par Gabriela Calderón de Burgos
Article publié originellement le 26 août 2011 dans El Comercio (Perou).
« Le modèle actuel contribue seulement à perpétuer un Chili inégal » dit Camila Vallejo, la leader du mouvement étudiant qui a secoué le Chili les derniers mois. Camila, âgée de 24 ans, est militante du parti communiste et présidente de la Fédération des étudiants de l’Université du Chili (FECH). [1] Bien que ce mouvement focalise ses demandes dans le domaine de l’enseignement, son programme et sa façon de les exiger vont au-delà , constituant une remise en question du modèle chilien d’un État limité et d’une démocratie représentative.
Axel Kaiser, chercheur de l’Instituto Democracia y Mercado, avance que malgré le progrès économique, le mécontentement de ceux qui protestent est lié « au progrès de l’idéologie progressiste dans le pays ». [2]
Mais considérons seulement le système éducatif et la supposée inégalité que ledit système perpétuerait. En 1957, 20.000 étudiants avaient accès aux études supérieures, ce qui correspondait à une couverture de 3,5%. En 2009, la réalité est toute autre : 800.000 étudiants sont inscrits dans une université, ce qui correspond à une couverture supérieure à 40%. De ces 800.000 étudiants inscrits, 70% constituaient la première génération de leur famille à atteindre ce niveau d’études et 78% étudiaient dans des établissements privés. [3] Sans rôle prépondérant de l’État et sans gratuité, choses que demande le mouvement étudiant, on a obtenu une considérable augmentation de la couverture.
Dans le test international d’évaluation de 2009, PISA, qui indique la moyenne des points obtenus par les étudiants de 15 ans en compréhension à la lecture, en mathématiques et en sciences, le Chili obtient la plus haute note des pays latino-américains participant à l’enquête (mieux que l’Uruguay, le Mexique, la Colombie, le Brésil ou l’Argentine, entre autres). [4]
Quant au fait de savoir si l’enseignement public est meilleur que le privé ou s’il est mauvais qu’il y ait des institutions à but lucratif au sein du système éducatif, le système chilien a donné aux parents la liberté de choisir entre ces différents types d’institutions. Durant la dernière décennie, autour d’un demi million d’étudiants chiliens ont abandonné les écoles municipales (publiques) et sont passés aux écoles privées, subventionnées par l’État ou payantes. [5]
Sur l’inégalité supposément perpétuée par le système éducatif, l’économiste Claudio Sapelli de l’Université catholique du Chili a réalisé une étude par génération de l’inégalité, et arrive à des conclusions totalement différentes. Si la génération âgée de 55 à 64 ans enregistre un taux de 39% étant passé par l’enseignement secondaire, la génération âgée de 25 à 34 ans atteint les 85%, dépassant même la moyenne des pays de l’OCDE. Sapelli montre également que cette différence entre générations s’applique à la distribution des revenus, qui est beaucoup plus équitable parmi les plus jeunes générations. [6]
Beaucoup croient que le système éducatif, avec tous ses défauts, a été la grande force égalitaire qui a fait que dans le futur les jeunes, dans leur pays, dépendent chaque fois moins de la strate sociale de leurs parents et plus de leur éducation. Il serait dommage d’éliminer un système qui a fonctionné au lieu de tirer profit de l’occasion pour l’améliorer.
Gabriela Calderón est éditrice de ElCato.org, chercheuse au Cato Institute et chroniqueuse de El Universo (Équateur).
Notes :
[1] Vargas, VÃctor Manuel, « Vallejo: ‘El modelo actual solo contribuye a garantizar un Chile desigual’ », La Nación (Argentina), source : El Tiempo (Colombia), 17 août 2011.
[2] Kaiser, Axel, « La lección de las revueltas en Chile », ElCato.org, 18 juillet 2011.
[3] Eguiguren F., Pablo; Soto V., Sebastián, « El sistema de educación superior chileno a la luz del informe OECD-Banco Mundial », Instituto Libertad y Desarrollo, octobre 2010.
[4] PISA 2009, Executive summary.
[5] « El valor de los acuerdos para una educación de calidad », Instituto Libertad y Desarrollo, 21 janvier 2011.
[6]Sapelli, Claudio, « Chile más equitativo », El Post, 10 juillet 2011.
Que de fautes d’orthographe dans un papier sur l’instruction !
Eh bien corrigeons ensemble. Où sont toutes ces fautes ?
J’aime toujours les commentaires des adeptes de la sodomie de diptères (je ne suis pas l’auteur de cette expression). Ils critiquent toujours la forme et jamais le contenu !
C’est peut-être le signe de la qualité fondamentale des articles de Contrepoints, si la seule critique est une virgule déplacée ou « y » à la place du »i »…
Merci pour cet article.
J’avais découvert, il y a peu l’existence de ces manifestations au Chili menées par la jeunesse communiste, dont avait pris la tête Camila Vallejo. Les seules couvertures journalistiques françaises se bornaient à louer la beauté et l’éloquence de cette brillante et belle jeune fille (elle est très belle certes). Tout journaliste donnait l’air d’être tombé amoureux et d’appliquer l’extrême onction aux revendications d’école publique gratuite (sic!) que la constitution chilienne mise en place par Pinochet avait bannie.
Merci de remettre les choses en perspective en démontrant la réussite de l’instruction au Chili très loin du constat dressé par nos journaux subventionnés, domptés au pavlovisme socialoïde.