La popularité d’Obama dégringole. Les Américains en ont assez que la Maison Blanche fasse copain-copain avec les banquiers de Wall Street.
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec
La popularité d’Obama dégringole. Seulement 39 % des Américains jugent que M. « espoir et changement » fait du bon travail.
On peut difficilement blâmer Obama pour le bordel économique qui règne aux États-Unis. Mais ce qui déchaine la colère d’une partie des Américains, c’est aussi la relation un peu trop copain-copain que l’administration Obama entretient avec les banquiers de Wall Street.
En plus des centaines de milliards versés aux banques, cette administration a presque officialisé la politique too big to fail, qui garantit aux banques que l’État les sauvera en cas de nouvelle gaffe. En 2009, elle a changé les règles comptables pour permettre aux banques de maquiller leurs états financiers, en surévaluant leurs actifs. Et en ce moment, l’administration Obama donne à peine une tape sur les doigts des banques, qui ont pourtant saisi des milliers de maisons illégalement dans le scandale du « foreclosuregate ».
Pour le spectacle, Obama a prononcé quelques beaux discours anti-Wall Street depuis trois ans. Mais comme l’écrit Paul Krugman du New York Times, la politique économique de Washington — autant sous Bush que sous Obama — se résume ainsi : soyez gentils avec les banquiers (go easy on the bankers).
Les amis d’Obama
Cela ne devrait surprendre personne. Pendant la campagne présidentielle, Obama a reçu beaucoup plus d’argent des grandes entreprises — et des banques — que son adversaire républicain John McCain. La banque Goldman Sachs a versé à Obama quatre fois plus d’argent qu’à McCain. Près d’un million $ contre 230 095 $. Neuf des dix industries ayant le plus donné aux politiciens pendant la campagne ont versé plus à Obama qu’à tout autre candidat. Incluants banques et promoteurs immobiliers.
Même les grandes pétrolières ont misé sur Obama. Exxon Mobil lui a donné autant que ce qu’elle a donné à George W. Bush en 2000 et 2004… combinés! (On peut vérifier ces chiffres sur le site non partisan  www.opensecrets.org, et dans le livre Obamanomics, du journaliste d’enquête Tim Carney.)
Une fois au pouvoir, Obama s’est entouré d’anciens lobbyistes, certains provenant de Goldman Sachs. Qui est conseiller économique d’Obama? Larry Summers, principal artisan de l’abrogation de la loi Glass-Steagal en 1999. Loi qui séparait les activités de dépôt et les activités de « casino » des banques. Une déréglementation qui a amplifié la crise économique.
Dans son livre Bought and Paid For, le journaliste Charles Gasparino raconte qu’Obama s’est fait, lui et son équipe, manipulés par Wall Street. Président inexpérimenté – surtout en économie –, Obama demandait conseil auprès de Jamie Dimon, de la banque JP Morgan. Et dans une moindre mesure, auprès de Loyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs.
Un caniche édenté
Cela explique en partie pourquoi Obama a accouché d’une réforme bancaire qui mord Wall Street avec la force d’un caniche édenté. Surtout après que les banquiers et leurs lobbyistes auront passé au travers, et affaibli les mesures qui leur déplaisent.
Je ne suis pas de ceux qui croient qu’Obama est de mauvaise foi, ou qu’il poursuit un « agenda socialiste ». C’est juste un politicien. Qui doit se plier aux mêmes règles que les autres pour accéder au pouvoir, et y demeurer.
Pourquoi les gens sont-ils déçus d’Obama? Après tout, se coucher devant Wall Street est un péché bipartisan, rappelle Gasparino. Les républicains et George W. Bush l’ont fait aussi. La différence, c’est que Bush ne s’est jamais proclamé le président du changement, souligne l’auteur. Ni le leader qui allait mettre au pas les cupides de Wall Street. Cette distinction revient à Obama seul. Et il en paye le prix aujourd’hui.
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Sur le web
Je suis d’accord sur le fond du discours, c’est-à -dire sur le fait qu’Obama est bel et bien financé par Wall street et que ses beaux discours sont agaçants.
Mais pour le reste on croirait rêver, cet article aurait pu certainement paraitre dans Libération.
« On peut difficilement blâmer Obama pour le bordel économique qui règne aux États-Unis »
Ah bon? Vous plaisantez j’espère. Les plans de relance ruineux pour les comptes publics, la hausse du SMIC, l’Obamacare n’y sont rien dans les problèmes que rencontre l’Amérique?
« Et en ce moment, l’administration Obama donne à peine une tape sur les doigts des banques, qui ont pourtant saisi des milliers de maisons illégalement dans le scandale du « foreclosuregate ». »
Ce n’est pas le travail d’Obama, c’est celui de la justice, ne confondons pas les rôles. En revanche il pourrait il est vrai ammener plus de transparence dans les comptes et les produits bancaires.
« l’abrogation de la loi Glass-Steagal en 1999. Loi qui séparait les activités de dépôt et les activités de « casino » des banques. Une déréglementation qui a amplifié la crise économique »
Encore cette salade sur la séparation banque de dépot et banque d’affaires. Lehman Brothers ne faisait pas les deux, bien d’autres encore. Ca n’a eu aucune incidence sur la crise économique, merci de mettre en valeur la réglementation ca fait bien avancer le libéralisme et la connaissance économique.
« Je ne suis pas de ceux qui croient qu’Obama est de mauvaise foi, ou qu’il poursuit un « agenda socialiste ». C’est juste un politicien »
Ben non c’est un agenda libertarien bien évidemment…
Sa volonté d’augmenter les impôts des plus riches de manière démagogique et l’Obamacare prouvent le contraire, il a bien un agenda « socialiste ».
« Loi qui séparait les activités de dépôt et les activités de « casino » des banques. Une déréglementation qui a amplifié la crise économique. »
C’est hallucinant de voir de tels sophismes démogogiques sur un article publié sur un webzine libéral! On croirait entendre un argument d’Arnaud Montebourg!!
Effectivement…
Oui, en effet, qu’est-ce qu’il fout là cet article? C’est pas parce qu’il ya « too big to fail » dedans que c’est libéral. Quant au « fait » qu’obama n’y soit pour rien dans le bordel économique américain, c’est une bonne blague!
Entre les relances keynesiennes en pleine crise de la dette et la démagogie socialo à deux balles, c’est le pire tocard depuis Carter!
Allons. David Descoteaux est un chroniqueur régulièrement repris par Contrepoints et il est bel et bien plus libéral que la majeur partie des médias québécois. Contrepoints expose aussi des avis larges, et parfois un peu hétérodoxes. On peut en débattre.
David Descoteaux est tellement libéral qu’il prend des libertés avec les faits.