Les fermes du futur produisent trois fois plus

Comment va-t-on faire pour nourrir tous ces humains ? La science a des réponses.

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Les fermes du futur produisent trois fois plus

Publié le 6 septembre 2011
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Et si la crainte de la surpopulation était exagérée? C’est ce que pense Aymeric Pontier sur la base des résultats des expérimentations de l’agriculture du futur, qui donne des résultats stupéfiants. Un article à rapprocher de notre précédent article sur le mythe de la surpopulation ou de notre couverture de la question agricole.

Oui, malgré les horreurs commises par certains gouvernements, malgré les aléas erratiques des marchés, il est un fait que l’humanité connaît des progrès constants depuis 200 ans, et ce grâce à la science et la technologie acquises petit à petit. Les promesses d’allongement de l’espérance de vie, si elles deviennent rapidement réalité, remettront certains dogmes en question, comme celui d’un nombre d’êtres humains en stagnation pour la seconde partie du siècle.

Si l’espérance se met à doubler d’ici le milieu du siècle et si la plupart des maladies graves finissent par être soignées efficacement, comme certains le prédisent déjà, comment continuer à croire que nous ne serons que 10 milliards d’ici 2100 ? Tout porte à croire désormais que ce chiffre sera multiplié par 2, par 3, voire plus. Ce qui ne manquera pas de susciter d’autres problèmes qui n’ont pas été anticipés et auxquels il faudra bien trouver des solutions : prolifération des mégalopoles, besoins énergétiques gargantuesques, systèmes de transport ultra-saturés, approvisionnement en eau compromis, production de déchets hors de tout contrôle, etc etc…

Et surtout l’angoissante question : « Comment va-t-on faire pour nourrir tous ces humains ? »

Certes, en qui concerne la production alimentaire, il y a certainement des pistes à explorer afin de réduire un gaspillage inutile de ressources. Mais ne tournons pas autour du pot, d’une manière ou d’une autre, il faudra produire plus, beaucoup beaucoup plus. Au cours des 40 prochaines années, il est prévu que la demande alimentaire augmente de plus de 70% ! Toutefois, le défi n’est pas autant insurmontable qu’il y paraît, car si la plupart des pays avaient le même niveau de rendement agricole que la France, il n’y aurait pas le moindre souci à se faire.

Et quant à ceux qui se soucient de la protection de l’environnement, qu’ils soient rassurés, car selon l’ONU rien qu’avec l’agro-écologie, on pourrait doubler la production mondiale en moins de 10 ans ! Ceci dit, cela nécessiterait des investissements conséquents…

Mais il y a aussi d’autres voies à explorer ! Comme l’augmentation des capacités naturelles des plantes par la science. Par exemple : améliorer la photosynthèse ou augmenter la fertilité des sols. En France, ce sont surtout l’INRA, le CEMAGREF, et le CIRAD, trois organismes publics distincts, qui travaillent sur ces sujets. Du côté de la recherche privée en revanche, mieux vaut franchir la frontière, et aller voir ce qui se passe aux Pays-Bas, avec la société PlantLab.


Comme vous pouvez le voir avec les photos disponibles sur leur site, la conception de l’agriculture de cette entreprise n’a strictement rien de commun avec ce qui a été fait depuis 10 000 ans…

Pour commencer, les champs ne sont plus situés à l’air libre, mais à l’intérieur de vastes bâtiments où l’environnement est entièrement contrôlé par une multitude de capteurs. Et ce, dans le but de créer l’environnement « parfait » pour chaque type de culture. Les plantes ne poussent pas grâce à la lumière du soleil, mais grâce à des LED rouges et bleues. Chaque plante recevant le spectre lumineux qui lui convient le mieux. Idem pour l’eau, les sels minéraux, la température et le C02. En combinant tous ces facteurs, ils sont parvenus à multiplier par 2 l’activité de photosynthèse des plantes. En résumé, elles poussent 2 fois plus vite en consommant moins de ressources naturelles.

Quant à l’eau, leurs fermes en consomment 90% de moins ! Et oui ! Comme l’environnement est clos, ils peuvent recycler indéfiniment l’eau évaporée pendant le processus. Et ils n’ont pas besoin d’utiliser de pesticides, puisqu’il n’y a pas de ravageurs pour détruire les plantations. Aussi, les fermes PlantLab peuvent être construites n’importe où dans le monde, dans les déserts pourquoi pas. L’entreprise, qui va bientôt passer à la production industrielle de son système, promet de tripler le rendement des plantes par rapport au niveau de productivité occidental, rien que ça.

Sauf qu’évidemment, il y a un hic : le prix des ampoules LED qui rend le processus non viable sur le plan économique pour le moment. Mais, comme le coût de production et l’efficacité énergétique des ampoules LED suit la loi de Moore, ils pensent que leur système pourrait devenir rentable d’ici quelques années. La prouesse technologique deviendra alors un succès commercial.

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  • C’est excellent, juste une petite correction sur la surpopulation :
    On est presque 7 milliards, 200 000 a peu près qui naissent chaque jour. Si personne ne meurt dès aujourd’hui, 200 000 * 365 * 90 ans, ca fait moins de 7 milliards, donc dans ce schéma utopique on ne serait même pas 14 milliards en 2100. Aucune crainte à avoir, on ne sera pas 20 ou 30 milliards de sitôt.

  • C’est quand même con de se passer de la lumière naturelle et de la remplacer par une source artificielle infiniment plus chère, pour ne gagner qu’un petit x 2 sur le rendement, c’est à dire pas grand chose. Il faut énormément d’énergie aux plantes, des centaines de kWh de soleil par m² et par an, à 10 centimes le kWh faites le calcul de ce que ça va vous couter de produire comme ça…

  • Excellent nouvelle cet article !

    Quant au coût de la lumière, même si c’est hors de prix maintenant, ça deviendra raisonnable dans l’avenir proche… ok, on a l’énergie du Soleil gratuite mais dans ces erres, on peut tripler le taux de CO2 à 1000 ppm par rapport à nos 380 atmosphériques et donc, avoir une croissance très fortement augmentée…

    Le but, c’est de produire PLUS… car la population risque d’augmenter fortement… le facteur limitant, c’est la surface agricole et donc, faut augmenter les rendements… on se fou d’où vient la lumière…..

    • On peut faire des serres avec environnement contrôlé (pas de ravageurs, CO2 et autres nutriments augmentés, etc.) sans DEL, tu sais … La lumière est rarement le facteur limitant de la croissance des plantes

  • Effectivement, les serres pour cultiver les légumes à (très) grande échelle, sans sol et sans pesticides existent déjà depuis longtemps, pas besoin d’attendre le futur, cf par ex. pour la laitue http://www.youtube.com/watch?v=Wmq9SPPgUpc

    Quant à l’histoire des LEDs, il faut arrêter de raconter des… salades, les LEDs n’ont jamais suivi la loi de Moore en terme de prix et de rendement énergétique. Quand bien même, si on devait éclairer (quand j’étais en mission en Sibérie, à l’époque de l’URSS où les notions d’avantage compétitif et d’économie d’énergie leur passaient par dessus la tête, il y avait effectivement des serres éclairées pour produire des légumes en plein hiver) on a besoin aussi de chaleur donc pas besoin de LEDs.

  • Si je puis me permettre, le concept d’agro écologie de l’ONU est fumeux: on double les rendements… en partant de presque rien, quel exploit.
    http://www.agriculture-environnement.fr/spip.php?article752

  • Par contre, les energies renouvelables ne sont pas soumises a la loi de Moore…
    Marrant quand même.

  • Je vois des hordes d’affamés prédateurs s’abattre comme des sauterelles sur les contrées où il reste encore quelque chose à becqueter, et des labos plancher sur des rations de survie compactes (protéines, glucides, lipides, fibres, vitamines, sels minéraux et oligoéléments : tout cela s’obtient par la chimie). Et dedans un contraceptif.
    Il n’y a pas d’autre solution.

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