Harcèlement alimentaire

Le discours infantilisant des activistes anti-malbouffe qui s’autoproclament gardiens de notre santé a de quoi déclencher l’indignation

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Harcèlement alimentaire

Publié le 30 septembre 2011
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Le discours infantilisant des activistes anti-malbouffe qui s’autoproclament gardiens de notre santé a de quoi déclencher l’indignation.

Par Nathalie Elgrably-Lévy, depuis Montréal, Québec

Encore impensable il y a dix ans, l’idée de taxer la malbouffe est aujourd’hui sérieusement considérée comme outil pour prévenir et lutter contre l’obésité. Entre autres, la Coalition Poids exhorte le gouvernement à imposer le plus rapidement possible une taxe sur toute boisson dans laquelle du sucre a été ajouté. Évidemment, cette suggestion bénéficie de l’oreille attentive de nos élus en mal d’interventions et toujours disposés à protéger les gens contre eux-mêmes. Il ne serait donc pas surprenant qu’une pareille taxe soit un jour instaurée. Pourtant, le discours infantilisant des activistes anti-malbouffe qui s’autoproclament gardiens de notre santé a de quoi déclencher l’indignation.

D’abord, parce qu’il évacue le principe de responsabilité individuelle en laissant croire que chaque individu est la victime d’une industrie rapace et amorale. Vous souffrez de surcharge pondérale? C’est la faute aux méchantes multinationales qui obscurcissent votre jugement et vous empêchent de faire les bons choix alimentaires. Une taxe sur la malbouffe devrait vous remettre sur le droit chemin!

Ensuite, parce qu’il confère à l’État l’autorisation de fouiller dans nos assiettes, de gérer nos habitudes de vie et d’imposer ses règles, comme si nous étions des abrutis incapables de réfléchir par nous-mêmes. La guerre contre les calories, c’est le prolongement de l’idéologie collectiviste selon laquelle les comportements individuels sont l’affaire de tous et particulièrement de l’État.

Finalement, parce qu’il contient une dose d’hypocrisie insupportable. Entre autres, il omet de souligner que si bien des gens achètent des boissons sucrées, c’est en partie à cause de politiques étatiques qui augmentent artificiellement le prix du lait au point de le rendre inaccessible à certaines bourses. De 2001 à aujourd’hui, le prix minimum d’un litre de lait 3,25 % a augmenté de 63 % alors que, pendant la même période, l’inflation n’a été que de 22 %. Cette hausse est attribuable à deux facteurs : (1) la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec qui fixe le prix minimum du lait de consommation sans réellement se soucier de l’impact sur les habitudes de consommation des Québécois, et (2) la Commission canadienne du lait (CCL) qui impose un système de gestion de l’offre depuis une quarantaine d’années. Or, ce système vise à limiter délibérément la production de lait afin d’en faire augmenter le prix. Ce n’est pas tout : la CCL a également obtenu l’application de tarifs douaniers de l’ordre de 200 % à 300 % afin d’éviter que des produits étrangers ne viennent rivaliser avec la production locale.

Ainsi, des mesures gonflent le prix du lait et forcent les moins nantis à remplacer les produits laitiers par des boissons meilleur marché. Or, on n’entend pas les bien-pensants anti-malbouffe dénoncer ces pratiques. Ils pourraient contribuer à faire baisser le prix des produits de la ferme et à augmenter le pouvoir d’achat des Québécois en réclamant que l’État abandonne certaines de ses politiques. Au lieu de cela, ils consacrent leurs énergies à défendre une taxe sur les boissons sucrées, taxe qui appauvrira les consommateurs. Et on doit les croire quand ils prétendent vouloir nous aider à mieux manger?

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