La Grèce fera défaut quelque part entre décembre 2011 et septembre 2012 et ne sera probablement pas sortie d’affaire dans les dix ans à venir. Explications.
Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse
Depuis deux jours, en début de semaine, les bourses remontent. Ce mouvement totalement irrationnel n’est pas sans évoquer un chômeur en fin de droit quasiment expulsé de son domicile mais qui s’offre un repas de roi avec ses dernières économies, histoire de « garder le moral ». Mais si la méthode Coué n’implique pas la consommation d’alcool, elle n’évitera pas une bonne gueule de bois.
C’est comme si la finance avait clairement opté pour le déni. Jugez plutôt à quel point tout va bien. En Italie, les taux bondissent.
Le Trésor italien a émis mardi 14,5 milliards d’euros d’obligations à court terme, dont les taux d’intérêt ont bondi à des niveaux records, signe de la méfiance des investisseurs.
Cette émission était le premier test pour l’Italie sur le marché obligataire depuis l’abaissement de sa note souveraine en début de semaine dernière par l’agence Standard and Poor’s, ce qui a attisé les craintes d’une contagion de la crise de la dette à la troisième économie de la zone euro.
Dans le détail, le Trésor a émis 8 milliards d’euros de bons du Trésor à six mois, 3,5 milliards de certificats du Trésor zéro-coupon à deux ans et 3 milliards de bons à trois mois, soit le montant maximum prévu. Mais signe de la méfiance des investisseurs, les taux d’intérêt de ces titres ont bondi à des niveaux records.
Les taux des obligations à six mois se sont notamment envolés à 3,071% contre 2,14% lors de la dernière opération similaire le 26 août et ceux des titres zéro coupon à deux ans à 4,511% contre 3,408%.
Malgré l’adoption le 14 septembre d’un plan de rigueur draconien (sic) devant permettre au pays de parvenir à l’équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale (120% du PIB), l’Italie ne parvient pas à rassurer les marchés.
L’Italie ne parvient pas à rassurer malgré un plan « draconien » – je sens qu’au vu de ce qui nous attend dans la zone euro, le vocabulaire emphatique va rapidement faire défaut, lui aussi. Des emprunts à six mois, à trois mois… On est en pleine cavalerie.
L’Espagne de Zapatero est passée au stade suivant, les coupures de courant:
Plusieurs installations de la ville d’Albacete, dans le centre de l’Espagne, se sont retrouvées plongées dans le noir après une coupure d’électricité du fournisseur pour des factures impayées, ont indiqué mercredi la mairie et la compagnie d’électricité Iberdrola.
L’électricité a été coupée mardi dans une piscine où de nombreux nageurs se trouvaient dans les bassins, dans une bibliotèque et dans un gymnase, a expliqué la directrice de cabinet de la mairie, Irene Soriano.
Albacete, une ville de 175.000 habitants [tout de même!], cumule une dette de plus d’un million d’euros vis-à-vis d’Iberdrola, le géant espagnol de l’électricité, pour des factures qui remontent jusqu’à 2009.
Ce sont les premières coupures que nous avons eues mais nous en redoutons d’autres, a ajouté Irene Soriano, soulignant que la compagnie avait prévenu de la coupure d’électricité dans quatre services non essentiels de la ville.
Ce sont eux qui ont déterminé les services non essentiels, nous ne leur avons pas dit « coupez ici ou ici », a-t-elle affirmé, ajoutant que la maire de la ville, Carmen Bayod, avait obtenu en dernière minute qu’une crèche ne soit pas incluse dans la liste.
Une porte-parole d’Iberdrola a confirmé les coupures d’électricité, se refusant à tout commentaire par respect pour la vie privée des clients. La compagnie a toutefois assuré, dans un communiqué, qu’en aucun cas, elle ne procédait à des coupures sans prévenir les abonnés, qui reçoivent jusqu’à une demi-douzaine de lettres les avertissant des conséquences en cas d’impayés.
Albacete cumule une dette de plus de 15 millions d’euros avec d’autres fournisseurs et nous négocions avec tous, a assuré Irene Soriano.
Depuis l’éclatement de la bulle immobilière qui a plongé l’Espagne dans la crise, les régions et les administrations locales ont accumulé des dettes colossales et se retrouvent dans l’impossibilité de payer certains services comme la santé, les pharmacies ou encore le nettoyage.
Dans la région de Castille-La Manche, très endettée, où se trouve Albacete, sept cliniques privées ont suspendu les avortements gratuits pour facture impayée par la région et les pharmacies ont menacé de fermer boutique pour obtenir les 113 millions dus par l’administration.
Vraiment, pour donner l’impression que tout va bien, on pouvait difficilement faire mieux. On notera aussi que c’est le fournisseur d’électricité qui a décidé quels services étaient « essentiels » ou pas, la municipalité vivant dans un tel déni qu’elle a laissé les nageurs rejoindre le bord du bassin dans l’obscurité. La classe.
Je mentionne ces pays ici non pour l’anecdote, mais parce qu’ils sont deux gros contributeurs au Fonds Européen de Stabilité Financière sensé venir au secours de la Grèce et d’eux-mêmes. J’ai retrouvé sur le Financial Times une clé de répartition du fonds:
11,9% pour l’Espagne et 17,9% pour l’Italie dans les 440 milliards d’euros de « garantie » du fonds qui essaye ces temps-ci de sauver tout le monde, la Grèce, les banques, ses propres contributeurs… On dirait une version financière des Aventures du Baron de Münchausen, où celui-ci se sauve de la noyade en se tirant par ses propres cheveux. Dans le monde réel, je doute que ça marche.
Et il va en falloir, de l’argent.
Sans compter que la Grèce est loin d’être tirée d’affaire. Si Georges Papandréou ne demande pas d’applaudissements, personne ne se fera prier: les chiffres grecs sont nettement dans le rouge, comme l’atteste le FMI, et bien pire que les prévisions antérieures. La situation se dégrade rapidement.
La dette publique est prévue à 189% du PIB en 2012 au lieu de 172% dans l’estimation de juin faite par le Fonds Monétaire International. Dix-sept points de PIB d’écart avec une estimation vieille de trois mois! Le FMI estime aussi que la Grèce aura une croissance négative de 5% cette année et 2% l’an prochain, alors qu’avant l’été il envisageait encore un retour à la croissance pour 2012. Le désendettement de la Grèce est repoussé aux calendes du même nom. En attendant, les Grecs seraient bien inspirés d’aller se faire soigner à l’étranger.
Reste la sempiternelle question – quand la Grèce fera-t-elle défaut?
Le marché, qui y joue ses économies, semble avoir sa petite idée. Pour la deviner, jetons un coup d’œil au taux d’intérêt grec à un an:
Taux d’intérêt grecs à un an: 135%
135%. Les taux à deux ans sont à 70%, ceux à 5 ans sont à 28% et ceux à 10 ans à 23%. Tout ceci est totalement impraticable pour un recours au marché. En plus, les emprunts à court terme souffrent d’un taux d’intérêt plus élevé que ceux à long terme… Étrange, n’est-ce pas?
Le mystère n’est pas si compliqué. Un taux d’intérêt combine deux ingrédients:
- le loyer de l’argent, c’est-à-dire la rémunération du prêteur qui se prive de son bien (ici de l’argent) pour le mettre à disposition;
- la prime de risque, représentant une provision pour couvrir le risque que le prêteur ne revoie pas son bien, ou pas en intégralité. C’est une sorte de caution.
Les banques baignent dans les liquidités fraîchement imprimées et les taux d’intérêt sont au plancher. La première facteur, le loyer de l’argent, est quasiment nul. C’est le risque d’un défaut qui détermine dans une proportion écrasante les taux proposés à la Grèce.
Les emprunts d’État sont versés à maturation, c’est-à-dire lorsqu’ils arrivent à échéance. En souscrivant 100 euros à un emprunt d’État à 6% sur cinq ans, l’État en question s’engage à vous verser 106 euros au bout de cinq ans, rien entre-temps. Du coup, un emprunt grec à 30 ans pourrait être payé (relativement) peu cher: les souscripteurs pouvant estimer que d’ici là, la Grèce se sera dépêtrée de ses problèmes financiers. Un emprunt à court terme, lui, pourrait être plus dangereux, arrivant à maturation au beau milieu de la crise, lorsque la Grèce annonce piteusement qu’elle n’a plus les moyens de rembourser les créanciers qui toquent à sa porte.
Paradoxalement, ce n’est pas parce qu’on prête pour moins longtemps qu’on est plus en sécurité.
Voilà le mystère du taux dégressif expliqué. En ayant des taux à un an plus haut que ceux à deux, cinq ou dix ans, le marché estime simplement qu’aujourd’hui, la cessation de paiement est plus proche d’un an que de deux, cinq ou dix. Il n’en a pas toujours été ainsi, comme nous allons voir.
Encore un indice. La Grèce vient d’emprunter fièrement à trois mois. Les médias claironnent que la Grèce a réussi à lever 1.625 milliards d’euros à un taux stable de 4.56% – un taux du même ordre de grandeur que l’Allemagne à dix ans… Malgré tout, le taux de 4.56% à trois mois est incroyablement faible par rapport au taux de 135% pour un an.
Là encore, si le marché a prêté à la Grèce à si bon compte, c’est parce qu’il estime que la Grèce ne fera pas faillite d’ici Noël. La Troïka (Représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI chargés de surveiller les finances publiques grecques) s’est réunie cette semaine. On connaît la chanson. Maugréant et renouvelant sa confiance en même temps, elle déliera encore une fois les cordons de la bourse, mettant la Grèce à l’abri de la cessation de paiement pour trois mois. La Grèce n’a plus d’emprunts arrivant à maturation d’ici décembre, il s’agit seulement de régler les dépenses courantes.
Mais à la fin de l’année, le dossier grec reviendra encore sur la table. En décembre surviendront des remboursements d’emprunts (dont le milliard et demi d’euros brillamment contracté ces jours) et le ralentissement économique sera difficile à cacher. Les retard et les gains misérables du programme de privatisation seront indiscutables. Personne ne sait quelle sera la température de la rue à Athènes.
La Troïka ressortira-t-elle encore son chéquier? Et si oui, combien de fois encore? Après 2011 il y a 2012, et 2013, 2014… Sans qu’on sache jamais quand la Grèce parviendra enfin à dégager des excédents budgétaires. Personne n’y croit vraiment.
Le marché estime que la Grèce fera défaut quelque part entre décembre 2011 et septembre 2012. Je l’affirme à l’aide de ce graphique concocté à partir des données de Bloomberg:
Variation des taux d’intérêt des emprunts grecs à différentes échéances de maturité
(cliquez pour agrandir)
Les choses étaient à peu près stables jusqu’à la mi-juillet – même si les taux étaient trop élevés pour que la Grèce ne lève des fonds sur le marché – mais la zone de danger était estimée à 1-2 ans, comme en témoignaient des taux à court terme plus élevés que ceux à long terme. Vers fin août, les choses se précisent: le taux à un an s’envole, dépassant le taux à deux ans. Le marché estime que la probabilité d’un défaut de paiement grec à un an est bien plus grande qu’à deux. Et la hausse rapide et générale des taux d’intérêt à toutes les échéances indique que le danger se concrétise.
Dernier enseignement du graphique, les taux à 5 et 10 ans restent très élevés: le marché estime que la Grèce ne sera probablement pas sortie d’affaire dans les dix ans à venir. La crise qui emportera la social-démocratie grecque ne sera pas qu’une petite parenthèse de gestion.
Les traders font la fête en ce début de semaine. Ils ont bien raison, c’est sans doute une de leurs dernières occasions. L’automne et l’hiver promettent d’être rudes.
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Sur le web
Bonjour,
J’ai une position radicalement inverse à votre analyse, que je crois fortement influencé, au contraire, par les short sellers structurels de marché qui misent honteusement sur le défaut grec, en alimentant une panique totalement infondée. http://forum-scpo.com/magazine-etudiant/2011/09/dans-le-collimateur-des-marches-la-grece-prend-de-nouvelles-mesures-taxe-sur-la-propriete-immobiliere-et-baisse-des-salaires-des-elus-qui-sajoutent-a-de-nombreux-plans-de-sauvetage-un-transfert/
D’un point de vue technique, vous utilisez un chiffre qui ne veut pas dire grand chose, à savoir la prime de risque sur des taux courts virtuels qui dépendent entièrement de facteurs psychologiques.
Comme vous le constatez vous même, la Grèce est encore et toujours capable d’emprunter à des taux tout à fait acceptables.
Mon analyse est que si certes, le niveau de la dette grecque est élevée (et que donc la Grèce doit se réformer), le FESF et la Banque centrale sont tout à fait capable de faire face aux besoins, de même qu’en dernier ressort, les banques sont capables de faire face à leurs provisionnements (et même aux provisionnements de l’IASB en mode IFRS). Dès lors, il n’y aura ni prolème de liquidité, ni de solvabilité.
Il est entendu que la Grèce doit réduire son déficit, mais le fait est que son peuple fait déjà d’immenses efforts pour parvenir à satisfaire cet appétit sacrificiel des marchés.
La Grèce de son côté devrait fiscaliser les armateurs et l’Eglise, et réduire fortement ses dépenses militaires. Et sur ce point il est vrai qu’il y a encore des pistes de mesures fortes.
Mais outre ce problème de défaut de recouvrement de recettes par l’Etat (qui ne devrait pas manquer de ravir les contributeurs de ce site qui se présente comme « libéral »), l’autre problème de la Grèce est l’absence d’une politique forte de relance au niveau européen, qui passe par des mesures de grands travaux et de grands projets de recherche à l’échelle européenne au moyen d’un emprunt souverain des institutions européennes (actuellement non endettées) qui serait tourné vers une myriade de projets. Car on peut continuer à demander à la Grèce de poursuivre la spirale déflationnistes et récessionniste qui la caractérise par toujours plus de mesures de rigueur, on ne produira pas la croissance nécessaire pour atteindre les objectifs budgétaires. Il faut une stratégie à plusieurs niveaux où d’un côté, le FESF et la BCE jouent les pompiers éventuels sur le front de la dette elle-même, et d’un autre côté une relance budgétaire européenne, tournée vers l’économie réelle (paramètre que vous semblez oublier dans votre raisonnement).
http://forum-scpo.com/magazine-etudiant/2011/09/quantitative-easing-et-relance-budgetaire-europeenne-au-moyen-dun-grand-emprunt-ce-que-les-citoyens-et-les-marches-attendent-des-dirigeants-euroepeens-actuellement-incapables-detre-a-la-hauteur/
Mais en agitant comme vous le faites la menace du défaut, qu’utilisent tous les traders anglo-saxons pour massacrer les valorisations européennes (traders que vous critiquez par ailleurs dans votre article), en oubliant que les traders profitent souvent de la baisse des marchés au travers du short selling, vous participez de ce mouvement auto-réalisateur psychologique et fondé sur de nombreuses fausses informations que certains dans tel ou tel fond anglo saxon ont monté en épingle pour discréditer les valeurs européennes, et surtout favoriser leur position vendeuse.
http://forum-scpo.com/forum-scpo/post497576.html#p497576
En bref, je pense que la Grèce ne fera pas défaut. Rendez-vous dans un an pour voir qui avait raison 😉
http://forum-scpo.com/magazine-etudiant/2011/09/5eme-krack-a-la-suite-leurope-doit-tenir-bon/
Bien cordialement,
A Greg
Vous écrivez que :
» les short sellers structurels de marché qui misent honteusement sur le défaut grec, »
Le short selling est tout simplement l’opération inverse de l’opération classique de achat suivi de vente. Donc, comme dans toute opération de marché, il y a un acheteur et un vendeur : si je fais un short selling aujourd’hui sur des actions, il y a forcément quelqu’un qui les achète. La personne (physique ou morale) qui les achète a certainement un intérêt à faire cette opération d’achat sinon elle ne la ferait pas.
Donc, s’il y a des short sellers qui misent sur le défaut grec – comme vous le dites – il y a d’autres qui achètent et qui estiment donc faire une bonne affaire.
Je crois que le problème n’est pas les short sellers – qui apportent de la liquidité et limitent la volatilité des marchés – mais le fait que la Grèce est dans une situation très compliquée et que les opérateurs de marché attendent des actes concrets des gouvernements et pas des discours lénifiants.
A propos des raisons de la situation grecque actuelle, je vous conseille de lire :
http://www.lecri.fr/2011/09/21/10-indices-pour-comprendre-comment-la-grece-en-est-arrivee-la/25528
Je sais bien ce qu’est le short selling, mais je relève les défauts intrinsèques de cette technique financière, lorsqu’elle se combine non seulement à de fausses informations, mais aussi avec des puissances financières très importantes capables d’agir par ce biais sur les cours des entreprises. Il faut également mettre le short selling en relation avec le « high frequency trading » (algorithmes de trading automatisé) qui amplifient terriblement les mouvements à la hausse et à la baisse.
Au contraire de ce que vous dites, le short selling augmente fortement la volatilité des cours. Sans parler des risques qu’ils impliquent en terme de levier, puisque ce qu’engage effectivement un trader au cours d’une opération de short selling, c’est le fee (le coût d’emprunt des titres qu’il va vendre à découvert), et non le principal (le prix des titres) contrairement à une position longue d’achat et de vente classique de titres. Les traders se servent de cet aspect dans des marchés qui deviennent structurellement baissiers et prennent des risques beaucoup plus important que dans les opération classiques d’achat et de vente.
Dernier problème, le short selling est une technique considérée par le système financier et par la théorie financière comme « banale », et « normale », alors qu’elle présentent non seulement pour les épargnants avec l’argent desquels on conduit ces opération, mais aussi pour l’économie réelle toute entière (de par les externalités négatives qu’incluent indéniablement la finance exotique contemporaine), des risques considérables.
Votre analyse (et celle de cet article) écarte un peu vite les aspects techniques internes aux marchés financiers, et se compllait dans une vision lointaine des choses concrètes, ce qui ne l’empêche pas d’être sur d’elle-même.
Je suis d’accord avec votre dernier point sur le manque d’action des Etats européens, mais reste qu’ils sont parvenus non seulement à mettre en place le plan d’aide au travers du FESF provisionné à hauteur de 450 Md€, mais aussi de modifier progressivement sa politique monétaire indépendante ce qui n’est pas peu de choses.
Les banques de leurs côté ont largement « sécurisée » leur stratégie depuis la crise de 2009, et elles sont dans une situation beaucoup plus garantie et certaine qu’il y a 3 ans. Il y a eu Bâle III et ce sont surtout les Etats-Unis qui refusent Bâle III, etats-Unis qui feraient bien de balayer devant leur porte, avec une dette bien plus élevée que les dettes cumulées des européens, refusent toute réforme d’une finance que d’aucuns pensent de plus en plus qu’ils s’en servent comme arme de guerre économique, et sont au final moins capables que nous de mettre en place leur plan de 447 Md$ (1/3 de moins que le FESF).
Reste qu’il est indéniable qu’il y a en Europe un manque de leadership, et des desaccords entre Etats, particulièrement le couple franco-allemand. Je crois surtout que nous manquons de vision, et qu’au final, ce n’est qu’en nous rassemblant et en définissant une stratégie prospective complète sur l’Union européenne, des Institutions aux secteurs, que nous opposerons à des marchés automatisés qui misent sur notre perte un cap et une certitude de soi qui mettra en déroute tous les short sellers et autres diffuseurs de fausses informations de marché.
A Greg
Je peux admettre que vous soyez opposé à l’existence d’opérations de short selling pour des raisons idéologiques et c’est votre droit. Je ne rentrerai donc pas dans le terrain idéologique – subjectif par nature – mais j’essayerai simplement de relever les affirmations fausses que vous faites. Je travaille sur les marchés financiers depuis 25 ans et mon expérience me permet de connaitre un peu (pas tout bien sûr) les mécanismes de fonctionnement de ces marchés.
– » … des puissances financières très importantes capables d’agir par ce biais sur les cours des entreprises … »
Il y a quotidiennement des millions d’intervenants (de toutes tailles) sur les marchés financiers et chacun essaye d’optimiser ses résultats ; c’est l’offre et la demande à chaque instant qui déterminent le prix de marché et pas une « puissance financière ». En plus, dans chaque opération il y a toujours deux types d’intervenants, des acheteurs et des vendeurs, qui prennent leurs décisions librement dans le but d’optimiser leur profit. Sauf dans le cas des valeurs mobilières très peu liquides, aucun intervenant a la capacité d’influencer durablement sur les prix.
– » Il faut également mettre le short selling en relation avec le « high frequency trading »… qui amplifient terriblement les mouvements à la hausse et à la baisse. »
Le high frequency trading s’applique aussi bin au short selling que aux operations « long ». Le high frequency trading n’est possible que sur les marchés très liquides et il réduit la volatilité dans la mesure où la réaction du marché aux informations (vraies ou fausses peu importe) est beaucoup plus rapide que lorsqu’il n’avait qu’une cotation par jour. Les opérateurs qui utilisent le high frequency trading ont des objectifs de gain plus faibles que ceux qui opèrent sur le long terme et passent rapidement de vendeur à acheteur et vice-versa.
– » …le short selling augmente fortement la volatilité des cours… »
C’est une affirmation sans fondement réel, il suffit de regarder les marchés fonctionner quotidiennement.
– » Sans parler des risques qu’ils impliquent en terme de levier, puisque ce qu’engage effectivement un trader au cours d’une opération de short selling, c’est le fee (le coût d’emprunt des titres qu’il va vendre à découvert), et non le principal (le prix des titres) contrairement à une position longue d’achat et de vente classique de titres. »
Le risque de l’effet de levier est identique lors d’une opération long ou short : si vous êtes long et si vous utilisez un fort effet de levier, vous risquez un pourcentage très important de votre capital ; si vous êtes short avec effet de levier aussi important, le risque est exactement le même et si la perte éventuelle est égale à votre marge disponible votre opération est automatiquement clôturée.
– » le short selling … présente non seulement pour les épargnants avec l’argent desquels on conduit ces opération, mais aussi pour l’économie réelle toute entière (de par les externalités négatives qu’incluent indéniablement la finance exotique contemporaine), des risques considérables. »
Chaque épargnant est libre de confier son argent aux gestionnaires qu’il veut bien. Si l’épargnant ne veut pas de risque, il confie son argent à la Caisse d’Epargne ; s’il veut avoir la possibilité de gagner un peu plus, la contrepartie c’est le risque accru de l’opération, mais le monde fonctionne comme ça depuis des millénaires.
Les « externalités négatives » et les « risques considérables » de « finance exotique contemporaine » est une affirmation de profession de foi et d’idéologie ; je m’abstiens donc de commenter au-delà de dire que toute activité humaine a des effets positifs et négatifs et l’analyse pragmatique des marchés financiers me fait conclure que le bilan est positif en termes d’activité économique et de création de richesse.
– » … des marchés automatisés qui misent sur notre perte un cap et une certitude de soi qui mettra en déroute tous les short sellers et autres diffuseurs de fausses informations de marché. »
Les marchés ne sont pas automatisés ; certains opérateurs enregistrent des ordres automatiques, mais le mode opératoire de ces ordres a été fixé par des humains et fonctionnent dans les deux directions (short-cover , buy-sell).
Les marchés ne misent pas sur la perte de personne : si un pays est en mauvaise situation (Grèce, Portugal, etc) et en voie de défaut de paiement, le risque des obligations émises par ce pays augmente ; ce n’est pas la faute des opérateurs de marché, mais des pays qui sont mal gérés. Les marchés sont froids et réalistes, contrairement à nos gouvernants qui jouent au Monopoly et entretient des clientèles avec l’argent du contribuable et ne sont jamais sanctionnés. Les opérateurs ne s’inquiètent pas de la situation de la Suisse, de la Suède ou de Apple, ils s’inquiètent de la situation des pays et des entreprises mal gérées.
Mélanger les short sellers et les diffuseurs de fausses informations n’a pas de sens. Il n’a pas des opérateurs short sellers et des opérateurs « long ». Chaque opérateur passe de long à short plusieurs fois par jour pour chaque actif.
Merci pour cet exposé, mais en conclure que « les marchés ont toujours raison », en ce moment, où ils ne reflètent ni la valeur des entreprises massacrées, et où la volatilité est des plus élevées depuis plus de 2 mois, c’est contraire à ce que la raison la plus fondamentale enseigne et démontre.
A Greg
Je suis d’accord avec vous lorsque vous écrivez que conclure que « les marchés ont toujours raison » est une idiotie. D’ailleurs, c’est un slogan utilisé par ceux qui ne connaissent pas le fonctionnement des marchés et qui se plaisent à s’écouter parler.
Pour la « valeur des entreprises massacrées », il faut regarder l’évolution sur le long terme et les différents marchés et secteurs d’activité :
– l’indice SP500 est aux niveaux moyens annuels de 1998, 2001, 2005 et 2008 ; il s’est valorisé 73% par rapport au minimum de 2009
– le CAC40 est certes à des valeurs très bas et proche des minimums de 2003 et 2009.
– A l’intérieur des indices, vous avez des entreprises comme Apple qui monte depuis plusieurs années parce que sa situation financière est bonne
– Au niveau des devises, vous avez la monnaie suisse ou la suédoise qui se valorisent face aux monnaies des Etats en difficulté (EUR, USD…).
Donc, sur le long terme, les prix des marchés financiers libres sont le reflet de la réalité économique. Sur le court terme, il y a beaucoup de bruit (« noise » en anglais) qui ne doit pas empêcher l’analyse froide et objective sur le long terme.
En ce qui concerne la volatilité des marchés, elle est forte depuis 2 mois, mais vous trouvez des situations similaires dans d’autres périodes : par exemple pour les bourses : avril-juin 2010 , juillet 2007 – avril 2008 , décembre 1999 – avril 2003, etc.
Si vous faites une analyse historique des cotations et des parités des monnaies, la volatilité actuelle n’a rien d’exceptionnel.
Cher Monsieur Pagifer,
Je suis heureux de discuter avec quelqu’un qui argumente de façon raisonnable, même si je récuse vos arguments :
D’abord, vous parlez de la Suisse, mais il s’avère que depuis que la Banque de Suisse a dit aux marchés « on bloque tout à 1,2€ parce que vous allez pas nous flinguer notre commerce extérieur avec vos conneries », la monnaie Suisse reste à ce niveau. Signe que justement, on peut tenir tête à un marché frappé par l’hybris.
Ensuite présenter Apple, qui est l’exception exceptionnelle (et pour cause, ils sont parvenus à incorporer dans l’outil le plus petit qui soit le plus de fonctionnalités – l’iPhone) comme un argument démontrant la fausseté de mon discours est assez humoristique, reconnaissez-le. Par cette réussite technologique réellement fabuleuse et au moins aussi structurante et déterminante que l’apparition non seulement des premiers ordinateurs mais aussi des premiers systèmes d’exploitation (tout en y intégrant en plus un ensemble indénombrable de fonctionnalités diverses et variées). Et au fond, c’est quasiment le seul titre des pays occidentaux à ne pas avoir été affecté ni par la crise de 2009, ni par celle-ci. Problème, ils ont tellement absorbé le marché à travers cette technologie structurante qu’ils sont les seuls (avec Google) à profiter des évolutions technologiques récentes. Voyez Nokia, RIM et autres anciens constructeurs de téléphonie. Voyez Kodak, aujourd’hui. Je ne suis pas en train de vous dire que « c’est mal », mais je vous dis qu’il n’y a pas lieu d’y voir un argument déterminant validant les techniques financières actuelles.
Par ailleurs, vous me citez l’indice S&P, alors que je suis justement en train de vous dire que les marchés financiers ciblent l’Europe à partir d’opérations qui sont largement orchestrée aux etats-Unis. La plupart des rumeurs qui ont alimenté les diverses journées noires de ces 9 dernières semaines. Ce « consensus » anti-européen, (qui n’est pas un « complot » jusqu’à preuve du contraire) sert à détourner l’attention des propres turpitudes américaines. Et je doute que ce soit Apple qui parvienne à sauver ce qu’il restera des décombres du Trésor américain le jour où la cavalerie bien plus dangereuse et énorme que cette pauvre dette grecque finira par sauter. On n’est heureusement pas encore dans cette configuration aujourd’hui, mais dans quelques années, lorsque la Chine commencera à modifier son attitude bienveillante à l’égard de notre ami l’Oncle Sam, je vous souhaite d’avoir bien provisionné ses pertes sur bon du Trésor américain.
De même, le jour où les Hedges Fund américain auront perdu en paris financiers les économies de leurs ex-futurs pensionnaires faute d’avoir suffisamment provisionné le besoin à l’horizon de sortie de ces même retraités héliotropophiles.
Puis vous nous dites, après ce raisonnement « éclaté » en exemples sensés incarner de concert un syllogisme impayable, que sur le long terme, les marchés « reflètent la réalité économique » et que « la volatilité actuelle n’a rien d’exceptionnelle ». On croit rêver. Le CAC 40 est à 3000, cela signifierait que l’économie française est à un niveau arriéré par rapport aux années 90. Quant à la volatilité actuelle, elle repose sur un nombre près de 1000 à 10000 fois plus de transactions qu’il y a à peine 15 ans, à cause justement des algorithme de trading. Cela signifie que dès lors que les robots prennent le dessus sur les marchés, ils poussent très rapidement dans un sens ou dans un autre un cours. Beaucoup plus certainement qu’il y a 10 ou 15 ans. D’où les mouvement très rapides de ces deux derniers mois.
J’ajoute par ailleurs à propos de ces robots traders que leur logique repose le plus souvent sur les analyses chartistes, donc totalement dé corrélées à la réalité économique justement, mais simplement aux mouvements boursiers alimentant les mouvements boursiers. Je conçois qu’en tant que professionnel du secteur vous refusiez de considérer cette réalité là. Elle détermine pourtant une bonne partie de votre activité quotidienne. Il y aurait long à dire sur ces analyses chartistes qui sont une sorte de bonneteau basé sur la mise des joueurs. Pseudo-scientifique, mais qualifiée de « technique », ces analyses se fondent sur des rapprochements de moyennes et de mise en relation de diverses variables en fonction des positions des cours à divers temps t. Rapport assez faible avec la réalité économique, les bilans des entreprise, la réalité des affaires « sur le terrain ». Vous êtes au fond, les spéculateurs, dans une bulle faite d’une doxa mathématique pseudo-scientifique qui sert d’abord et avant tout à berner les boeufs et à attirer des clients fortunés qui n’y comprennent rien mais veulent gagner du fric avec vous ! La cupidité spéculative alimentant la cupidité spéculative.
J’ai un compte titre, figurez vous et je garde toujours un oeil sur l’actualité financière au quotidien, d’abord et avant tout dans une optique « auto-pédagogique ». Et j’avoue que c’est passionnant et je comprends l’excitation qu’il y a à travailler ainsi. Mais vous devez considérez les externalités négatives intrinsèques aux systèmes financiers tels qu’ils ont évolué depuis une décennie, avec ses nombreux produits exotiques, qui les apparentent à de véritables casinos, avec ce robot-trading qui amplifie la dichotomie entre la sphère financière et la sphère marchande, avec sa concentrations financière au sein d’immenses banques d’affaires (et de dépôt – cf. l’histoire du Glass-Steagall Act) qui ont un véritable pouvoir d’influence sur le marché et qui ont une influence sur des milliers si ce n’est des millions d’entreprises. J’en oublie surement et je pourrais approfondir longuement chacun de ces points.
Bref, le jour où vous aurez cessé de confier l’avenir économique du monde à des algorithmes de trading et à des traders pariant avec les économies des clients, alors « tu seras un homme mon fils ». Rien de personnel là-dedans, mais en gros, vos discours qui évoque une sorte de « lobbyisme corporatistes » ne sont plus à la hauteur de la situation, tout simplement parce qu’ils ne peuvent plus l’être au regard de l’horreur financière telle qu’elle se profile aujourd’hui, et qui impliquera que l’on encadre et régule comment dire « fermement » ce système virtuel et robotisé qui menace la pérennité même du système économique et de nos sociétés.
relance ?
Vous avez une mémoire de poisson rouge ou quoi ?
Il n’y a pas un seul, je répète, pas un seul, exemple de politique de relance réussi depuis que le concept a été inventé.
En particulier et sans surprise la grande relance Obama est un fiasco intégral. D’habitude aux USA la reprise survient en moins de 2 ans après la chute, et là ça fait plus de 4 ans que ça merdoit. Merci qui ? merci relance, merci Obama…
Fiscaliser l’Église grecque ? Certainement. Mais faut pas rêver : ça rapportera peanuts.
Fiscaliser les armateurs ? LOL. Ils vivent en Grèce, mais leurs capitaux, et leurs revenus sont … ailleurs.
N’importe quoi.
Le plan de relance a permis un rebond économique entre mars 2009 et août 2011. Croire que c’est en alimentant une spirale dépressive que l’on améliorera les choses est complètement stupide. L’Etat doit jouer son rôle de locomotive et favoriser les initiatives, la recherche, au travers d’un pilotage des infrastructures. Il ne doit pas être seul, certes, mais le faire démissionner de son rôle ne peut que favoriser l’aggravation des crises et le maintien en état de sous ou mal-développement. Les fonds structurels par exemple ont permis une formidable modernisation des pays périphériques.
C’est au contraire le trop plein de crédits qui ont causées les pertes, et il faut aussi rappeler que la crise actuelle des Etats périphérique est lié à la crise des subprimes, elle même non seulement créée et favorisée par les banques d’affaires américaines (que ce soit en contractant les prêts pourris, en les titrisant, et au moment de la crise en laissant tomber Lehmann au cours de réunions bien connues où Paulson ex de la Goldman Sachs a pu ainsi se débarrasser d’un concurrent très important, et enfin en industrialisant les expulsions de petits emprunteurs ce qui ne pouvait que créer une situation de crise terrible) mais ayant contraint les Etats à renflouer ce même système bancaire et financier, aboutissant à la situation actuelle.
Pour le reste l’Eglise grecque est le premier propriétaire foncier. Quant aux armateurs vous allez un peu vite en besogne… dès lors qu’ils sont résident, il y a des actifs sur place.
Pardon mais les crédits qui ont été octroyées après la crise étaient certainement beaucoup plus garantis que ceux octroyés entre 2004 et 2007 aux particuliers hypothécaires américains.
De même, la dette grecque reste beaucoup plus garantie que ne l’étaient les junk bonds titrisés dans les CDO.
Mort de rire.
Vous rendez-vous compte que vous vous frappez vous-même avec cette perche ?
Parce que bon , en supposant que « Le plan de relance a permis un rebond économique entre mars 2009 et août 2011. » (ce qui relève de la pure foi, de l’interprétation d’entrailles de statistiques…), alors ça veut dire qu’il n’a servi à rien
A Greg
Il est rare de lire un raisonnement soi-disant « fondé sur les détails techniques inhérents à la finance » qui soit autant truffé d’incohérences et de grossiers contre-sens. Je ne reviens pas sur l’attaque à propos de short-sellers, monsieur Pagifer y a très bien répondu (la position courte correspond toujours à une position longue en vis-à-vis, rien de bien maléfique là-dedans, simplement deux positions antagonistes sur l’évolution du marché).
Davantage sur le fond du raisonnement soi-disant en « économie réelle » : d’une part vous défendez que la Grèce ne fera pas défaut (on se demande d’ailleurs comment, vous mélangez allègrement la solidité des banques européennes avec celle de la Grèce, l’article de M. Pagifer montre bien l’extrême situation à laquelle est confrontée la Grèce — bref confusion totale entre le problème de la recapitalisation des banques européennes et du défaut de paiement) et d’autre part vous critiquez violemment les marchés quant à leur « attitude » vis-à-vis des titres grecs.
Mais alors mon pauvre ami, si la Grèce va aussi bien que vous le dîtes, pourquoi doit-elle demander du financement auprès des marchés ? Pourquoi accepte-t-elle d’emprunter à de tels taux ? (pour les taux supérieurs à 3 mois). Le gouvernement a beau être socialiste, il n’en est pas forcément complètement demeuré.
La vérité, c’est que la Grèce est dans une impasse complète et que les marchés ont parfaitement raison d’anticiper un défaut d’un pays qui ne pourra certainement pas rembourser sa dette.
Les autres intervenants n’ont pas manqué de mettre en pièce le reste de votre piètre argumentation, je ne reviens pas dessus.
A bon entendeur,
Sam
Le problème grec est simple : l’Etat providence. C’est d’ailleurs le même dans toute l’Europe, en Italie, en France, en GB, aux USA et en Allemagne.
Réduire l’Etat n’est pas la rigueur. C’est même tout le contraire. La libération des populations du poids des impôts, des réglementations, des fonctionnaires et de l’oligarchie étatique est la condition nécessaire et suffisante à la reprise économique, ce qui exclut évidemment tout plan de relance budgétaire.
Cette crise est la crise de l’Etat providentiel, dernier des collectivismes. Elle nous fait sortir du XXe siècle collectiviste, avec sa litanie de malheurs sans fin, pour entrer enfin dans le XXIe siècle libéral.
C’est justement le défaut d’Etat qui caractérise le problème grec, son incapacité à prélever l’impôt.
Vous ne regardez pas les faits qui structurent cette affaire ce qui vous fait basculer dans une forme « d’illumination idéologique » « libérale ».
Nous allons justement vers plus d’Etat en Grèce, tout comme en France où il va bien falloir d’une façon ou d’une autre combler le déficit public et parvenir à une stratégie de réduction de la dette, ce qui ne passera que par des augmentations d’impôts corrélés à une modernisation économe de l’Etat.
Ce qui me fait sourire est que vous galvaudez le terme de « libéral » tout autant que le gauchisme qui l’utilise à toutes les sauces pour le discréditer. En ce qui me concerne, je suis socialiste et très libéral sur le plan politique. Mais ne pas voir qu’il y a d’immenses problème dans le système économique pour dire qu’il ne faut pas le réguler découle à mon sens d’un manque d’analyse économique et sociale des situations techniques concrètes qui caractérise le système économique et surtout financier. C’est ne pas voir que les hommes sont, qu’ils le veuillent ou non, liés et nécessairement solidaires entre eux au sein de leur cadre de vie en commun. Qu’après il fasse que cette collectivité soit certainement modernisée et gérée de façon plus optimale, c’est, en France, indéniable.
Les suppléments d’impôts nous amèneront à 10 ou 15 millions de chômeurs sans aucun doute possible.
« Communauté gérée de façon optimale ». Mais c’est tout simplement impossible ! Vous êtes dans l’illusion constructiviste du surhomme qui serait capable d’organiser la société au mieux. Définitivement non ! Aucun fonctionnaire, aucun groupe de fonctionnaires, n’a la capacité à analyser l’ensemble des réactions et des effets que ses décisions entraînent. Seul le marché permet d’être à l’optimum. Ca ne veut pas dire que le marché ne doivent pas être arbitré de telle sorte qu’il soit légitime et juste (non violent), mais ça ne justifie aucune des interventions de l’Etat comme acteur économique (santé, retraites, éducation, industrie, etc.). L’Etat doit être réduit rapidement et strictement à ses fonctions régaliennes.
Votre remarque montre que vous n’avez pas compris à ce qui se passe en Grèce. Les négociateurs reprochent justement à l’Etat grec de n’avoir pas réduit sa taille et d’avoir uniquement fait le choix de la hausse des impôts. Mais ça ne marche pas. C’est uniquement parce que l’Etat grec reculera que la Grèce ne fera pas faillite.
Changez de siècle !
« Les suppléments d’impôts nous amèneront à 10 ou 15 millions de chômeurs sans aucun doute possible. »
/S’arrete de lire…
Une contribution sur les happy few gagnant plus de 250 000 € par an, donc une contribution qui serait assise sur ce qu’ils épargnent en fait et n’aurait aucunement alimenté l’économie, ne peut que relancer l’activité.
et puis il faudrait vous informer sur le nombre de chômeurs parce que je ne vois pas l’intérêt de débattre sur la base de chiffres totalement absurdes… Le « sans aucun doute possible » est savoureux…
Il fallait comprendre qu’il y aurait plus de chomeurs bien évidemment. Comment veux-tu que les entreprises embauchent et créent des emplois si on les taxe davantage sur les bénéfices?
Vous avez tort de vous arrêter de lire, vous pourriez au moins apprendre quelque chose qui permettrait de surmonter vos erreurs. Mais pour y arriver, il faut arrêter de poster des fariboles en rafale et prendre le temps de réfléchir un peu.
@ Tremendo. Je plaisante à peine. Comptez le nombre total des chômeurs (>5M toutes catégories France entière), ajoutez les inactifs hors invalides et étudiants (et encore, pas ceux en sociologie par exemple…) en âge de travailler, ainsi que les fonctionnaires en surnuméraire (en gros, la moitié des emplois publics), vous obtenez le véritable taux de chômage du pays, au sens de la perte de potentiel économique.
Tremendo, pouvez-vous me dire la réforme qui a mis en jeu l’IS cette année ?
Les mesures prises en Grèce sont des mesures frappant les ménages, parce qu’il y a 50% au moins de l’économie grecque qui est informelle. Vous voulez la résoudre la crise grecque ou quoi ?
Quant à la France, la seule mesure qui a affecté l’IS cette année, c’est la fin de bénéfices mondiaux et consolidés, qui concernait DEUX entreprises !!!
Concernant la France, récusez-vous la nécessité de réduire les « niches fiscales » ? Vous trouvez si terrible et anormal que quelqu’un qui gagne 250 000 € par an paye 7500€ de plus d’impôt ? Moi non. Les plus riches sont ceux qui ont le plus profité de la dernière décennie en terme de revenus, et c’est le contraire des plus pauvres, qui se sont plus appauvris. Trouvez-vous si coupable que l’on essaye de rééquilibrer la balance, un peu ? Moi non.
« je suis socialiste et très libéral sur le plan politique. »
Vous mentez. Vous vous mentez.
Libéral et socialiste, c’est très compatible, il y en a eu et il y en aura encore. Coluche créant les restau du coeur par exemple : il a une idée socialiste, il l’a met en œuvre comme un libéral avec ses propres moyens, ses potes et tous ceux qui le soutiennent de bon coeur.
Mais vous, vous ne parlez pas de ça. Vous parlez de relance économique, c’est à dire de fric volé à tout ceux qu’on peut dépouiller pour le distribuer à tout ceux qui prétendent faire mieux. Vous parler de pouvoir donner aux puissants aux commandes de l’état contre les gens qui forment la société. Détruire la société, c’est ce qu’on nomme « socialisme » dans la novlangue moderne.
Va falloir choisir ton camp, camarade : si tu est politiquement libéral, il va falloir changer de socialisme. Mais si tu veux rester « socialiste » (avec guillemets puisque, encore une fois, ton idéologie est opposée au socialisme) tu ne sera jamais qu’un autoritaire, pas libéral pour un sou et notamment pas sur le plan politique.
Excellent article. Merci pour ce décryptage !
Je tiens à relever une grosse erreur sur le fonctionnement des obligations tel que décrit dans l’article:
« Les emprunts d’État sont versés à maturation, c’est-à-dire lorsqu’ils arrivent à échéance. En souscrivant 100 euros à un emprunt d’État à 6% sur cinq ans, l’État en question s’engage à vous verser 106 euros au bout de cinq ans, rien entre-temps. »
C’est tout a fait inexact. Les coupons sont versé régulièrement (généralement annuellement à la date d’émission). Dans ce cas le coupon (ne pas confondre avec le rendement) versé aux investisseur est égal au taux d’intérêt nominal de 6%.
C’est le principe de l’intérêt composé.
A titre personnel j’ai arrêté ma lecture à ce niveau car cela rend caduque vos explications et jette un gros doute sur votre capacité à avoir un avis pertinent en matière économique.
Bien à vous
Cachez ce texte que je ne saurais lire!
Merci pour cette précision. Mais si vous aviez poursuivi votre lecture (ce que je suis à peu près sûr que vous avez fait, quoi que vous vous en défendiez) vous auriez vu que cette erreur ne change rien à l’affaire.
Bonjour,
Je reviens ici savourer avec mes contradicteurs le non défaut grec réalisé par l’accord de jeudi dernier qui, grâce au caractère volontaire d’une restructuration et re nantissement de dette par levier, a permis d’éviter un actionnent des CDS, ces fameux titres exotiques et spéculatifs sensés nous dire avec précision (haha !) la « probabilité d’un défaut ». ISDA, l’Association de régulation des marchés de swaps et dérivés, l’a confirmé et il n’y aura donc pas de Lehman grec, que les agences de notation ont pourtant voulu favoriser, trois an à peine avoir « loupé » le défaut des CDO contenant du crédit subprime (ces derniers étaient notés AAA quelques temps avant la catastrophe.
Les agences de notations, qui tentent de parler d’évènement de crédit, et tous ceux qui ont alimenté depuis août 2011 la panique et la fausse rumeur (ainsi que les shorts sellers) en sont pour leurs frais. Les agences de notation devraient être poursuivies pour avoir délibérément alimenté la panique par l’émission de décisions et de déclarations infondées, ou plutôt fondées sur une vision partiale et partielle de la réalité.
La réalité est que les européens étaient capables de se mettre autour d’une table et de trouver des solutions qui permettent de surmonter cette situation de crise.
Tout n’est pas réglé, et il faut que la Grèce poursuive ses réformes, et que les autres Etats en difficultés redressent leurs compte. Mais cela calmera pour longtemps les alimenteurs de paniques, aveugles aux réalités du logiciel européen, lorsque celui-ci sait être solidaire.
En revanche, le monde va probablement, au cours de la prochaine séquence, se pencher sur le cas des Etats fédérés américains, qui sont dans l’ensemble en situation bien plus problématique que les Etats européens. Les Etats-Unis sont frappés par une dette fédérale et fédérée beaucoup plus difficile à gérer que la dette européenne, avec une dette privée également pus élevée, et une épargne bien plus faible que les européens (particulièrement la France par exemple). Le déficit budgétaire américain couplé à son déficit commercial agrège une masse de dette colossale liés à ces déficits jumeaux que la séquence sur les dettes européennes, bien modeste en vérité en comparaison, n’a servi qu’à faire oublier quelque temps.
Encore faudrait-il que les Agences de notation aient envie de fourrer leur nez dedans, mais vu que S&P a eu quelques « problèmes » après avoir dégradé la note américaine « pour voir » (évènement qui a d’ailleurs déclenché le premier krack de cet été – entre les 25 juillet et 10 août – krack qui s’est opportunément et rapidement détourné sur la situation européenne…), on peut en douter…
Je reviens à nouveau confirmer ici 4 mois plus tard le fait que la thèse d’une surréaction des marchés au cours de la dernière séquences de crise européenne, fondée sur une exagération de la défiance à l’égard de l’UE, exagération orchestrés par quelques aigrefins de marché anlo-saxon, et suivi par les traditionnels moutons de panurge.
La séquence de rattrapage est en cours, et l’on va assister à un retour aux niveaux d’il y a un an. Un retour à la normale en quelque sorte.
L’article datant de Novembre, vous êtes 8 mois trop tôt pour crier victoire.
Du reste, vous disiez dans votre premier commentaire, je vous cite :
Et zut de zut, elle a fait défaut, tout ce qu’il y a de plus officiellement (déclenchement des CDS inclus). Le lecteur pourra en tirer les conclusions qu’il veut.