Samedi, lors des rencontres annuelles de la Fed à Jackson Hole, dans le Wyoming, la directrice du FMI, Christine Lagarde, reprenant à son compte le script laissé par Strauss-Kahn, a exhorté les États à maintenir leurs politiques de soutien de la croissance.
Par Guy Sorman, depuis New York, États-Unis
Avant que Dominique Strauss-Kahn ne transforme la direction du FMI en une tribune publique, ses prédécesseurs agissaient en silence: non par discrétion mais parce que leur statut de haut fonctionnaire leur interdisait de prendre des positions publiques et que, par ailleurs, employés par des gouvernements, ils ne pouvaient pas manifester une véritable indépendance. Il est ainsi notoire que Michel Camdessus ou Jacques de Larosière désapprouvèrent des prêts à fonds perdus à la Russie et quelques autres kleptocraties. Ce silence obligé ne les empêchait pas de préconiser auprès des États membres, la création de bonnes institutions à même de générer la croissance à long terme. C’est ainsi, grâce à cette pédagogie discrète, que la plupart des États se sont dotés de Banques centrales indépendantes qui en gérant les monnaies de manière stable et prévisible, ont éliminé l’inflation pernicieuse et enclenché le développement de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine.
Hélas, Strauss-Kahn depuis son perchoir et par ambition, s’était lancé dans les conseils en politique économique conjoncturelle, le plus aléatoire, le moins scientifique des exercices puisqu’il est dicté par les échéances électorales des États membres. Le FMI a ainsi contribué à encourager la « relance » de l’économie par la dépense publique depuis la panique financière de 2008: aucun emploi, aucune croissance n’en a surgi mais seulement une dette mirobolante qui paralyse la croissance et l’emploi.
À ce seuil, Madame Lagarde a repris à son compte le script que Strauss-Kahn avait dû oublier sur la table et exhorte à son tour les États membres à en faire plus! Il faudrait peut-être, après trois ans de griboullages dits keynésiens pour faire savant, que ces États en fassent moins. C’est en substance ce qu’a déclaré Jean-Claude Trichet à la même conférence de Jackson Hole, Wyoming, contredisant point par point Madame Lagarde mais avec tant de délicatesse que nul ne s’en est aperçu. Trichet, se fondant sur la pratique et l’expérience des nations, a fait observer que celles qui s’en sortaient le mieux, l’Allemagne pour ne pas la citer, avaient depuis des années amélioré leurs structures de production et en particulier, rendu plus flexible le marché du travail. Disciple de Joseph Schumpeter et pas de Keynes, Trichet est un adepte de ce que l’économiste autrichien appelait la « destruction créatrice » : c’est quand on peut supprimer des activités obsolètes qu’il est permis d’en créer des innovantes. Tout en aidant à la reconversion des travailleurs en difficulté.
Tout marché dont on ne peut pas sortir est un marché où il est difficile d’entrer: on comprend ainsi que ce qui est public étant immuable, plus le secteur réglementé est vaste, moins la création d’emplois nouveaux est aisée. Plus la dette est importante, moins le capital à risque pour des activités nouvelles est disponible. Sans toujours citer le cas de la France, où rien n’a été fait depuis 2008 pour un marché plus dynamique, arrêtons-nous un instant au Japon: contrairement à l’idée que l’on s’en fait, il est à peu prés impossible au Japon de fermer une entreprise, ni de licencier: l’État offre même son soutien aux entreprises en difficulté pour qu’elles restent en activité: on les appelle des entreprises zombies. Pas de chômage mais plus de croissance et un épuisement de l’innovation: tel est devenu le Japon nouveau.
On regrettera donc que Mme Lagarde use de son influence toute fraîche pour entonner de vieilles rengaines au lieu d’étudier le monde tel qu’il est et que Trichet connaît mieux qu’elle.
—-
Sur le web
L’illustration est une caricature de Gilles Morand, reproduite avec son aimable autorisation.
Retrouvez ses magnifiques caricatures sur son blog.
Mme Lagarde est la pire des économiste que la terre est portée, et ça ne date pas d’hier malheureusement.
http://www.daily-bourse.fr/analyse-Le-krach-fantome-et-des-banques-en-beton-vtptc-5350.php
Encore plus malheureusement pour nous tous, il faut être d’autant plus médiocre pour atteindre les plus hautes fonctions.
« ait porté », sorry