquiétudes.

Le modèle britannique

Rappelons que le système de santé britannique, instauré en 1948, a servi de modèle à l’élaboration du système canadien. Ce que vivent actuellement les Britanniques nous permet donc d’imaginer ce qui nous attend si nous persistons sur la même trajectoire.

Or le pronostic est redoutable. En dépit des innombrables efforts déployés pour maintenir l’offre de services, le Royaume-Uni est maintenant contraint de rationner les soins dispensés de façon importante. Par exemple, le traitement de la cataracte est réservé aux patients dont la capacité à travailler est « substantiellement » réduite; le remplacement de la hanche ou du genou est strictement limité à ceux qui souffrent de douleurs aiguës; quant aux varices, un patient ne peut espérer un traitement que s’il souffre de douleurs chroniques, d’ulcérations et de saignements.

Le rationnement est tel que l’insertion d’un tube de ventilation (pour améliorer l’audition chez les enfants) ne sera envisagée que dans des « circonstances exceptionnelles ».

Enivré

Comme l’alcool, le pouvoir enivre. Notamment, il donne aux ministres de la Santé l’illusion d’être capables de réaliser ce que l’histoire a prouvé impossible: offrir des soins de santé universels, gratuits, efficaces et en temps opportun.

Le ministre Bolduc n’échappe pas à l’ivresse du pouvoir. Mais ne soyons pas dupes: le système de santé britannique d’aujourd’hui, c’est le système de santé canadien de demain.

Malheureusement, pendant que les élus jouent aux apprentis sorciers et expérimentent leurs innombrables plans pour préserver un paradigme voué à l’échec, des malades souffrent, d’autres meurent.

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  • En France nous avons un système de santé efficace « que le monde nous envie » disent nos politiques.

    Mais à quel prix???
    Plus de 32 milliards d’euros de déficit et une augmentation continue de ce même déficit.

    Je rejoins l’auteur de l’article:
    Il est impossible, voir utopique, de créer un système de santé qui prennent en charge aussi bien la bobologie, que les grandes maladies, les accidents et le bien-être général.

    Je pense que le premier la « bobologie » (= rhumes, petites coupures… tout ce qui n’entraine pas une invalidité grave ou un risque conséquent de mort) ne doit PAS ÊTRE PRIS EN CHARGE PAR LES SYSTÈMES DE SANTÉ.
    Les traitements de confort aussi (Varice, chirurgie esthétique, etc etc).

    Pour les maladies, elles doivent être prise en charge en fonction de l’incapacité qu’elles induisent.
    Idem pour les accidents, les prothèses etc etc.
    Mais dans tous les cas, la prise est charge doit être subordonnée au mode de vie de la personne (en dehors de son cadre de travail, cela va de soi).

    Ainsi, un gros fumeur devra prendre pour lui-même une grande part des frais médicaux que son tabagisme aura engendré. S’il peut se payer un paquet de clopes (5 euros) par jour pendant 20 ou 30 ans, alors il peut payer ses frais de traitement.
    Idem pour un alcoolique, un séropositif récent (ceux qui sont au courant des risques depuis longtemps!!!).

    Le but est de limiter les dépenses de santé (on ne peut pas payer tout pour tout le monde) et aussi au passage les comportements à risque.

    Je sais que je vais me faire traiter de tous les noms; mais réfléchissez un peu:
    Celui qui prend le volant bourré et blesse une tierce personne. Pourquoi ses soins doivent-ils être pris en charge en totalité par la société (état, assurance) au même titre que sa victime. Alors que la victime est innocente, et le fautif responsable de son abus d’alcool.

    Un personne saine, qui subit une rupture d’anévrisme devra être pris en charge par la société, mais pas celui qui a abusé des psychotropes….

    • Bof.

      Si d’un autre coté on arrête de taxer le tabac et qu’on prend en compte la plus faible espérance de vie des fumeurs dans le calculs de leurs cotisations et prestations retraites… il n’est pas évident que les fumeurs soient si perdant que cela.

      En attenant ce serait quand même le comble que l’état qui harcèle les fumeurs (dont je ne suis pas) sous prétexte de santé refuse justement… de prendre en charge les soins aux fumeurs alors qu’ils ont cotisé ! C’est plus de la santé publique, c’est de la morale d’état…

      Mais c’est d’ailleurs ce qui se profile : que l’assurance publique deviennent, ironie de l’histoire, une sorte de censeur qui décide qui est mérite ou non d’être soigné. Alors qu’une assurance privée ne fait pas de « morale » (personne saine contre coupable…) et ne connait pas le « mérite » : elle se fonde uniquement sur les risques pour fixer ses tarifs et conditions de remboursement, et il est toujours possible d’aller voir ailleurs.

  • On est d’accord que les maladies graves ou sérieuses doivent être pris en charge obligatoirement par un système dassurances maladies privé , pour le reste laissons les mutuelles qui le veulent prendre en charge la bobologie ou les petits luxes si elles le veulent, ne laissons pas les politiciens le décider a notre place.

  • Je rajouterais d’ailleurs qu’il y a fort a parier qu’une assurance maladie privée refusera de rembourser lalcoolique ou le fumeur, ou lui fera payer très cher. Pas besoin que ce soit un choix de société qui est en fait décidé unilatéralement par une oligarchie.

  • Je ne suis pas d’accord avec vous :

    Vous parlez d’assurance maladies privée, quand moi je parle d’un système équitable pour les citoyens.
    Et donc un système de santé géré par l’état sur financement d’un prélèvement obligatoire pour tous.
    C’est le principe d’une assurance.

    Une compagnie privée d’assurance offrant un tel service est impossible. Le but d’une entreprise étant de faire de l’argent. Elle refusera d’assurer et de payer pour une personne en pleine santé mais sans emploi qui sera dans l’incapacité de payer sa prime d’assurance.
    Une mutuelle fera la même chose. Par contre je suis d’accord la mutuelle peut bien rembourser la bobologie. Mais l’assurance santé privée aussi.

    • « Et donc un système de santé géré par l’état sur financement d’un prélèvement obligatoire pour tous.
      C’est le principe d’une assurance. »
      Non, justement. L’assurance peut très bien être choisie librement. Qui d’autre que moi-même peut savoir exactement contre quel type de risque je veux être couvert. Et pourquoi devrai-je payer pour quelqu’un qui a délibérément une attitude à risque, ie assumer sa responsabilité.
      « Une compagnie privée d’assurance offrant un tel service est impossible. Le but d’une entreprise étant de faire de l’argent. »
      Pour gagner de l’argent il faut gagner des parts de marché, et donc offrir les meilleures couvertures au plus bas coût.
      « Elle refusera d’assurer et de payer pour une personne en pleine santé mais sans emploi qui sera dans l’incapacité de payer sa prime d’assurance. »
      Le marché n’est pas ouvert donc on ne peut pas savoir quel type d’offres émergerait. Néanmoins on peut supposer que les contrats puissent être souscrits très jeunes et pour l’ensemble de la vie, avec impossibilité de résiliation unilatérale.

  • Mon dieu, il y en a qui croient que quand on n’a pas payé sa cotisation à la sécu on est assuré!
    Et non, on n’est pas du tout assuré.
    On est à la rue complet et la CMU et autre machins sont des cotisations payées par l’Etat pour assurer les personnes qui ne peuvent être assurées par leurs cotisations personnelles. Et ces versements de l’ETAT peuvent tout aussi bien se faire à d’autres assureurs que la SECU.

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