Santé au Québec : le privé au secours du public

Il est grand temps de cesser de voir le privé comme un mal nécessaire. Il s’agit plutôt d’un atout essentiel pour un système de santé qui fonctionne.

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Médecin consultation ordonnance (Crédits : Life Mental Health, licence CC BY 2.0)

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Santé au Québec : le privé au secours du public

Publié le 13 juin 2017
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Par Jasmin Guénette.
Un article de l’Institut économique de Montréal

Des centaines d’auxiliaires de santé et de services sociaux, de physiothérapeutes, d’ergothérapeutes et de travailleurs sociaux en provenance du privé sont recherchés pour donner des services à domicile à Montréal et à Laval. Un contrat, en cours d’appel d’offres, qui pourrait s’élever à des dizaines de millions de dollars.

Les syndicats ne sont pas contents. Ce qui signifie habituellement qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les contribuables…

Nos syndicats peuvent descendre de leurs rideaux. Nous sommes toujours dans un monopole étatique, un système public universel qui commence simplement à comprendre que le privé peut aider.

Les établissements de santé ont besoin de travailleurs pour couvrir des besoins ponctuels qui requièrent une certaine flexibilité, comme pour les demandes de services en surplus ou les remplacements d’urgence.

Les soins au privé

C’est une bonne idée, et c’est ce que font à peu près tous les pays d’Europe, à plus grande échelle : le gouvernement finance, mais laisse le privé donner les soins. L’expérience allemande notamment, montre que la participation du secteur privé, contrairement aux craintes largement répandues ici, est associée à une meilleure qualité des soins et améliore l’efficacité d’établissements peu performants.

C’est une habitude que le gouvernement devrait prendre aussi quand il manque de médecins ou de salles pour opérer. Malheureusement, la lourdeur du cadre réglementaire et le manque d’autonomie des administrateurs d’hôpitaux font qu’il y a très peu d’ententes de ce genre.

On se souviendra entre autres du partenariat entre l’Hôpital du Sacré-Cœur et le centre de chirurgie privé Rockland MD à Montréal. De 2008 à 2015, plus de 12 000 chirurgies d’un jour ont été réalisées grâce à l’entente liant les deux établissements.

Cette initiative a permis de réduire considérablement la liste de patients en attente d’une opération, de décongestionner le bloc opératoire de l’hôpital et d’augmenter de 400 en moyenne le nombre de chirurgies plus complexes qui y sont effectuées chaque année.

Les patientes atteintes du cancer du sein ont ainsi vu leur temps d’attente moyen pour une intervention passer de plus de six mois à moins de deux semaines !

Le privé est un atout, pas un mal nécessaire

Malgré ces excellents résultats, le gouvernement a mis fin à l’entente en septembre 2015. Il pénalise ainsi les patients même si, un an plus tôt, ses propres données avaient encore une fois confirmé qu’une même opération coûte moins cher à effectuer à la clinique Rockland MD qu’à l’Hôpital du Sacré-Cœur.

Il est grand temps de cesser de voir le privé comme un mal nécessaire. Il s’agit plutôt d’un atout essentiel pour un système de santé qui fonctionne. D’ailleurs, est-ce un hasard si, de façon générale, les domaines où la santé relève du privé fonctionnent très bien ?

Qu’on pense aux cliniques dentaires ou de soins de la vue, qui sont grandement accessibles et où les temps d’attente sont minimes, voire inexistants. Pourtant, 94 % des dépenses sont financées par des sources privées. Ou aux pharmacies, ouvertes pour la plupart sept jours sur sept et certaines 24 heures sur 24, et où l’on n’entend jamais parler de délais d’attente ou de difficultés d’accès.

Rôle positif de la concurrence

Ce n’est pas la nature des soins donnés qui fait que cela fonctionne. C’est parce que ces entreprises œuvrent dans un contexte de concurrence, ce qui contribue à améliorer la qualité des produits et à limiter les hausses de prix. Et parce qu’elles doivent offrir des services mieux adaptés aux besoins et préférences variées des personnes, qui peuvent aller chez le concurrent s’ils ne sont pas satisfaits.

D’ailleurs, devinez ce qui arrive lorsque le gouvernement se mêle de ces secteurs… Eh oui, dans les pays où le financement gouvernemental est plus élevé, l’accessibilité aux services s’en trouve détériorée.

En Finlande, les délais d’attente en 2012 s’élevaient à plus d’un mois dans 85 % des centres dentaires publics.

En Australie, près de 400 000 adultes se retrouvent sur des listes d’attente à travers le pays pour des services publics de soins dentaires et doivent patienter de deux à cinq ans dans certaines régions. Le temps de passer d’une simple obturation à un traitement de canal…

L’exemple suédois

En Suède, l’accessibilité et les heures d’ouverture dans les pharmacies ont grandement été réduites suite à l’intégration de ce secteur d’activité dans le système public. Par exemple, aucune pharmacie n’était ouverte le dimanche et plusieurs fermaient même complètement durant l’été.

***

L’appel d’offres dont je vous parlais au début de ce texte stipule que, pour être considéré, un soumissionnaire devra atteindre un certain niveau de qualité, en plus d’être le moins cher. Voilà un développement positif tant pour les patients que pour les contribuables. C’est donc sans surprise que les syndicats évaluent leurs options juridiques et songent à aller en cour pour l’empêcher

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  • Le recours au privé de la part du public, sous couvert de flexibilité, permet bien souvent de sauvegarder l’institution et la conservation des avantagezakis par les insiders.
    Tous, l’autorité, les insiders et les syndicalistes, en sont bien conscients et les haussements de voix de ces derniers (les syndicalistes) ont juste pour but de conserver dans l’institution la plus grande part de travailleurs publics, sans laquelle ils auraient beaucoup moins de capacité de chantage (grèves).
    Ce faisant, c’est l’institution qui pour équilibrer son budget devient une fabrique de travailleurs pauvres : l’appel d’offres indique bien que le service doit revenir le moins cher possible.

    La sous-traitance est une des mesures prises par toute entreprise pour diminuer les coûts et augmenter la flexibilité, mais dans le cas des entreprises publiques, cette mesure est prise pour sauvegarder les intérêts de quelques uns.

    En france on a les mêmes exemples avec les sous-traitants de EDF, SNCF, etc… et les filiales que ceux-là créent pour s’affranchir des règles internes et générer du bénéfice en soutien de leur activité principale déficitaire.

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